MA ROQUINERIE

"laissez l'onde aller légère aux sources du souvenir...c'est là que se trouve le meilleur à venir" kb

lundi, août 29, 2005

Le festin de grand mère




















Quand le petit vint à naître, ils furent très heureux de cet événement. Enfin ! n’arrêtaient-ils pas de se répéter l’un à l’autre en s’embrassant à tout va, ils ne seraient plus seuls.
Ils passèrent des jours et des jours à lui chercher un nom, oubliant leur principale, leur seule occupation qui faisait rougir, à grands coups de pieds, l’illustre postérieur de la vieille grand-mère.
En se grattant le bas du dos qui la chatouillait par tant de délaissement, la douairière au gros derrière, jalouse et méchante comme un teigne, agacée par tant d’afféterie leur lança
- « crevez lui un œil et appelez-le le borgne ! »
Cette géniale idée lui valu de violents coups de pieds de la part du tandem qui reprenait ainsi goût aux plaisirs coutumiers. Ils y allèrent tellement de bon cœur, et l’aïeule de leur offrir de sa charnue partie le meilleur, qu’ils en vinrent à trouver la récente naissance dénotant d’une grande indécence avec ce qui éveillait tout l’intérêt de leur sens.
D’un grand coup de pied, l’homme aux manières bourrues envoya la vieille au charbon ramasser quelques bois pour un feu qu’il voulait ardent.
La femme elle, regardait tendrement l’angelot étudiant ses formes…
Apres avoir mangé l’enfant , elle posa sa tête sur l’épaule de l’homme qui mâchouillait un dernier doigt. Ils regardaient tendrement l’ancêtre qui rongeait les restes en ronronnant de joie.
- « il n’était pas bien cuit…et le dernier était un peu dur » dit-elle en soupirant.
- « ne t’en fais pas ma douce…on en fera un autre et c’est moi qui ferait la cuisine… »

Kb…horrible

dimanche, août 28, 2005

la ville












La rue qui m'endort
D'un cancrelat fuyant sous la lune
Inverse le décor

Vaines étaient nos raisons
Si diurnes soient elles
Sursauts d'une oraison
Que l'aurore rappelle

Eternelle aux lendemains
La nuit s'en viendra mourir
Au plaisir charnel
Sur les murs bien vils
Au béton si cruel

A grand coups de truelle
Avance la ville
Creusant dans nos coeurs
Ses petites ruelles
Où les maux défilent
Toujours pile à l'heure

Mais la prise du béton
En craquelure d'un rêve
Attirant les mouches
De ses plaies avides
vient figer le temps
Au fond d'une bouche

Le regard baissé
Amoureux des trottoirs
souillés par les chiens
Nos désirs affaissés
Y tâtonnent sans le voir
Ce bonheur tant cherché
Qui abreuve nos espoirs

L'hirondelle au printemps
Sur les murs de la ville
Dessine nos vies
De manière dérisoire

© kb

lundi, août 15, 2005

la mer et l'enfant

Asilah Beach- photo de Ian Bertram










Un bref passage pour partager avec vous ce petit souvenir que cette belle plage sous mes yeux et le clin d'oeil de ma copine Aglaé ont fait remonter à la surface


La mer, infatigable porteuse, enfantait ses vagues, amoureuse, qui s'en allaient mourir l'une après l'autre sur la grève.
Le sable cruel buvait leur âme éphèmère jusqu'à la dernière goutte exudant, en marbrures de sel, l'ossuaire de leur brève existence. Mon pied, de toute la force de ses douze ans , s'amusait à les lui arracher d'une brève pression sur son ventre mou, l'obligeant à recracher ces mortes nées d'un moment où le ciel à la mer enlacé racontait les tourments.
Ainsi traversons nous la vie, en vagues éphémères qui une fois passées s'en reviennent encore et encore en souvenirs doux amers.

kb....en remous

samedi, août 13, 2005

ce n'est qu'un au revoir

je n'allais tout de même pas partir sans un petit au revoir...à ma façon :)















le champ de blé jaune de Van Gogh



La feuille au vent se laisse bercer
une douce chanson que la pluie a versé
Ce n’est rien
Juste le temps qui passe
Au gré des saisons
Les blés reviennent
Les hommes s’en vont

kb...qui s'en va...pour quelques jours seulement :)

jeudi, août 11, 2005

le gay printemps chez lesbos

je sais que je suis en train de faire une petite entorse au programme du mois d'août qui se voulait dédié à la nouvelle mais je n'ai pas pu résister de réagir à certains propos...d'autant plus que ça reste une sacrée nouvelle!

En parcourant le forum du journal hebdomadaire, sur lequel je participais de manière tres active avant qu'il ne tombe sous le joug de la bêtise d'une majorité n'empruntant au dialogue que la fange verbale de l'insulte, je suis tombé sur ce post :

[Moi achari .m 27 ans :
Une question que nous nous devons d'aborder est la situation des milliers de Gay (toutes tendances incluses) au Maroc et leur exclusion dy paysage "officiel".

Je ne sais pas ce qu'il en est au Maroc, mais ici aux USA, ils apportent certainement une plus grande richesse culturelle et un esprit resolument plus urbain et tolerant a la ville ou je vis.

Je ne suis pas Homosexuel, mais j'ai rencontré qqes uns qui le sont ici aux USA, et ils ne sont pas plus mauvais que vous et moi. Ils ne demandent que de vivre normalement et d'etre heureux ensemble. Apres qqes jours, je les voyais presque en tant qu'homme et "femme", un couple charmