MA ROQUINERIE

"laissez l'onde aller légère aux sources du souvenir...c'est là que se trouve le meilleur à venir" kb

jeudi, juin 30, 2005

Là-bas

Je me souviens du macadam qui arpentait mes semelles en longs mois gris. Aucune voix ne m'appelait jamais " ami ". En filigrane dans la foule j'allais et venais, aux premiers jours, à la guise des murs qui prenaient un malin plaisir à se tortiller pour me perdre toujours. Lorsque fatigué de jouer au fantôme je me laissais avaler par une bouche de métro avide, elle me vomissait quelques stations plus loin après un douloureux transit, aux pieds du macadam qui, reprenant son chant à l'écho de mes pas, amenait l'ombre de ma porte qui me prenait dans ses bras le moment d'un répit. Au fil des jours les rues me reconnaissaient. Des que je pointais mon nez elles accouraient à moi, faciles, paradant leurs murs qui dansaient des balcons où parfois un rire faisait semblant de ne pas me voir. Quand parfois la foule se faisait moins dense et que l'ombre du jour s'allongeait jusque sur les toits, la rue me ramenait à contre courant, d'un petit pas inquiet, une petite vieille marchant à reculons devant moi. A ses regards furtifs qui se jetaient sur moi d'un mouvement de tête, elle semblait, avec les pierres, être les seuls à me reconnaître. Une fois même, encouragé par la couleur d'une chevelure aux reflets de ma mère, je tendis la voix et la main vers l'une d'elle affamé d'une humaine chaleur. Elle se mit à hurler et pour la première fois sur les ombres grises qui rasaient les murs des yeux s'allumèrent. Leurs regards, qui me hantent encore, reflétèrent méchamment toute l'horreur de la différence. Le trottoir, ami, avait appris depuis ce jour à me les faire éviter, quand aux battements accélérés de mon cœur, il changeait de côté.
Ainsi allèrent mes jours, en esquive en silence et cent détours, jusqu'à l'heure de ce matin de juillet où le soleil tapi à l'horizon rassemblait ses forces pour enfiévrer la ville, lorsque la mer débarquant du train un ticket à la main et drapée de son plus beau bleu, ramena mon chez moi.

kb...ici

vendredi, juin 24, 2005

retraite



Jeudi dernier,15h30 dans la salle de réunion de notre direction. Un buffet est élégamment dressé. Toute une variété de plateaux de gâteaux et de différents jus, le tout coiffé d'une petite touche conviviale qui vient briser harmonieusement l'austérité habituelle de la salle par la présence pertinente de petits vases habilement fleuris, placés ça et là sur les tables.
les invités commencent à arriver par petits groupes, tous des collègues il va de soi, pour assister à ce petit pot d'adieu offert par une partie de ces mêmes collègues à quatre de nos vétérans au visage marqué par l'émotion et par les assauts du temps, complexe combinaison qui donne toute sa gravité et sa solennité à ce cérémonial maison.
L'ambiance très virile glissait petit à petit, à coups de claques sur le dos et de poignées "pinces à pression", vers les blagues potaches en attendant l'auguste présence du directoire.
Le taux de testostérone monte d'un cran par l'entrée en scène du secrétariat du directoire, tout en seins, poussant à craquer d'une démarche féline une robe moulante à vous démanger furieusement les mains d'une envie subite de pelotage.
D'un feulement étudié la tigresse annonce la présence imminente du lion...enfin c'est l'image que le directoire s'évertuait à entretenir dans l'imaginaire collectif de l'entreprise.
Pas énorme en fin de compte la tête pensante de l'entreprise, minuscule même comparé à son salaire empilé en liasses de billets de cent.
Quelques hyènes départementales en chef, aux dents plus pointues que leur profil, prennent la parole par la gorge, la bouche en cul de poule au blanc bec, pour assouvir un arrivisme démesuré et nous pomper un air déjà assez étriqué par le décolleté de la fauve, patronne des seins, par des formules usées, empestant la salle d'une odeur douce-amère de botte mal léchée.
La voix de son maître prend enfin une parole concupiscente, empruntant plus au sifflement qu'au rugissement, pour nous prouver à tous – les quatre mousquetaires déposant leur épée n'étant qu'un prétexte - son savoir faire discoureur. Pendant que la chefferie nous vantait dans une phraséologie à la hauteur de sa sincérité, ce qui veut dire au ras des pâquerettes naines, les innombrables vertus des futurs abonnés à la retraite mutualiste, la sous chefferie quant à elle nous jouait, de manière magistrale, la "béate attitude" à coups de mimiques digne de Marceau. Toutes les manifestations expressives de l'admiration servile défilaient sur leur visages devenus écran réflecteur de la 8ème merveille du monde. Dans le miroir de leur prunelles, le tribun devenait géant.
Finalement, à cours d'apostrophes, la rhétorique dirigeante s'englua rapidement dans le balbutiement et le euuuh de circonstance.
Ayant été désigné par les collègues pour prononcer l'allocution officielle témoignant le respect à nos futurs ex-collègues, je repris en mon sein, non sans avoir maté furieusement celui de la féline, la parole agonisante sur les lèvres du directoire. Apres l'avoir décrassée et revigoré d'un raclement de gorge je pris sur moi de redorer le blason, gravement terni, de la déesse parole.
C'est là que je me suis rendu compte que durant toute une carrière nous n'avons que très rarement l'occasion de parler devant un auditoire attentif à vos propos. C'est très impressionnant...tellement impressionnant que mes jambes en vinrent à trembler et que mon souffle en perdition ne trouva son salut que sur le promontoire aux pitons agressifs qui donnaient tout son titre de noblesse au poitrail de l'assistanat à la direction. Il était fichtrement bien assisté le chef...normal qu'il ne soit jamais en panne d'inspiration aussi branlante fut-elle.
Soutenu par ces flotteurs inespérés j'évitai donc de sombrer dans les eaux troubles du ridicule et ma foi, ne m'en sortis pas trop mal dans ma rhétorique improvisée. J'ai peut être l'air de bloguer comme ça(normal nous sommes dans un blog), mais je vous assure que l'émotion était vraiment là. Les gars qui partaient méritaient vraiment le respect. Ils avaient tous plus de 40 années de "boîte", consacrées à l'exécution minutieuse des missions leurs ayant été confiés. Ils partaient sans doute avec pas beaucoup d'argent en poche mais certainement avec un respect et une reconnaissance, inestimables, de la part de tous leurs collègues. Un respect arraché par les milliers d'heures de travail consacrées à l'édification du savoir faire de notre compagnie. Un respect et une estime qui sont en quelque sorte la "médaille" qui récompense ces années d'abnégation. Mais toute médaille à un revers et ces heures consacrées à leur tâche professionnelles, bien au delà du réglementaire, ont aussi été "volées" à leurs vies privées...et à ceux et celles qui les partagent avec eux...épouses et enfants. De ce fait ils ont contracté envers eux une dette éternelle. Une dette dont ils pourront, maintenant, s'acquitter largement, leur emploi du temps leur ayant été restitué. qu'ils en fassent bon usage.
Je tenais, à travers ce post, s'ils le lisent peut-être un jour, à leur réitérer encore une fois tout mon humble respect et le témoignage de mon amitié.
Abdel.... mohamed...houssine ..omar...que les vents de la liberté vous soient favorables pour mener à bon port tous vos voeux de bonheur.

Votre ami

Khalid benslimane

mercredi, juin 22, 2005

marrakech...au parler d'octobre




























Les soirs d'été flânants, harassés, le long de tes murs, m'envahissent langoureusement les sens de leur haleine cannelle, enivrant le souvenir cramoisi de mon regard où danse encore, en filigrane, l'ocre vaporeux de ton corps au rythme d'un tambourin... mon cœur.
Je me ferai conteur l'espace d'un instant magique, suspendu à tes lèvres aux fruits rouges de ma passion, murmure d'aube éternelle à la voix douce d'un muezzin.
Marrakech! J'ai laissé dans tes murs mon âme crucifiée aux mois rouges d'octobre que vient à peine apaiser la caresse livide d'un regard majestueux aux prunelles du Toubkal.

khalid benslimane

Le malandrin pourpre




A l’aube du temps
Il y a de cela bien longtemps...



La Naissance





En ce matin de gai printemps il s’en était vraiment fallu de peu que le joli pinson, harnaché de ses plus belles couleurs ne manqua d’avoir un sérieux haut le cœur. Alors qu’il pérorait tranquillement avec sa compagne qui roucoulait tout en douceur, il fut l’objet d’une grande frayeur. l’arbre par deux fois centenaire qui abritait leur bonheur à la sérénité précaire se trouva secoué, ébranlé, outré même par la chute d’un étrange fruit qu’il se défendait avec force de bruit d’avoir enfanté, rageant contre dame nature de l’avoir ainsi jeté en pâture au bon vouloir d’un génie désabusé ayant de son pouvoir fortement abusé.

L’étrange progéniture avait poussé en une seule nuit telle une pourriture étalant sa vile excroissance sur la commissure d’une lèvre pourpre, couleur dont se nourrissait l’horrible malfaisance. C’est ainsi qu’au lever du jour, participant sans le vouloir à la magie de ce tour, le soleil étonné de cette impromptue naissance, darda le fruit de sa chaleureuse présence, lequel, sous l’effet de l’émanation bienfaisante et attiré par la texture d’une terre accueillante, se détacha de la branche vaillante qui supporta toute la nuit les turpitudes insanes de sa naissance infâme. L’arbre ancestral hurla au drame, secouant ses feuilles qui tremblaient de peur devant son incommensurable et légitime fureur. Le vent Zéphyr, agréable et doux de nature, se mêla aux branches et vint surenchérir en gémissant la complainte du patriarche agonisant.

- « ô belle nature si souvent ingrate !
que ne m’aies tu point doté de ta sève agate
qui a pu nourrir de la pensée de mes rêves
l’immondice ayant pour corps cette horrible fève
».

Oui ! oui ! » répétait Zéphyr. « C’est elle ! c’est cette dame nature qui est à l’origine de votre torture », trouvant là un prétexte abject pour vilement se venger de la belle dame d’aspect, objet de ses langoureux soupirs, témoins d’un ardent et secret désir. Ayant tant de fois repoussé ses propos avancés, elle l’avait dans un lointain passé gravement offensé.

Oui ! oui ! » répétait-il.

- « Au lieu de veiller à l’harmonie du décor elle se vautre dans son lit d’aurore avec ce vent froid et joufflu qui ne sait rien d’autre faire sinon la pluie ».

Jamais un vent jaloux n’avait soufflé avec tant de haine une si insolente rengaine. Pourtant ça n’était point là son habitude d’utiliser un langage si rude. Mais allez donc comprendre la rancœur qui ronge de décrépitude les cœurs n’ayant pu satisfaire un élan qui se voulait sincère.

La chute du fruit innommable fut un événement mémorable. Jamais de mémoire céleste les cieux ne furent traversés par pareil lest dont la chute dantesque évoquait une horrible fresque. Les milliers de regards qui sur lui se posèrent, étaient tellement concentrés que l’air un moment ils figèrent par une étrange densification, ralentissant la fin inévitable du vol grotesque de cet avorton indésirable qui fit sensation. L’abomination battait désespérément l’air de sa forme au rouge pervers, essayant de se rattraper à la branche sectaire qu’elle prenait pour sa génitrice de mère. Celle ci, bien contente d’être débarrassée de ce poids qui l’avait tellement harassée, relevait ses feuilles avec un évident dégoût évitant ainsi le contact de ce rejet mou. Elle prouvait par ce geste plein de décence que sa pure et précieuse essence n’avait rien à voir avec cette putride naissance. La pauvre créature, après de vaines tentatives commentées d’injures, ne trouvant en ce monde d’autre salut plus sûr, se laissa choir sous l’emprise du désespoir vers sa nouvelle nourrice qui ferait tout pour que la semence pourrisse. Zéphyr continuait ses ritournelles rebelles augmentant la douleur de l’arbre bel.

je ne sais quel augure au pressentiment mauvais vient nous prédire la chose par votre sève larvée »

zéphyr mon ami de toujours jamais de mon temps jusqu’à ce tour je n’ai ressenti pareille peine telle que celle en ce jour coulant dans mes veines »

on voit que ça n’est là nullement votre œuvre, vous n’avez point l’habitude de ces viles manœuvres. C’est j’en suis sûr cette maudite pieuvre de dame nature que le vent roublard désœuvre. Je ne sais d’ailleurs comment elle fait pour supporter l’étreinte moite de ses méfaits »

je trouve votre conclusion hardie d’accuser la dame de perfidie. comment la parfaite beauté peut elle nous infliger d’autant de cruauté »

croyez moi je vous l’assure la beauté souvent se parjure et pêchant par un excès d’orgueil revêt parfois des couleurs de deuil ».

Se saisissant du rejeton en dansant, il virevolta dans le bosquet en tourbillonnant, exhibant le produit ironique de l’éclosion maléfique.

Regardez ! Observez le produit de la truie ! la belle dame nous a pondu un drille ! ne voyez vous pas son écarlate tunique qui témoigne de ses ébats lubriques ! »

Cesse donc Zéphyr ! » cria le pinson. «Tu vas nous faire encourir sa colère par tes paroles grossières. Laisse choir ce bourgeon retors ! la terre s’occupera bien de son sort ! ».


La Tempête




Comme si elle n’attendait que le chant du pinson pour se manifester, la dame sublime profita de cette occasion infime pour se dévoiler dans toute sa splendeur, précédée par la bourrasque du vent râleur qui envoya Zéphyr s’accrocher aux branches de l’arbre rageur.

Abandonné dans le tourment des airs la mauvaise graine tournoya sous le regard austère de l’arbre séculaire puis, subissant les lois de l’apesanteur, alla finalement se planter avec une obscène lenteur dans une terre à l’agréable senteur.
Habillée de sa robe de printemps qui sentait bon le chiendent, la dame au regard coloré s’adressa à Zéphyr de sa voix dorée :

vous allez vite en besogne vent aux relents de charogne ! Il faut être une tête forte pour oser me traiter de la sorte. Trop longtemps j’ai fermé les yeux sur vos commérages qui chagrinent les cieux par leur odieux ramage».

Le vent ciblé par cette critique répliqua de manière franchement épique.

voyez vous donc ! c’est moi qui suis traité de charogne !pendant que votre amant joufflu nuit et jour vous besogne et qu’à ces futiles ébats il sue et il grogne, sachez gente dame que de ce relent de charogne dont vous m’affublez sans vergogne, je débarrasse votre nature friponne dont l’écho des râles de votre luxure à nos oreilles sans cesse résonne».

Chargé d’une volontaire intention dénuée de tact, les paroles cinglantes du vent vibrèrent de leur impact. La dame nature blessée par l’allusion outrancière vît ses couleurs s’assombrir d’une teinte foncière . Elle se couvrit de nues épaisses chargées de son immense détresse et laissa son intime compagnon de son puissant souffle faire acte de réparation. Sa fureur déferla en ondes successives constituées par des éléments à la force subversive. Ainsi le feu l’eau et l’air s’associèrent dans cette colère pour s’en prendre au malheureux à la verve légère. Le bosquet tout entier essuya ce revers engendré par les dires d’un vent au langage très vert. Jamais auparavant le fabuleux sanctuaire qu’était ce paisible endroit de la terre ne ressembla de si près à l’enfer. l’air sous l’invective de la grogne du vent faisait tournoyer l’onde en multiples tourbillons qui prenant de la force se lançaient en giboulées féroces sur le pauvre zéphyr dont jaunissait le rire. Les éclairs, accompagnés par des grondements de tonnerre, zébraient la teinte assombrie de l’air augmentant d’une sinistre manière le surnaturel de l’affaire. L’étrange lueur émise par la folie des éléments arrivait jusqu’à la mer au bleu tourment provoqué par la soif de connaître le fameux auteur de ces troubles fauteurs. Curieuse de savoir ce qui se tramait là-haut l’eau aux reflets si beaux s’élevait en une série de vagues dont la blanche écume ravissait les algues, essayant d’intercepter d’un furtif regard quelques images de cette étrange bagarre. Hélas, l’onde retombait sans cesse se brisant sur la grève en un fracas de détresse faisant râler les roches noircies qui maudissaient cette fâcheuse manie qu’avait la mer à sauter pour assouvir de sa vision bleutée une curiosité réputée. Ce jour là, son vilain défaut exacerbé à l’extrême fit qu’elle s’éleva d’une hauteur suprême pour aller s’écraser plus loin que d’habitude sur le pauvre sable qui lézardait au soleil. Elle s’abattit sans crier gare sur le malheureux qui s’en trouva tout hagard par cet horrible fracas qui à ses oreilles causa tant de tracas. Le sable cinglé par cette lame glacée suffoqua et se mit à tousser. Il cracha par des milliers de trous un nuage d’embruns roux.

- « mais que vous arrive-t-il ma belle pour que vos flots se fassent rebelles ? »

la dame retira prestement son corps humide puis revint vers le sable d’une manière timide. Elle avançait et reculait ne sachant quoi dire à part quelques clapotis au délicieux murmure qui suffirent à calmer le sable à la dorée parure.

mais ne voyez vous pas ces étranges lueurs prédisant je ne sais quel malheur ? » finit elle par lui dire

- « que pouvons nous y faire ! la dame nature connaît son affaire. D’ailleurs j’ai oui dire qu’elle voyait d’un mauvais œil votre curieuse insistance de vous immiscer dans ses instances par vos vagues espionnes dont la hardiesse l’étonne »


- « qui à bien pu vous raconter pareilles sottises ! »

- « malgré mon inerte lenteur j’ai aussi quelques informateurs » répondit le sable moqueur

- « ça ne peut être que cette mauvaise herbe encrassée qui de ses racines ne cesse de vous caresser »assura l’onde blessée.

- « On vous a vu ma chère remontant le fleuve, trahie par votre bleue parure, jusqu’aux collines du bosquet à l’abondante verdure »

- « c’est j’en suis sûre cette roulure d’herbe coureuse qui étend ses mains en gerbes baladeuses sur toute nature sableuse »

- « jalouse ? » souffla le sable d’un embrun au reflet vert narguant ainsi la dame à la couleur de fer.

Vexée par le ton ironique de son éternel compagnon et par les jérémiades des rochers grognons, l’onde se retira très loin laissant apparaître les milliers de parasites qui sous son manteau bleu résident. Le sable, objet de leurs regards inquiets, se renfrogna et leur murmura tout bas

- « n’ayez crainte, elle boudera quelques heures et reviendra se frotter à moi pleine de bonheur».

Pendant ce temps le vent continuait en chantant à harceler le pauvre zéphyr qui de son souffle devait bien souffrir

- « cesse donc vent de malheur » criait-il ! «tu me donnes mal au cœur »

- « tant que tu n’implorera pas le pardon de la dame je veillerai à ce que l’enfer te damne »

- « mais quel pardon prêche tu donc ! celui du fort qui fait plier les faibles joncs ! serais tu par l’amour si aveuglé pour voir que le souffle par ta bouche meuglé devrait s’en prendre à ta compagne frivole de renom qui utilise sans scrupules ton unique talent d’étalon. C’est elle l’unique fautive, génitrice de cette excrétion maladive » .

Face à ces paroles rebelles le vent obnubila de plus belle. Son souffle persista pendant des heures tel le hurlement d’un dragon rageur. Ce n’est qu’à l’approche du soir, soulageant Zéphyr de son désespoir, que la dame nature habillée de reflets pâles héla son compagnon d’un râle :

- « allons ! oublies ce malappris ! je n’ai pour lui que du mépris. Nous avons encore tant de collines à faire fleurir. Ne gâche donc pas tes forces avec ce sbire. Les essaims de pollen attendent ton souffle de longue haleine pour fertiliser la terre et la parer de ses couleurs d’Eden ».

Lorsque la nuit à la voix feutrée couvrit de son manteau le bosquet outré, les effets savamment conjugués de la rosée nocturne et des rayons de lune apaisèrent quelque peu les tourments des événements diurnes.




La Goutte d'eau




Le matin suivant, l’aube qui eut vent du fâcheux événement par les racontars amers d’un vent solitaire arriva chargée d’amertume se faufilant derrière une épaisse brume. Elle s’arrêta un moment et contempla l’embryon. Choquée par la vue de cet étrange rebut, elle poussa un soupir réveillant zéphyr.

Serait il vraiment le père de cette misère » murmura-t-elle à l’intention du vent qui prenant les devants lui raconta en détail par les mots choisis d’un riche éventail les événements de la précédente bataille. Entendant leur murmures qui résonnaient comme un bourdonnement d’abeilles dans ses multiples oreilles, L’arbre aux couleurs vermeils encore ensommeillé secoua ses feuillets pour les réveiller.

debout vertes myriades !Faites reluire votre couleur de jade car la journée qui se présage promet d’être riche en bavardages.»

- «Auguste père qui est le notre»répondirent les feuilles indignées à l’apôtre « notre couleur a depuis longtemps revêtu la teinte carminée de l’autre. Celui qui n’est point encore nommé et que votre précieuse essence vient de cochonner»

A la véracité de ces mots l’arbre de la veille se remémora les maux. La douleur l’envahit alors comme une onde sauvage faisant trembler son abondant feuillage. La honte se mêlant à l’incompréhension faisait bouillir sa sève de multiples sentiments qui, n’arrivant pas à les définir se mit à sûrement les honnir. Il darda son multiple regard sur l’inattendu bâtard et à sa rutilante vue ne put refréner en lui une sensation nouvelle qui se manifesta par un sanglot rebelle. Le pleur se répercuta en une vibration mélodieuse de la cime de l’aïeul jusqu’à sa racine fouineuse, amenant les milliers de gouttelettes de rosée qui sur les feuilles se reposaient, à glisser d’une manière cadencée jusqu'à la plus basse branche recensée et là, à s’agglutiner en une énorme larme juste à l’aplomb de l’empourpré marasme. La goutte prenant de l’ampleur bascula sur le bas du rameau en pleurs. Tel un œil globuleux elle fixait de son regard unique la semence inique, s’étirant de plus en plus essayant de reconnaître le ruffian qui venait de naître. Mal lui en prit et de sa curiosité pour le nervi elle paya chèrement le prix. Emportée par son énorme poids et son étirement maladroit elle se détacha de l’ascendance de bois en un grand bruit de succion provoquant dans le voisinage une grande suspicion. Au fur et à mesure que sa chute l’approchait de son rougeoyant but, l’horreur dans son âme transparente augmentait de façon alarmante. Sa funeste destination se transforma en une gueule béante prête à gober la succulente offrande. Dans un gargouillement guttural la pauvre téméraire mesura toute la portée de la notion éphémère. A peine venait-elle de naître qu’elle se voyait disparaître dans les pourpres entrailles de la vorace graille. Affolé par cette scène le bosquet à l’unisson scanda sa peine indigné par l’ignominie de la flamboyante graine.

- « Mon dieu, mon dieu ! il boit l’eau par le haut » piailla la femelle pinson.

- « Ce répugnant végétal ne peut être que l’œuvre du mal !» rétorqua sur le même ton le mâle.

- « j’ai pourtant drainé toute l’eau de son périmètre afin qu’il ne puisse s’en repaître et que pourrisse son être » pleura la terre.
Le soleil qui venait de faire son apparition rappela les nues en protection pour lui cacher cette incongrue abjection.

- « Je ne veux en aucun cas lui servir d’encas par mes rayons nourriciers et participer sans me soucier à sa croissance de malfaisance » s’excusa-t-il auprès de l’assemblée friande de sa chaleur irradiante.

Les commérages allaient bon train se perdant en prévisions et tergiversations sans fin quant à l’avenir du grain...


© khalid benslimane
le malandrin pourpre (extrait)

lundi, juin 20, 2005

Notice d'emploi

Notice d'emploi

Composition (rien à voir avec une position con)

Acide kabéprofénique....................beaucoup
Testostérone...............................énormément
Humour.....................................de moins en moins (laroussi à tout pris)
Lamentations...............................hé ho..c'est pas l'mur ici

Présentation

Salve par dix textes cons primés non sécables (vous pouvez lécher l'écran si vous voulez)

Indications

Ce blog est indiqué chez l'adulte et l'enfant à partir de 2 kg (soit environ à partir de 8 mois)
- en traitement de longue durée dans :
- Flatulences du cortex cérébral
- Rire douloureux
- Constipation du bulbe rachidien
- Intoxication conséquente à une ingurgitation d'un programme 2M ou TVM
- en traitement de courte durée dans :
- connerie aiguë
- rictus chronique
- envies nocturnes (toutes sortes)
- cœur aigri
- rire jaune

contre-indications


ce blog ne doit pas être utilisé dans les cas suivants

- ne pas utiliser juste après une dose de chorfitude

- antécédent allergique à l'acide kabéprofénique ou à un de ses dérivés

en cas de tremblements spasmodiques du bulbe, arrêtez immédiatement le traitement et ingurgitez la une du Matin (de préférence celle du lundi). Les troubles disparaissent au bout de la dixième ligne.

- Glaucome (pour les rivés à l'écran)
- Prostate (il leur est fortement conseillé d'aller faire pipi entre deux posts )
- Chez la femme en période de rut: risque d'incendie si le siège n'est pas un modèle Ikea sn3240 (l'ignifuge)


kb...pharmablog

La gaule ottomane

Sarrazin

mon tout premier texte...qui me valu aussi ma place de chroniqueur chez ecrits-vains


Jusqu'à atteindre l'âge pubère où l'innocence vacille sous les assauts des pulsions hormonales, je croyais dur comme fer, ainsi que la majorité de mes petits camarades qui usaient consciencieusement en ma compagnie les bancs de l'école Anatole France de Casablanca, que nos ancêtres étaient gaulois.

Cette croyance était certainement fondée pour la communauté allochtone d'origine française du respectable établissement qui guidait nos pas vers les arcanes du savoir. Pour le reste de notre puérile et hétéroclite communauté, cette croyance démontrait un degré de naïveté faisant certainement l'apanage de la marmaille universelle à travers les âges et surtout, témoignait de la laïcité, scrupuleusement respectée, de l'enseignement qui nous était dispensé. Il faut dire que notre institutrice de l'époque, dont l'origine gauloise ne faisait aucun doute, mettait tant de cœur à nous transmettre sa connaissance de "l'Histoire" sans faire de distinguo de race, de couleur, de sexe ou d'appartenance religieuse, nous logeant à la même enseigne; celle de l'âge tendre. Nous fûmes d'abord tous des Sinanthropes ensuite des Cro-Magnons émergeants de leurs villages lacustres pour se transformer en gaulois et, au fur et à mesure qu'évoluait l'espèce humaine sous la voix de fée (et par voie de fait) de notre charmante enseignante, notre progression dans le domaine de la connaissance devenait pour nous une source d'évolution et de prise sur le monde, prémices d'une conscience objectivante incarnant l'éveil de notre "moi" embryonnaire.

Quelques poils pubiens et quelques leçons d'histoires plus tard, le vase de Soissons qui symbolisait l'homogénéité innocente de notre communauté infantile vola doublement en éclats. D'abord sous le coup de hache de Clovis qui marquait ainsi l'avènement des Francs et la scission de notre entité culturelle, ensuite sous les coups de marteau de Charles Martel qui tout en repoussant l'invasion arabe à Poitiers ancrait en même temps notre future identité biculturelle. C'est ainsi que les petits gaulois que nous étions se scindèrent donc en Francs et Sarrasins.

Il faut dire que cette mutation ou plutôt ce réveil ne fut pas trop brutal. Le "choc culturel" n'en était pas vraiment un car chacun d'entre nous soupçonnait déjà, quoique de manière imprécise, les différences raciales mais non ethniques de l'autre. Nuance non négligeable qui évitait une exclusion réciproque en conservant intacte notre alter-égalité dans cette dimension universelle qu'est le monde de l'enfance. Rassurés par la certitude d'une origine qui expliquait les différences pressenties, chacun d'entre nous commençait à accepter sa "Marocanité" ou sa "Francité" non pas en tant que fatalité ni en tant que bénédiction, mais en tant qu'opportunité de pouvoir accéder à un répertoire culturel doublement enrichi et surtout préservé, le temps nécessaire à l'assimilation de cette "biculture", des préjugés viciés du monde adulte. De cette époque, qu'il nous plaisait à appeler tendrement la "Gaule Ottomane", nous avons gardé une lueur dans le regard, une attitude dans le comportement et une ouverture dans l'esprit, stigmates d'une ubiquité à percevoir doublement les choses, résumant ainsi une dualité assimilée dans laquelle on évoluait avec aisance et qui, tantôt attirait tantôt rendait mal à l'aise les "unicultivés".

Ce n'est que beaucoup de poils pubiens et de leçons de vie plus tard que je mesurais toute la portée dramatique de l'expression "choc culturel" lorsque assis sur un rocher du détroit je contemplais les côtes espagnoles en même temps qu'un jeune homme assis à quelques mètres de moi, et dont le regard scrutateur d'un "harrag" (1) potentiel me rappelait celui des gerfauts chantés par José Maria De Hérédia dans son ode aux conquérants. Il émanait de ses pensées perdues une aura de désespoir obnubilant sa vision uniculturellement restreinte au point de faire miroiter les sombres reliefs ibériques, contreforts de ses "châteaux en Espagne", comme une destination salutaire, rêve chimérique d'un Eldorado retrouvé. Il était loin de se douter qu'il rêvait d'une Gaule, certainement pas Ottomane, cloîtrée dans une "uniculture" parallèle et qui par peur de se voir ottomanisée avait troqué le marteau de Charles Martel contre les patrouilleurs de la guardia civil qui sillonnaient les eaux froides du détroit, funeste destination de ces conquistadores des temps modernes.

(1) "harrag" Nom populaire donné à un candidat à l'émigration clandestine. Traduit littéralement ce mot signifie "brûleur"


© Khalid Benslimane

samedi, juin 18, 2005

Les chants du monde

(une petite rediffusion en attendant ce temps qui manque)

1.

il y eut d'abord l'eau
ensuite le vent
carressant l'onde
à lui rider la peau
pour enfanter le ciel
sans couleur
sans douleur
un ballon en hommage
offrande des étoiles
s'accrocha au ciel
on l'appela soleil...




2.
aux rayons d'un ballon qui se dégonfle
aspiré en cinabre par la mer
le ciel s'ébroue des cendres du jour
soudain
il plut la terre

3.

la pluie à laissé un grand trou dans le ciel
noir
le jour, effrayé
s’enfuit sous les paupières de l’horizon
maudissant celle que la lune
venue on ne sait d’où
appela « nuit »





4.

ourlée de jour
l’aube se lève
comme le voile d’un rêve
découvre les montagnes
sombres lèvres
et amas de cendres
qui soupirent la vie


5.

puis vint l’arbre
frère des montagnes, et du temps
plantant ses racines dans le ventre de sa mère
il tend ses bras suppliant
la clémence du père
azur
qui s’étire à l’infini



6.

Puis vint ton regard
mirroir de l'infini
c'est là que je suis né



kb

vendredi, juin 17, 2005

Souvenirs d'Asilah

Asilah, vue extérieure des remparts

Il est des instants magiques que notre esprit captive jalousement et pour toujours pour en faire un feu de bois qui illumine nos instants de tristesse.
Je me souviendrai toujours du regard de mon oncle, pêcheur de son métier, lorsque je l'accompagnais sur sa grande barque à moteur. Il devenait plein de vie…plein de tendresse, communiquant, comme une fièvre contagieuse, son amour de la mer.
Je me rappelle de ce jour d'été comme si c'était encore hier. On avait laissé filer les filins à moins d'un mile au large d'Asilah, juste au dessus du banc de corail. la pêche s'annonçait bonne et on avait déjà en une heure à peine remonté plusieurs gros pagres. Le soleil qui se couchait sur une mer d'huile était magnifique. La barque ne bougeait que par nos mouvements silencieux de va et vient d'un bord à l'autre pour remonter ou laisser glisser un filin. Mon oncle était myope et portait des lunettes à monture d'écaille avec de gros verres. Je regardais le disque flamboyant d'un rouge vif descendre majestueusement vers l'eau.


- "c'est merveilleux" dis-je.
Mon oncle suivi mon regard sans rien dire
-"tu le vois au moins" ajoutai-je bêtement pour m'assurer qu'il était en mesure de saisir la beauté de l'instant.
il se mit à rire. Je me souviendrai toujours de ce rire qui lui sortait du fond de l'âme parfumée de varech.
- je sais que je suis myope…mais pas aveugle au point de ne pas voir ce beau soleil!
Et il repartit à rire de plus belle
- sacré khalid répéta-t-il plusieurs fois…


je le regardais rire en riant moi même, et je ne sais pas pourquoi j'eus cette pensée ou amour et peur se mêlaient de manière étrange. Tu ne dois pas mourir me dis-je! Non pas encore nous avons encore tant besoin de toi…


il est mort cette même année à l'âge de soixante deux ans.


Khalid Benslimane

vue des remparts


Vue de l'intérieur des remparts

Tanger le soir

Mosquée de sidi bouabaïd, pres du grand socco

De la mer s'élevaient, en embruns parfumés de varech, les premiers reflets d'un crépuscule livide.
C'était l'heure où la ville baissait la voix pour me murmurer quelques bribes de fastueux souvenirs, à travers chaque fissure de ses murs crépis par la sensuelle caresse du regard des hommes.
C'était l'heure où, l'ombre de Paul Bowles planait sur le café de la plage en odeurs de girofles et de jasmin et où le ciel reflétait le regard enflammé d'un Matisse ou d'un Delacroix.


C'était enfin l'heure où, je me sentais libre d'errer dans mes souvenirs collés en affiches défraîchies sur les murs peints à la chaux. Des recoins de chacune de leurs craquelures, s'écoulait suavement le nectar de ces délicieux moments, emprisonnés à jamais dans la pierre, mosaïque d'un rêve éveillé. Grisé par leurs odeurs, je déambulais l'allure fière de fouler ces pavés tant aimés. Ils me transportaient délicatement vers la plage, où tous ces souvenirs venaient perpétuellement s'étaler en vagues grisantes d'une nostalgie douce-amère.
L'ombre naissante enfantait un corps recroquevillé sur le sable humide de la grève. A quelques mètres à peine, une autre âme échouée sur le sable grelotte les mains entre les genoux, faisant vibrer l'air de la complainte silencieuse de ces enfants du sable.


Leur nombre augmentait de jour en jour sur les plages du détroit, où venaient s'échouer leurs rêves chimériques d'un lendemain meilleur, au delà de l'espoir aux couleurs de brume.


Je regardai le ciel. L'ombre du soir montait à l'assaut de la lumière fatiguée d'un jour agonisant, lacérant de griffes noires son manteau doré. Je regardais disparaître dans le firmament taché d'un sang aux reflets mauves, l'âme du jour en nuées d'oiseaux. Dans un dernier râle, le jour s'en fut. La nuit soupirait, par l'appel des muezzins, sa perpétuelle victoire sur les collines fleuries de petites maisons lilas…


J'aimerai toujours Tanger le soir…


Khalid Benslimane

Casablanca "by Night"



Dix neuf heures trente, une soirée d'automne. La lumière écrasante à fait place à cette tendre vibration de l'air, lorsque le tremblement d'une feuille raconte l'éternelle histoire du vent. La nuit se pare du parfum bon marché des premières filles de joie que les taxis carminés et toussotants d'avoir couru toute la journée, déversent par flots réguliers sur le boulevard de la corniche. Sous les halos de lumière blafarde, les embruns de la mer accourent pour les renifler et exsuder le ressac des vagues en un râle de plaisir chargé d'une haleine d'algues, grisant les premiers promeneurs en quête d'une suspension du temps loin du cœur battant de la cité blanche et de ses tracas. De temps à autre un rire ou une voix résonnent à ma hauteur puis s'éloignent à petits pas, me livrant au silence feutré de ma promenade nocturne. Toute chose qui m'entoure devient plus intimement présente dans la douce chaleur qui s'étire paresseusement avant les premiers frimas. La mer, engourdie et immense, s'assoupit un instant avant d'être réveillée brusquement par le vol criard d'une poule d'eau audacieuse qu'elle fustige d'un crachat d'écume blanchâtre. Mes pensées vagabondent au dessus des vagues, rasant l'onde au rythme de ses ailes qui dissolvent en un battement les nuages, les lumières et les maisons de Sidi Abderahmane, bizarrement réduits à un vague gribouillis aqueux.
Une voix douce résonne d'un "bonsoir"…et la mer se retire, farouche, dans la brume, rétractant mes pensées qui rampaient au gré des vagues, décrassant d'une brise légère les formes vacillantes qui se dissolvaient dans l'eau. Je me retourne pour répondre d'un sourire à l'onde qui s'engouffre dans la volupté de ton regard et l'on s'éloigne sans mot dire laissant la nuit, réveillée par les battements de nos cœurs sincères, recouvrir la ville de son manteau de brume. Seul , le minaret de la grande mosquée demeure.

Khalid Benslimane
janvier 2004

Crépuscule



la vague et l'aile mêlées
à l'heure des incandescences étoilées
déliant de mon moi les paupières
et ma vie qui me suit loin derrière
mon regard ne se connaît pas
posé sur chaque chose
comme un papillon au baiser éphémère
éternellement épris de ce monde
qui me survivra...


Khalid Benslimane

jeudi, juin 16, 2005

L'épave



L’épave

Roulent les vagues dans mon cœur
Chanson d’écume et de douleur
Elles hurlent dans ma tête
Coquillage blanc
Délavant le soleil
Au rythme du temps

Voguent sur mon corps les souvenirs
De tes caresses au goût du vent
Accrochant à ma peau
des cieux salés
A fleur d'eau

une petite goutte
une toute petite goutte d'amour
verte bouteille
et assouvi je m'en irai
épave jusqu'à la lie
au fond des eaux où tu sommeilles
kb
juin 2004

mardi, juin 14, 2005

Le "Hâl" ou la transe cabalistique du phénomène "El-Ghiwan"

La formation mythique dans les années 70


mon article tel que paru dans le numéro 4 de la revue Ougarit : http://www.ougarit.org/revufr4.htm


Les styles de musique surgissent du plus profond de nos êtres, là où le legs ancestral de l’expression collective se mélange aux effluves de l’expérience individuelle et de sa perception environnementale résonnante sur les cordes sensibles de notre entité interne.

De ce point de vue, la musique nord-africaine après avoir survécu à la colonisation et à l’appauvrissement retrouve toute sa vigueur grâce à l'expression véhémente des opprimés et offre une palette musicale d'une grande richesse. C'est ainsi que les " Imazighen " (berbères) qui peuplent les montagnes, de l’atlas marocain aux confins de la Kabylie algérienne, détiennent le patrimoine musical le plus ancien de toute l’Afrique " blanche ". Dans ces régions, même le " GNAWA "[1] à cessé d’être une musique d’esclaves noirs arrachés du " Blad’soudan " (pays du nègre), pour constituer, principalement au Maroc, un corps à part entière de ce patrimoine, au même titre que le genre dénommé " andaloussi-maghrebi "[2] [intégrant les deux nuances " Andaloussi " et " Gharnati "], qui constitue l’héritage culturel le plus probant d’Al-Andalus , l’Espagne Hispano-musulmane.

Alors que ce dernier genre musical, pratiqué par l’aristocratie et la bourgeoisie citadine, est synonyme de raffinement puisque il s'appuie sur l’érudition et la haute maîtrise des règles fondamentales régissant cet art, les autres genres cantonnés dans un paysage rural pauvre, enclavé et quasiment analphabète demeurent l’unique moyen de préserver une identité culturelle ancestrale. Longtemps dépréciés et marginalisés par l’hégémonie de la classe dominante arabe, ils continuent à se perpétrer dans une pure tradition orale. Entre ces deux genres s'est développé au Maroc, juste après l’indépendance et jusque dans le milieu des années quatre vingt , un genre "contemporain" (al-âasri). Ce genre hybride s'est nourri d’un " chant " patriotique au relent de " marche militaire" et du grand classique Arabe, alors en pleine apogée à travers les grandes voix égyptiennes d’Oum Kaltoum, de Mohammed abdelouaheb et de bien d’autres encore, s'est petit à petit détaché du terreau " nationaliste " pour sombrer de plus en plus dans un mimétisme culturel véhiculé par la mode médiatique de l'époque, qui acculait tout artiste ambitieux à un terrible choix : soit d'être Egyptien pour éventuellement réussir son entreprise artistique soit copier l'autre sans pour autant y parvenir.
Les années soixante dix furent certainement pour le droit à l’expression culturelle et politique au Maroc, la période la plus néfaste et , paradoxalement, la plus riche en volonté créatrice. Elles virent l'avènement d'une nouvelle conception artistique et idéologique, caractéristique de cette époque, qui tendait à engager le jeune marocain dans une voie socioculturelle s’appuyant sur un choix rythmique, théâtral, pictural et social moderne, où la connivence linguistique joue un rôle capital.
Alors que la chanson marocaine "al-âasrya" (contemporaine), médiatisée, s’essouffle dans une voie sacrifiant la création artistique pure à l’opportunisme étatisé (pour être médiatisé certains artistes deviennent fonctionnaires de l’état) sous le regard drastique d’un ministère de l’intérieur qui " balise " les goûts en matière d’art, l’avènement d’une jeune formation : " Nass El Ghiwan " (les gens du ghiwan) vient bouleverser la donne musicale marocaine.

Comme tous ceux de ma génération j’ai découvert, éberlué, à la télévision ces jeunes garçons mi-Beatles mi-Derviches qui reprenaient les apophtegmes, dignes de la cabale, d’Abderrahman El Mejdoub[3] dans un style musical séduisant. Le style folklorique étriqué et figé volait en éclat, et ouvrait la voie à un art contemporain à part entière. Cet art contemporain, parce que nourri de notre tradition orale, nous réconciliait avec une musique séculaire. Soudain réinvestie dans un style approprié à l'esthétique et à la sensibilité de notre époque cette musique, qui ne reniait ni ses racines ni les nouveaux apports mélodiques venus d'ailleurs, nous touchaient profondément. Le nom même du groupe ne fût pas choisi au hasard. Etre un "Ghiwan" c'est d’abord une coutume ancestrale qui permet à des gens reconnus pour leur probité et leur faculté de décrire avec simplicité le quotidien de la vie et les maux des gens, à travers les mots et la gestuelle. Ces chantres et troubadours transmettaient, de douar en douar, leur sagesse grâce aux seuls moyens en leur possession : le théâtre sous forme de la "hâlqa"[4] et la chanson.

Etre un " Ghiwan " c'est aussi l'histoire d'un pari qui s’engagea au début des années soixante dans le quartier "hay al mohammadi " de Casablanca, vivier du mouvement contestataire marocain dans les " années de plomb ". Cinq garçons, tous originaires de quartiers déshérités (Omar Sayed et Boujemâa -dit Boujemiî (mort en 1974)- habitaient Derb Moulay Cherif, Larbi Batma (mort également en 1997) était issu du " kariane Jdid ") vont y développer le style qui viendra révolutionner le domaine artistique marocain. cette proximité culturelle et affective allait être le ciment du groupe. Ils débutent leur carrière dans la maison des jeunes du Hay, non loin du café Essaâda (que Larbi Batma évoque comme le fief de la formation dans son autobiographie "arrahil"). Ils rejoignent ensuite la troupe théâtrale de Tayeb Saddiki[5]. L'idée de départ était simple : il fallait se réapproprier le patrimoine culturel pour créer des textes portant sur des questions de société. Fortement influencés par Tayeb Saddiki, un précurseur dans ce domaine, ils se mirent à écrire des textes "engagés" dépassant le cadre local. Sur le plan musical, le groupe composé de cinq membres s'est révélé rapidement plus efficient qu'un orchestre pléthorique et, disons-le, franchement passif. De même, les phrases musicales sont simples et faciles à répéter, car elles se réfèrent à des schémas connus du public. Ils ont fait la synthèse musicale entre le style 'arûbi (campagnard) de Boujmiî et le gnâwi d'Abderrahman Kirouj (dit Paco) ; le tout associé à des rythmes vigoureux invitant à la transe salvatrice. Nass El Ghiwan retrouvent ainsi le chemin du mysticisme tragique et révolté, exaltent le souvenir et forcent l'inspiration à partir de la " hadra " et du " hâl "[6], un hâl désacralisé et porté en-dehors de la " zaouia "[7] vers la scène afin d'embrasser d'autres thèmes sociaux et politiques.

Leur processus contradictoire qui, tout en intégrant la musique populaire, sait s'en démarquer, a eu pour conséquence l'amalgame des thèmes, des combinaisons rythmiques et mélodiques, et surtout la réunion d'instruments venus de traditions différentes : on n'avait jamais vu auparavant le guenbri gnawi[8] côtoyer le harraz hamdûshi[9], la tbila[10] des 'Aïssawa[11], le bendir[12] des chanteurs populaires, et même le banjo ou la mandoline au son métallique, instrument caractéritique de la musique arabo-andalouse. La mélodie puise aussi bien dans le melhoun[13] ou dans le répertoire profane de la campagne que dans les chants des confréries. Cependant, on remarque une nette attirance de Nass El Ghiwane vers les gnawa et les dikr 'aïssawa . Le melhoun est surtout sollicité dans les chansons s'inspirant soit d'un personnage populaire (tel Sidi Qaddûr Al Alami), soit d'un thème pouvant être réinterprété dans le présent (A sbhân Allah d'Al-muwaqqit), soit des quatrains du soufi itinérant, Sidi Abderrahmân al-Majdûb.
Comme tous ceux de ma génération j’ai vibré au son de leur mélodies. Au delà du rythme et au delà des paroles, ces chansons réveillaient en nous quelque chose de profond. Une réminiscence ancestrale nous faisait glisser, tantôt avec douceur tantôt avec frénésie, dans les brumes d’une une transe cabalistique (hâl) où chaque mot, porté par les basses vibrantes du " genbri", retrouvait toute sa dimension spirituelle en puisant dans le mysticisme, et où le chant guerrier se mêlait aux lamentations pour nous transporter dans des dimensions d’une mémoire collective séculaire jamais atteinte.

Le langage employé rappelait étrangement le langage médiéval appelé "langage des oiseaux" autrefois utilisé dans les textes traditionnels et les ouvrages alchimiques de la France médiévale et qui fût reprit par la cabale. Langage secret réservé à la véritable élite de tous les temps, celle des érudits et non des possédants. C'est ce langage même qui fut perpétué par les trouvères et les ménestrels( à l’image de nos " ghiwan ") qui, allant de château en château, transmettaient les vérités à qui était apte à les comprendre. En cela il englobait harmonieusement les principes de la cabale et ceux du soufisme. Ce langage ouvre en nous des espaces qui résonnent bien au delà de ce qui raisonne; des espaces qui redonnent aux mots le souffle qui de part en part les traverse.

Nass el ghiwan étaient des contestataires et avaient su instinctivement, par leur talent à l’état brut, transmettre leur message à travers ce langage à double regard qui évitait la censure despotique des années soixante dix pour dénoncer un état corrompu et nous faire entrevoir une identité culturelle authentique. Une identité dans laquelle récuser l’existence d’une orientation surnaturelle des actions prescrites par la religion reviendrait à considérer celle-ci comme un juridisme ritualiste. Ils nous on fait entrevoir la fraternité en remettant en cause la sacralité par le sang dont se nourrissait le féodalisme.

En regardantt dernièrement dans une émission télévisée qui rendait un hommage tardif à ce qui restait de cette formation mythique [que Martín Scorsese, le producteur américain, a décrite comme les Rolling Stones de l'Afrique], je ne pus m’empêcher de penser tristement que le Maroc à été privé d’une révolution culturelle cruciale à son émancipation. Je ne pus m’empêcher de me rappeler que des choses graves se sont passées dans les années soixante dix , période où la brutalité policière a contraint les intellectuels à battre en retraite, à ne plus se mêler de la chose publique.

Nass el ghiwan et leur transe mystique demeureront le symbole vivant de cette lueur d’espoir emblématique, entrevue à un moment par tous.

Khalid benslimane
Casablanca le 29 mai 2004
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Notes de bas de page
[1] Style Gnawi: Au Maroc la confrérie des Gnawa s'est constituée a partir de populations originaires d'Afrique Noire, principalement des esclaves et leurs descendants. A l'époque des sultans Moulay Ismail (1672-1727) a Meknes et Moulay Abdellah (1757-1790) a Essaouira, les Gnawa ont été déportés en tant qu'esclaves de leurs terres d'origine, l'ex-Soudan occidental (Mali, Guinée, Ghana), pour constituer la garde noire chérifienne. Les Gnawa associent musique et guérison pendant leurs nuits rituelles (Lila) de transe. La musique est rythmique, les paroles sont inspirées des saints de l'islam et des cultes de l'Afrique.

[2] " al-andaloussi-maghrebi " appelé aussi " tarab al-andaloussi " doit son origine à Ziryab, grand maître de l’école arabo-andalouse . Il est à Bagdad le disciple d’Ishaq al Mawali , maître de l’école des " udistes " (luthistes) . Devenant meilleur que son maître, Ziryab est contraint de quitter Bagdad, il se retrouve à Cordoue en 822 .Il est un musicien extraordinaire mais aussi un grand lettré, un astronome et un géographe. Il a amené avec lui la grande tradition des udistes en Al-Andalus . Il a inventé avant tout le système des noubas qui a déterminé les formes, les genres et les modes pratiqués encore de nos jours. Cette musique a ses caractéristiques propres qu’elle a développé au cours des siècles .
On l’appelle aussi " Al-Ala " ou " tarab al-Ala ", elle représente la musique classique profane .
La musique arabo-andalouse a été amenée au Maroc après la chute des arabes en Andalousie . Elle s’est implanté principalement à Fès, Tétouan, Rabat et Oujda. On l’appelle soit " fassiya " ( originaire de Fès) soit " tetouanniyya " ( originaire de Tétouan) .
A Rabat et Oujda a surtout été développé un style dit " Gharnati " , en hommage à la ville de Grenade, dernier bastion de la présence arabe en Andalousie . Gharnati signifie littéralement extase grenadine, ce style est caractérisé par la prépondérance des instruments à cordes pincées : on y rencontre la mandoline et le banjo

[3] Abderrahman El Mejdoub : poète soufi populaire du XVIe siècle (mort en 1565) dont l’œuvre orale continue, malgré toute cette distance temporelle à être présente dans la vie quotidienne des peuples marocain et maghrébin.
Comme beaucoup de célébrités maghrébines, comme pour Ibn Khaldoun par exemple, El Mejdoub est aussi un de ces héros que chaque pays du Maghreb revendique et qui, par l'instabilité de leur vie, leur errance au hasard des pouvoirs, des exactions ou simplement par goût de l'aventure et de la connaissance ont livré à chaque portion de la terre maghrébine un legs qu'elle conserve comme partie constitutive de son patrimoine. Une personnalité comme celle de Mejdoub, démontre bien une communauté linguistique, psychologique et culturelle dont les peuples maghrébins sont conscients et qui s'impose assurément lorsqu'on aborde ces problèmes avec le sens critique nécessaire, avec l'esprit refondateur des sciences humaines coloniales. Ainsi, Si Mejdoub est né à Tit, sur la bordure du Maroc Atlantique, entre El Jadida et Azemmour, si la langue où ont été conçus ses quatrains a été influencée par le dialecte arabe algérien, s'il a passé une partie de sa vie en Tunisie et en Algérie, nous voyons largement qu'un souffle commun a traversé le Maghreb, que ce sont les réalités maghrébines dans leur ensemble qui sont concernées, passées au filtre d'un esprit et d'une psychologie exceptionnels et transmis. L’œuvre de Mejdoub a nourri les langues populaires maghrébines d'un certain nombre de proverbes, de tournures, de mots et de formes. Mais comme toute œuvre de cette facture, ne comptant que sur la mémoire pour sa transmission et sa sauvegarde, elle s'exposait à la dilution, à la perte de son identité.

[4] halqa : troupes qui se donnent en spectacle sur les places publiques où ils forment leur "cercle" de spectateurs (hâlqa), à côté d'autres cercles, de charmeurs de serpents, conteurs, devins, acrobates. Marrakech et sa place Jama lfna perpétue toujours cette tradition.

[5] Tayeb Saddiki : Monstre sacré du théâtre marocain. Il a redonné une dimension d'actualité à ce poète maghrébin authentique qu’était Abderrahmane Al Majdoub dont l’œuvre sauvée partiellement grâce à quelques recueils et monographies était tombée dans l'usage de consommation anonyme.

[6] hadra et hâl : l’hadra est en général une veillée mystique qui consiste par la transe à exorciser les possédés au moyen d’une musique à la vibration puissante qui résonnait jusque dans le fond de l’âme et ce à l’aide du gembri gnawi ou de l’allun. l’Hâl (traduit littéralement veut dire " état ")étant ce moment charnière qui précédait la transe et où l’être bascule du conscient vers l’inconscient mystique de la transe libératrice.

[7] zaouia : La Zaouïa, dans toutes les terres islamiques, est le lieu de refuge, l'asile sacré où le pauvre comme le riche trouve sur sa route la nourriture et le repos. Paye qui peut. La communauté vit des dons et des aumônes du passant et aussi des biens de l'orphelin dont elle se fait la tutrice lorsque la justice l'ordonne. L'hospitalité de la Zaouïa est forcément limitée pour éviter l'encombrement, mais elle est inépuisable. Elle est parfois une communauté puissante et empreinte de justice et d’équité retranchée dans une forteresse.

[8] guenbri gnawi : Instrument à trois cordes à son grave en forme de demi-tronc d’arbre avec un manche carractéristique des gnawa d’origine noire-africaine.

[9] harraz hamdouchi : un grand tambour à cadre contenant deux cordes à l’intérieur qui lui procuraient une résonnance particulière

[10] tbila : genre de petit tam tam

[11] aissawia : La confrérie Aïssawa, fondée par le saint Sidi M'hammed Ben Aïssa, dont le tombeau se trouve à Meknès, fait partie des ordres mystiques donnant à la musique un rôle spirituel éminent.

[12] bendir : tambour à cadre porté d’une main et battu de l’autre produisant de fortes vibrations

[13] Le Melhoun, à l'origine pure création littéraire, s'est imposé comme un art poétique aujourd'hui connu au Maroc sous le nom de Qassida du zajal. Associé à la musique, le Melhoun s'est très vite propagé à travers le pays où il a acquis une notoriété inégalable, particulièrement auprès des travailleurs et des artisans.

Laïcité affriolante

« La laïcité veut tout simplement dire : liberté à chacun de pratiquer sa religion dans un Etat. (…) Le Maroc est un pays à majorité islamique, mais cela ne veut en aucun cas dire que l'on peut forcer les citoyens à telle ou telle pratique. C'est ainsi que nous comprenons la laïcité. Il n'y a donc aucun danger à dire qu'il faudrait arriver à une certaine séparation ».
M. Laenser


Nos ténors politiques sont-ils en train de s’approprier cette notion catalysante de la modernité ?

Il est vrai que nous sommes en mesure de nous poser cette question, surtout après cette sortie médiatique de monsieur Laensar (ministre de l'agriculture)à qui, je l'avoues, je ne connaissais pas du tout ce côté "intellectuel" de basse cour, fonction ministérielle oblige.

Voilà donc. C'est clair, net et sans embages. L'état, fort de l'expérience de son ministère dans la gestion du cheptel toutes catégories confondues, s'est exprimé quasi officiellement sur la chose. Il faut s'attendre à ce que les autres dindons aux portefeuilles ministériels biens garnis suivent sur le même ton, accordant des vertus que l'on ne soupçonnait même pas à ce dépoussiérant du Maroc de demain. Normal me direz-vous. Ne sont-ils pas payés pour entretenir l'illusion d'un état moderne et tolérant en montrant la voie à suivre aux pauvres brebis égarés que nous sommes?

Apparemment l'islam ne pose plus problème uniquement en Europe où aux états unis mais aussi dans les pays qui en ont, jusqu'au 11 septembre, arborés fièrement les couleurs.
L’islam fait peur et cette peur se situe à la convergence de deux plans, l’un international et l’autre national. C’est parce qu’il y a, dans notre perception, intersection de ces deux niveaux, que le débat est souvent difficile. Ainsi, l'islam est perçu dans notre société marocaine de plus en plus démesurément, à travers un regard occidental, envahissant (TPS oblige) à la phobie contagieuse. On ne peut évoquer le foulard sans être renvoyé aussitôt à l’Arabie saoudite ou aux talibans. De même, le caractère « intrinsèquement violent » de l'intégrisme musulman renvoie à la situation en Algérie ou au Pakistan.

Eriger la laïcité en tant que " grand inquisiteur" ne viendrai que conforter "l'amalgame" et fausser encore plus le débat car, il est prudent de le rappeler, la laïcité ne s’oppose pas aux religions, on peut très bien être catholique, juif, musulman, et laïque. La laïcité s’oppose au cléricalisme, sous toutes ses formes, pas aux religions. Par cette faculté on peut dire que la laïcité était depuis toujours une composante intégrée dans notre environnement religieux musulman qui bannit toute forme de cléricalisme. Vouloir aujourd'hui l'en extraire pour l'opposer à la dérive islamiste reviendrait tout simplement à reconnaître le paradoxe de l'existence effective d'un cléricalisme religieux perpétué par l'état.
Si aujourd'hui le schisme s'impose ça veut tout simplement dire que le ministère des habous à bien fait jusque là office de clergé.


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lundi, juin 13, 2005

Le conte des colchiques



Bon je ne vais pas vous coincer la tête entre la politique et mes états d'âme "égotiques"...un petit conte pour rompre la monotonie d'autant plus que je trouvais plutôt navrant de le garder dans un fichier sur mon disque dur où seuls, quelques virus, venaient de temps à autre se faire les griffes dessus...bon voila

le conte des colchiques

Sur un haut alpage oublié de grand âge, des colchiques blanches, du haut d'une butte, regardaient de haut un petit coquelicot emprisonné dans les blés. Elles le toisaient de leurs vénéneux regards ricanant à qui voulait bien les entendre de sa truculence rubescente.
- "carminé de malheur! Tu nous brouilles la vue de ton écarlate couleur" lui criaient-ils à longueur de journée.

A chacune de ces railleries malsaines, les blés, fiers de leur allure superbe, partaient d'un rire gouailleur faisant onduler le champ de vagues à la blonde couleur.
- " qu'il est laid avec ses oreilles cramoisies, son corps frêle et velu ...et son nez noiraud!"

les blés, outrecuidants à outrance, passaient leur temps en courbettes et révérences.
- "que vous êtes beau ce matin!, vous semblez avoir pris quelques grains" disait l'un.
- " vous même semblez prendre du poil de la bête avec votre épi en faîte" renchérissait l'autre. Mais pour le gentil coquelicot ils n'avaient que dédain. Leurs propos à son égard n'avaient nulle retenue pour le cibler de leurs dards.
- " Nain rougeâtre, excrément de vache acariâtre, quand cesseras tu de nous traîner dans les pattes?"

Le pauvre coquelicot supportait stoïquement tous ces maux, priant chaque soir tous les saints de lui réserver meilleur destin. Ainsi passèrent les printemps à rougir la petite fleur d'indicibles tourments jusqu'au jour où, par on ne sait quel hasard , la vache pâquerette, préférée de son maître, vint traîner ses pas en quête d'un meilleur repas. Cette bête au grand cœur adorait les fleurs. Des colchiques, elle n'en avait jamais vu si bien que de toutes elle s'en était repue. Mais voilà que l'inattendu festin l'affuble d'un funeste destin. Elle va et vient à travers le champ de blé incapable de retrouver son chemin. Prises d'atroces souffrances, ses entrailles ensemencent le champ d'une vénéneuse engeance, libérant sa bonne âme en giclées de diarrhée infâme.

Apres avoir longtemps cherché sa génisse tant aimée, mestre jacquemin arpenta finalement les pas de l'occulte chemin ayant mené les broutages de sa vache volage vers cet exotique repas ayant causé son trépas. De sueur en nage, il fulmina de rage la voyant crevée là, entre les colchiques. Il cracha sa chique et jura par tous les diables de l'enfer que ces fleurs sorcières en essuieraient les revers. Il fit venir ses frères, arrosèrent de poix toute la butte délétère et y allumèrent un feu nourrit pour qu'aucune de ces fleurs pourries n'y pousse jamais plus. Les blés éternels, effrayés, se dressaient sur leurs tiges frêles de toute la hauteur de leur épis pour voir ces étranges créatures qu'ils n'avaient jamais vu.
- "c'est à cause de ces colchiques de malheur que l'enfer s'abat sur nous en cette heure!" disaient certains. Le petit coquelicot, par sa taille naine, ne pouvait rein voir de la scène.
- "piétinons le coquelicot! C'est un cousin de ces sorcières, il ne nous apportera que misère" Le bruit provoqué par les blés qui ondulaient pour piétiner la fleur troublée attira l'attention du manant qui, apaisé, remarqua la beauté du champ
-" je n'ai jamais vu pareil terrain. Il me rapportera sûrement de bons gains"

comme quoi à tout malheur quelque chose de bon. Le paysan avait longtemps souffert de l'aridité de la terre. Il en remercia longuement le bovin, appela ses frères et cousins et entreprirent d'étêter les blés beaux de toute la force de leurs faux. Plus rien ne poussa désormais sur cette terre brûlée par la poix incendiaire et les fèces toxique d'une vache pubère. Plus rien à part une multitude de coquelicots rougeoyants qui régnèrent en maîtres éternels sur cette terre tant belle.

kb....tous droits de reproduction réservés ( à qui? on se le demande bien)

vendredi, juin 10, 2005

allo??

[Le Coran : un acte de communication

Le Coran, pour le croyant, est un message du Ciel vers la terre. C’est-à-dire qu’il constitue un acte de communication. Le processus de révélation qu’il représente permet de distinguer : 1) - un « émetteur » : le Seigneur qui parle ; 2) - un « récepteur » : en l’occurrence le Prophète Muhammad (la Paix et la Bénédiction soient sur lui) ; 3) - un code de communication : la langue arabe ; et 4) - un « canal » : la Révélation. Six éléments apparaissent, conformément à ce que permettent d’observer les théories de la communication : le Message (1), son « Expéditeur » divin (2), le destinataire (3), le « contact » que représente la Révélation (4), le code qui est constitué par la langue (5), et le contexte (6). Car le Coran se présente bien comme un Message envoyé par Dieu à Muhammad et, par lui, à toute l’humanité, à travers une Révélation qui s’est étendue sur vingt-deux ans, dans un contexte bien déterminé qui est celui de l’Arabie du VIIè siècle, dont la langue était l’arabe.]

Rachid Benzine (*)


Ça me rappelle étrangement un fil que j'avais ouvert sur un forum et malheureusement tombé à l'eau par l'activisme incongru de certains "pignoufs" mais bon passons
R.B tente de cerner, dans sa démarche académique cartésienne, la problématique du processus de perception, de la transmission à l'interprétation, du message divin.
Mais voilà que d'emblée il pêche par ce dont il reproche à un grand nombre dans leur manière d'aborder le Coran : une utilisation en découpage hors contexte !
J'en arrive presque à me demander quel rôle à joué notre prophète (que le salut l'accompagne) qui se voit relégué dans cette analyse à un simple poste à transistor. Je suis certain que si Dieu avait voulu d'un simple récepteur/émetteur il aurait pu, dans sa grande magnificence, transformer les totems de l'époque en radios transistors qui nous auraient débités de la manière la plus appropriée qui soit sa divine parole.
Si la classification de R.B s'appuie sur une démarche cartésienne elle n'en n'omet pas moins quelques points clé qui faussent toute sa démarche analytique
(1) "un émetteur", Dieu (soubhânah) en l'occurrence...là il n'y a rien à redire
(2) "un récepteur" le prophète ('alayhi assalam) en l'occurence...là il y a à dire...j'y reviens plus bas
(3) (4) et (5) ça peut aller
(6) le contexte...il y a dire aussi...beaucoup même

(2) personnellement j'aurai rajouté (bon je sais ...je ne suis pas chercheur au CNRS) à l'étiquette de "récepteur" une étiquette tout aussi importante sinon la plus importante : "décodeur", car si Muhammad (saw) fut le "réceptacle" sacré du message divin il n'en demeure pas moins le premier interprète et certainement le plus en mesure, les prophètes n'étant certainement pas choisis au hasard, de transmettre, au delà des simples mots, le plus fidèlement ce message contenant une forte charge émotionnelle.
Il serait tout aussi prétentieux qu'inconcevable de banaliser, comme le fait R.B, cette communication, qui fut d'abord communion, établie lors d'une rencontre que l'on peut certainement qualifier de "troisième type". Comme il serait absurde de se référer à un moyen de communication primaire, comme le langage parlé tel que nous le concevons dans notre dimension humaine. L'islam avant d'être parole est d'abord "émotion" dans son sens le plus absolu. Une émotion transmise de dieu vers une entité plus en mesure (par rapport à l'homme bien sûr) de la concevoir dans son intégralité, à savoir l'ange, et finalement de l'ange vers l'homme le plus en mesure de ressentir cette charge émotionnelle(prophète) et certainement choisi comme tel car jugé capable de la retransmettre en dehors de tout contexte autre que celui de "l'homme partie intégrante de l'univers".
Et si R.B met souvent en cause le "hors-contexte" il n'en commet pas moins le même impair en abordant la lecture du Coran en dehors de l'interprétation mahométane.
Celui qui ne ressent pas cette émotion, malgré tout son savoir faire "céénériste", n'aura fait durant toute son analyse que rester sur le bas côté de la "pensée" islamique.
C'est ce qui différencie les penseurs d'antan qui ont su "partager", car il s'agit bien de partage, cette émotion, de ces nouveaux penseurs de l'islam plus soucieux de donner le "LA" en accordant le diapason de cette pensée à on ne sait quel contexte "matérialiste" de la vie contemporaine.

Kb...pour l'homme

"bof..." une solution?

Rabat...une séance houleuse au parlement


Affirmer que les peuples n'ont que les gouvernements qu'ils méritent, bien que cela comporte une part de vérité, reviendrait tout simplement à mépriser le "peuple" et à me mépriser moi même puisque je me perçois comme membre à part entière de la masse populaire.

Le peuple que nous sommes à été modelé, en majorité, dans la glaise de l'attentisme fataliste ancré d'autant plus facilement par le substrat fertile de l'ignorance. Le peuple est foncièrement convaincu qu'il n'existe pas d'équité en ce bas monde, sentiment ou plutôt "ressentiment" qui le rend encore plus propice à se laisser déposséder de ses droits terrestres.

Des lors le débat politique, dans la tête des gens du peuple, enjambe avec une facilité déconcertante la frontière du réel pour intégrer des composantes sidérales ou le droit se joue dans une notion biblique à la Cécile.B.de Mille. A la frontière du réel nous avons un trône qui fait office de charnière en réunissant un code civil et un livre sacré et où les différentes contradictions s'éliminent dans la symbolique forte du roi qui maintien l'équilibre dans la composition schizophrénique de la "cité" marocaine.

Il est indéniable qu'avec l'évolution ou plutôt l'involution de l'interaction politique à l'échelle mondiale, nous nous trouvons à un tournant crucial au maintien de la cohésion identitaire de notre société. La chose religieuse à pris un sacré coup dans les ailes engendrant en parallèle une crise dans le politique qui jusqu'à présent à toujours composé avec.

Malheureusement nous savons, l'histoire nous l'a assez démontré, les crises appellent des pouvoirs forts avec toutes les dérives qu'ils engendrent. d'où peut-être l'impératif de, d'abord et par dessus tout, s'en prendre à la crise et aux personnels politiques et religieux qui, chacun à leurs manières et à leurs idées, ne s'ingénient qu'à la gérer.... Gérer la crise, même au bénéfice du "moindre mal", c'est entretenir la crise...."
Nous l'entretenons de toute façon, tant que nous ne sortons pas du jeu. Et l'abstentionnisme (c'est en tout cas ce qui se passe jusqu'ici au Maroc) ne permet pas d'en sortir.

kb...abstinent

mercredi, juin 08, 2005

Promo-Maroc...été 2005



Je viens de me retrouver dans l'obligation de vendre grand mère au musée d'anthropologie pour pouvoir acheter une réserve de kinder au gamin.
De toute façon elle fuyait de partout depuis un bon moment déjà et je suis sûr qu'ils en feraient un meilleur usage que celui à quoi on l'utilisait, sans compter l'économie de bouffe pour le chien . Que voulez vous! Chui pas égoïste pour un sou. J'ai toujours privilégié l'intérêt général au détriment de mon intérêt personnel.
j'avais déjà essayé, à plusieurs reprises, de sevrer ce saligaud de mioche mais à chaque fois ses réactions étaient plutôt singulières. la dernière fois c'est papy qui en a fait les frais, sans compter ceux de son enterrement que mézigue a du allonger. J'avais du user de tout mon talent de guide (je bosse pour miches & laine comme guide maître chamelier), pour égarer les gendarmes sur une fausse piste. N'allez surtout pas croire que je suis un égareur professionnel. Bon, c'est vrai que dans ma carrière il m'est arrivé de perdre quelques touristes dans ce désert plus vide que la salle d’attente d’un croque mort, la plupart étaient des teutons qui ne pigeaient que dalle à ce que je leur racontait. Le grand suisse aux oreilles décollées, çui la je l’avais pommé exprès. Il me tapait sur les nerfs. Il arrêtait pas de me demander « quand arriverons nous au bord de mer ? ». suis les coquillages finis-je par lui dire emmerdé à max sans lui préciser qu’ils dataient du jurassique. Mais l’enfoiré à réussi à s’en tirer. Je l’ai retrouvé voilà six mois marié à une bédouine à qui il a fait trois mômes et une chèvre. Et devinez quoi , c’est lui qui me vend les kinders maintenant .sont pas donnés en plus Pour en revenir à cette saleté de gamin, il n'avait rien trouvé de mieux que de remplacer les étiquettes des flacons de nitro de l'oncle kader...je vous raconterai la suite plus tard j’ai un groupe qui rêve de contrées perdues (hi hi hi)et comme dans le perdu personne ne fait mieux que mois je m’en vais leur faire regretter les affres du confort...à dans six mois..

kb...sans déconner il y de belles choses à voir chez nous...venez nombreux...vous ferez extrêment plaisir à Douiri qui craint pour son cota

mardi, juin 07, 2005

Gardons le fruit dé - fendu

Histoire de ne pas laisser trop de blanc en attendant le retours des jours prolixes, de temps à autre un petit remake car je sais bien que l'on n'a souvent pas très le temps de naviguer dans les poussièreuses archives



L'homme se trouve au point d'intersection de la dimension horizontale et de la dimension verticale. Vivre sa condition humaine, c'est intégrer les deux termes de cette incarnation et cheminer par les étapes de l'horizontale pour atteindre successivement les différents niveaux de la verticale.

Nous avons pourtant souvent tendance à les opposer comme s'il pouvait exister une spiritualité qui ne s'inscrive pas dans la matière.

Etre debout entre ciel et terre, c'est être l'arbre qui s'élève d'autant plus haut que ses racines plongent profondément en terre.

Le plupart d'entre nous se sont trouvés baignés dans une interprétation des écritures qui assimile la chute au péché de chair.

Nous aurions pu rapporter de la "médersa " (catéchisme pour les non musulmans) la petite histoire d'Adam et Eve qui, à la suite de zestes déplacés, eurent à faire face à de gros pépins...
Il eut été plus logique alors d'évoquer l'orange plutôt que la pomme!...la pomme cependant , nous livre, par sa structure, d'autres informations symboliques qu'il est intéressant d'observer.

Chacun sait que l'on peut couper une pomme selon deux axes, horizontal et vertical. Curieusement, c'est lorsqu'on choisit la coupe verticale, qu'apparaît la forme évocatrice de la chair... chacun peut y voir sans craindre de passer pour un individu à l'esprit mal tourné, la réunion de deux cuisses arrondies qui s'écartent sur un calice suggestif. Le fruit découpé selon son axe horizontal laisse apparaître les pépins savamment disposés en étoile à cinq branches, noble représentation de la connaissance.

Manger la pomme, c'est obligatoirement nuire à l'intégrité de l'ensemble en annulant un des axes par la scission en deux.
Se couper de la relation à la terre, à la matière, c'est se couper de la relation à la vie. Se couper de la relation au divin, c'est "s'encapsuler" dans son corps et emprisonner son être essentiel.

Etre humain, c'est tenir ensemble ces deux axes en s'unifiant intérieurement pour ne pas être dans une chair sans esprit ou dans un esprit désincarné.
Dans ce travail d'unification ou de réunification, fleurit la véritable synthèse, source d'élan créateur, de développement du potentiel humain et d'accomplissement de l'être. ...

gardons donc le fruit entier...le fruit dé-fendu

kb...que certains trouveront bien pomme!

"Zouj Bghal"



Encore et encore on se retrouve à faire et refaire le déplorable constat que Le Sahara, occidental pour les uns et marocain pour les autres, continue à cristalliser les attentes et les frustrations relatives à la grandeur nationale, desquelles chacun des deux principaux régimes en conflit , si proches et pourtant tant antagonistes, veut tirer le maximum de profit.

La ferveur nationaliste contre le voisin diminuerait si les régimes évoluaient vers une plus grande ouverture démocratique, qui permettrait une décrispation des deux côtés, avec l’établissement des relations de peuple à peuple, entre entrepreneurs, associations, syndicats, partis, élus, journalistes, universitaires, etc. Celles-ci pourraient faire revivre la mémoire de l’héritage commun et rendre chacun plus sensible aux attentes de l’autre.

Cet échange ne sera possible que si l’armée en Algérie et le palais au Maroc renoncent au monopole du nationalisme et acceptent que la politique étrangère soit débattue publiquement et librement dans les instances nationales élues démocratiquement.

Finalement, l’avenir du Maghreb dépend de la reconnaissance de l’électorat comme source exclusive du pouvoir. Mais les élites au pouvoir sont-elles prêtes à une véritable révolution : l’établissement au Maroc d’une monarchie constitutionnelle où le roi règne mais ne gouverne pas et, en Algérie, un Etat dans lequel l’armée perd cette « culture des janissaires » qui consiste à désigner le président et à lui dicter ses choix politiques ?

Il serait tout de même grand temps, l'avenir de la région y dépend, d'abandonner cette attitude contradictoire entre les proclamations de foi unitaires et l’animosité des relations qui puise son substrat dans le mode autoritaire de légitimation du pouvoir dans chacun des deux pays.

Pour le régime marocain, ne plus placer la survie de la monarchie, dans son concept réactionnaire, comme un axe stratégique prioritaire serait certainement un puissant catalyseur à la prospérité de la région, tout autant que l'abandon par son homologue algérien de cette attitude "nassérienne", désuète, qui considère sa révolution "inachevée" si elle devait s'arrêter à la frontière ouest car toute détente réelle nécessite des réformes politiques profondes de chacun des deux régimes et le passage d’un mode de légitimation fondé sur la surenchère nationaliste à un autre basé sur les urnes.

Kb...maghrébin

graffiti



Un mur
une main
du petit bout
d'une craie
se rencontrent
se racontent
en petits traits
timides d'abord
mais de plus en plus fort
se dessine la haine
du béton contre l'homme
puis de l'homme contre l'homme
jusqu'à l'usure de la craie
qui se tait
mais la pierre
continue de parler
de la craie et des hommes qui se meurent
en traînées sur ses murs
leur dernière demeure

kb...sur le mur

La grosse vanne !

Je l'ai entendue la toute première fois dans un troquet de Massy Palaiseau. J'étais accoudé au zinc, en train de manger un gruyère beurre accompagné d'un petit café bien chaud. Il devait être aux alentours de 18h15 d'une soirée de l'année 1998. Je ne me souviens plus du jour exactement....bon disons un lundi...parce que il n'y a pas plus con qu'un lundi (à part un mec en train de manger un gruyère beurre dans un troquet de Massy palaiseau), mais vous pouvez remplacer par un jour de votre choix, ça n'a aucune importance et ça ne change rien à l'histoire...de toute façon, je sais que vous n'en avez rien à foutre. Mais comme je suis un perfectionniste, un maniaque du détail, je tiens à préciser l'endroit et surtout l'atmosphère qui y régnait le moment où mes ,(j'irai pas jusqu'à dire chastes) disons "sélectives" oreilles captèrent l'assemblage de mots qui constituait cette "plaisanterie à la « con » ou plutôt cette "vanne". Je n'ai jamais compris d'ailleurs pourquoi on appelait cela des "vannes". Sans doute parce que d'une certaine manière elle régulent avec sagacité le cours de nos pensées. J'ouvrirai un de ces quatre un débat à ce sujet pour qui ça intéresse.
Je disais donc que j'étais accoudé au zinc…enfin accoudé est un bien grand mot car pour utiliser cette image il aurait fallu que je me penche plus que la normale en avant (comme s'il y avait une norme en matière de pencherie) . Le tabouret était déjà assez haut perché et moi même étant d'un standard un petit peu plus haut que la normale (je devance vos vilaines pensées à mon égard en précisant que je parle uniquement du standard relatif à la taille, parce que mon QI est bien du standard que vous imaginez…très bas en l'occurrence) ce qui m'aurait fait paraître complètement défoncé venant aggraver ainsi mon premier délit, bien involontaire de ma part je vous l'assure,…celui d'être déjà un "étranger".
Le troquet en question était juste en face de la gare et jouxtait (j'aime bien ce mot là ça me rappelle à chaque fois Dugesclin et sa coupe à la Mireille Mathieu…peut être que ça résonne dans ma tête en joutes médiévales…le galop des destriers…à moins que ça ne soit le bruit des trains) je disais donc que l'estaminet en question "jouxtait" plusieurs terminus de bus. Et qui dit ces engins, dit les énergumènes particuliers qui les manipulent. C'est donc par une fraîche soirée d'octobre que pénétrèrent dans ce troquet du centre du monde (parce que j'y étais tout simplement), habillés de leur belles tuniques bleues et de leur casquettes rehaussées de dorures ces deux agent de l'APTR et de l'apothéose. Je ne sais plus d'ailleurs si ça s'appelait vraiment comme ça...enfin vous voyez de quoi je veux parler…la RATP de banlieue. Déjà que celle de la capitale ne brillait pas par le regard de ses agents, alors celle de banlieue. .elle était d'un rustique.. je vous dis pas. N'allez surtout pas croire que je n'aime pas la banlieue ou les banlieusards. Ayant moi même eu l'honneur de jouir de ce statut, je ne pourrai donc jeter de pierre dans la mare périphérique (fichtre comme c'est bien trouvé cette tournure). Cependant je n’ai jamais compris pourquoi j’étais le seul à qui les contrôleurs de cette respectable institution qu’était l’APTR demandaient à voir le ticket.
Nos deux illustres compères pénétrèrent donc dans ce cloître, hermétiquement clos contre toute intrusion d’esprit supérieur, dans une cacophonie de bruit étranges allant du gargarisme au hoquet. Le tenancier semblait bien les connaître à la façon dont se mirent à palpiter les veines violacées éclatées sur son appareil de détection olfactif. Il se mit à gargariser et hoqueter en contre alto avec les deux néanderthaux . Il m’a fallu un bon quart d’heure et quelques six bières à eux pour qu’enfin l’adoucissement de la rugosité de leur palais s’acclimate à ma faculté de perception auditive. Et c’est là que, miracle, je réussi à déchiffrer leur langage codé et entendre cette vanne que vous devez sûrement attendre avec impatience :
Le petit à moustache lâcha d’une voix de métro freinant à la station dauphine :
- vous connaissez le comble de la confiance ? ?
et les deux autres de rétorquer en potentiomètre de la tachy de la rame 18
- noooOOON
- c’est deux homos cannibales (à ne pas confondre avec homo sapien) qui se font un 69

kb...No comment

lundi, juin 06, 2005

La guerre des trois n'aura pas lieu

L'opinion publique constitue un élément fondamental pour la stabilité ou l'instabilité de notre système politique. Et dans une société médiatique, “l’opinion publique se forme jour après jour par le biais du bombardement continu des moyens de communication. La vérité est ce qu’ils proposent comme vérité. Ce qui n’est pas reporté par la presse n’existe pas, et ce qui existe n’est que dans la forme selon laquelle elle apparaît”.

L’importance des médias donne lieu d'une part, à un fort contrôle de ceux-ci de la part de qui a le pouvoir, et d'autre part, à la nécessité que ce contrôle passe inaperçu pour préserver l'apparence de liberté d'information, préalable indispensable à la définition d'une société comme démocratique. Un troisième aspect est que la plus grande partie des médias sont des entreprises desquelles dérivent des impératifs commerciaux qui influent eux aussi sur la ligne d'information.
Le résultat de l'union de ces trois facteurs est la configuration d'un système de manipulation ample et subtil, parfois contradictoire, mais qui généralement, plutôt que d'informer, prétend imposer une réalité par le moyen d'opinions et valorisations présentées comme vérités indiscutables.

Ainsi la subjectivité est inévitable dans toute production intellectuelle [culturelle], c’est pourquoi, même en prétendant donner une vision neutre et impartiale de la réalité de la problématique liée à l'appartenance du Sahara, on ne pourra jamais être totalement objectif. La meilleure manière de s’approcher de l’objectivité est de montrer la réalité vue par différents points de vue, recueillant ainsi des informations sur un même thème à travers des sources distinctes et des positions différentes. Or jusqu'à présent les marocains ne sont informés qu'à travers le discours officiel de l'état "Maroc" et les Algériens ne le sont qu'à travers celui de l'état "Algérie"(sauf pour une minorité éclairée qui explore d'autre canaux d'informations) .

Donc c’est justement sur ce point que réside un élément fondamental de la manipulation des médias : sous prétexte d’objectivité, l’illusion de nous offrir leur vision de la réalité comme s’il s’agissait de la réalité elle-même, en cachant toujours les intérêts qu'ils défendent. Pour faire une lecture critique de l'information, potentiellement objective, il est fondamental de connaître les intérêts auxquels répondent ceux qui nous offrent cette information.
Sans trop m'étendre sur les techniques de manipulation qu'utilisent les uns et les autres, dans cette affaire on peut dire que les trois parties en présence (Maroc – médias- Algérie) trouvent un intérêt certain dans une symbiose fructueuse à faire converger la perception populaire vers un état de défiance constant envers la menace de l'autre. chacun y trouve son compte. Les médias dans l'audimat et les chiffres de ventes, les états dans une consolidation de leur domination puisqu'ils sont le rempart contre la menace de l'autre.

Je ne sais pas si vous avez vu le film "le village", il donne un aperçu cinglant de cette manipulation à l'échelle d'un village (qui peut être transposé à une nation) en maintenant une menace virtuelle constante qui régule tout le fonctionnement d'un éco-système socio-politique basé sur la peur, sentiment le plus en mesure de fédérer la plèbe constituante dans une adversité provoquée, maintenue et canalisée. Le fruit le plus juteux de cette symbiose étant le "nationalisme".

Bon je vous l'accorde la désinformation n'est pas toujours systématique, préparée et dessinée de manière consciente et Contrôlée. Ça serait prêter crédit à une "super" intelligence de nos médias et nos élites dirigeantes (chose dont ils sont modestement pourvus). La complexité des processus d'élaboration de l'information, et le vaste champ de recueil de celle-ci, font que souvent la désinformation est le fruit de l'incompétence du/de la journaliste qui ne connaît pas tel sujet, manque de temps et d'espace, et de ses préjugés ou de ceux du rédacteur en chef qui applique des schémas de travail trop sensationnels, etc... Cependant, il ne fait aucun doute que dans d'autres cas nombreux il existe des campagnes de désinformation qui répondent à des intérêts économiques ou politiques clairs, du moyen de communication ou des groupes entrepreneurs qui le financent et le soutiennent.
Alors dans cette affaire(Sahara)...ne prenez pas tout ce qui se dit au premier degré

Kb...vaccin antimanip

Je n'écris de poème que lorsque ma peau aime...

Nous étions nombreux, assis autour d'une table...je ne sais même plus quelle occasion nous réunissait là… réunir est sans doute un peu complaisant car à bien y regarder, nous étions tous là, comme des filaments d'un tissage ignorant de lui-même.

En face de moi, dans une robe anthracite, une femme à l'allure raide ou plutôt aride, (mais quelle importance puisque ce sont les mêmes lettres), m'observait depuis un court instant. Elle semblait de granit et je fus donc surpris lorsque ses lèvres frémirent et qu'il s'en échappa la phrase, ô combien conventionnelle :"et vous, que faites-vous dans la vie."

Je ne pus que laisser quelques points de suspension, abritant discrètement la désapprobation que m'inspirent les rencontres avec l'autre qui se résument à l'évaluation de leur savoir-faire...

Un peu par provocation, un peu par honnêteté, je lui répondis que je m'attelais à l'écriture de quelques poèmes.

"vous appelez ça des poèmes parce que vous trouvez ça beau ou parce qu'on ne comprend pas toujours?"

sa question m'apparut soudain infiniment triste...Qui avait bien pu froisser les ailes de cette femme au point d'en faire cet asile d'où elle semblait ne plus pouvoir s'échapper?

Comment lui dire que la poésie est comme une parole blessée, une parole interrompue. Comment lui faire sentir qu'elle est ce tâtonnement obstiné d'un verbe qui lutte contre l'érosion de la pensée. Qu'il y a dans chaque mot un tressaillement englouti que vient révéler une rencontre provisoire. Le langage imagé est souvent une alliance si vulnérable, si inutile qu'il peut ouvrir une trouée dans nos ciels obscurcis. Ces mots sont poussière, buée, lueurs vibrantes de rosée et leurs paysages sont les messagers du silence.

Je ne connais rien de la beauté... je crois seulement à une intuition de la beauté. Une intuition ou plutôt une intussusception de l'inaccessible; un engendrement par le logos, rendu possible par un esprit plus perméable. Une sorte de porosité de la peau, à ce qui l'informe dans une caresse sans cesse renouvelée. Le reste, sitôt que l'artiste se croit au centre de son œuvre, n'est qu'une affaire de goût ou de mode, mais peut-être pas de beauté.

Quant à ce que l'on ne comprend pas toujours, serait ce l'apanage de la poésie, seule? Ou la vie tout entière pourrait-elle être poésie?…

Je répondis finalement à cette femme, au plus proche de ma réalité: "je les appelles des poèmes parce que ce sont des lettres d'amour".

kb...peau d'âme

Terrorisme...méfiez vous du grand blanc !

Casablanca 10:00 AM
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Un dimanche casablancais, alors que je n’avais rien à faire, je me suis installé à la terrasse d’un café sur le boulevard Yacoub El Mansour, à quelques encablures du boulevard Ghandi en allant vers le Maarif. Quatorze heures trente, un mois de juillet. L’heure était aussi creuse que les nids de poules qui jonchaient l’asphalte de la chaussée. Une chaleur humide, à tomber les oiseaux comme on dit chez nous, recouvrait la ville d’une aura crasseuse. Je sirotais un jus de café lavaseux à 30% de pois chiches en tirant goulûment sur une " harlboro " pas " sakka " du tout, achetée au tabac-cireur du coin qui outre de laver les voitures occupait également la fonction de " chekkam " et de courtier en tout genre. Aussi désœuvré qu’une vache qui regarde passer les trains et après m’être amusé à décompter les mendiants qui me trayaient au passage, j’entrepris la oisive tâche de mesurer le débit des taxis " blancs " qui s’essoufflaient à retracer la chaussée en fonction de la notion jurassique qu’ils semblaient avoir du code de la route. Aussi oisive que puisse paraître cette occupation le résultat n’en fut pas moins époustouflant. En à peine dix minutes je comptabilisai 102 taxis grandement wilaliques, ce qui donne pour une heure de trafic pas moins de 612 passages soit une moyenne d’un taxi toutes les 6 secondes. Pour l’heure la plus creuse qui soit de l’année c’est pas mal du tout. Imaginez donc l’heure de pointe sur ce boulevard où cette cadence se voit multipliée par quatre sinon par cinq. Vous levez la main pour vous moucher le nez et au moins trois taxis freinent dans un vacarme assourdissant à votre hauteur libérant un flot d’injures chez les automobilistes qui évitent de justesse le carambolage. Les habitués du boulevard le savent et évitent donc d’agiter les mains aux abords de la chaussée. Abordant la problématique embryonnaire en train de germer dans ma tête sous des auspices statisticiennes je triturai dans tous les sens les différentes combinaisons qui me venaient à l’esprit : trafic/état de route/accident, accident/sécurité/état mécanique, transport en commun/laxisme/accidents et j’en passe. Une multitude d’équations sans inconnues tout de même et pourtant des problèmes qu’on n’arrive toujours pas à résoudre. Pas étonnant me direz vous vous puisque le problème est toujours posé à l’envers, à l’image de cette phrase de notre ministre du transport lors d’une allocution : " l'inadaptation de la vitesse aux conditions de la route est à l’origine de 90 pc des accidents " Pensez vous ! il ne lui serait jamais venu à l’esprit de dire " l’inadaptation des conditions de la route à la vitesse " non ! cela induirait trop de choses. Les chiffres cependant sont là et biens réels. En 2002 il y a eu 52137 accidents engendrant 3261 décès et 81465 blessés, ce qui veut dire que toutes les 15 mn il se produit un accident dans notre beau pays et que toutes les 2h40mn il meurt quelqu’un sur nos routes.

Alors quand on me parle du " danger " terroriste cela me fait bien marrer. Combien sont morts les dix dernières années suite à un acte terroriste au Maroc ? 70 ? 90 ? 100 ? 200 ? on aura beau exagérer le chiffre on sera toujours loin des pas moins de 20 000 morts sur les routes marocaines. Si l’on se base sur les statistiques qui pour 100 000 habitant donnent 13 décès (2002) ceux qui habitent Casablanca devraient par conséquent être les plus prompts à s’inquiéter car cela voudrai dire un mort toutes les 33 mn, et pour ceux qui pratiquent l’axe yacoub el mansour à 80 pc de malchance, s’ils leur arrive de rendre prématurément l’âme, ce sera la faute d’un grand blanc, imberbe qui porte au front l’estampille de la wilaya du grand Casablanca et qui passe à tombeau ouvert toutes les six secondes le dimanche.

kb...taxiphobe

Randonnée


Trop de temps est passé à arpenter d'un pas en dédain ces lendemains qui tous se ressemblent. Au bout du chemin Imlil déplie ses murs au fur et à mesure des pierres déboulantes sous les grosses et nombreuses semelles qui chaussent la montagne aux mois rouges d'octobre. j'oublie mes incertitudes lorsque un effort candide motive la foulée de nos pas certains dans un silence à peine troublé par nos souffles. Sans mot dire ni maudire, tantôt côte à côte, tantôt l'un derrière l'autre nous gravissons la pente parfumée par la doucereuse odeur des amandiers. Chaque pas plus loin fait jaillir le toit d'une maison ou une meule de foin. Le front moite mais serein je m'arrête un moment et me retourne pour embrasser du regard la petite vallée où une rivière tranquille charrie le résidu de nos derniers ressentiments qui nous quittent, chantant nos histoires au rire des galets . Loin de la ville, on se retrouve enfin.

kb

samedi, juin 04, 2005

ma roquinerie

La question que se pose tout néo bloggeur, pour un peu qu'il soit blagueur, pourquoi ce titre?
ben j'en sais trop fichtre rien...pourquoi pas ce titre serai-je même tenté de vous répondre. Mais que peut-être tout simplement traduit-il le mieux l'association de "mots fêteurs" (juste pour contrer l'association d'idées qui vous aurait mené à associer "de malfaiteurs" à l'association) qui marient le mieux la marocanité à la taquinerie et comme l'exprime si bien ma tante Milouda :" il n'y a point d'honneur à être marocain et ne pas savoir en rire"...très profonde ma tante...pardon très spirituelle voulais-je dire...enfin vous m'avez compris (bandes d'associateurs de mauvaises idées)

kb...certainement pas du mas de provence mais du ma....allez vous êtes assez intelligents pour trouver tous seuls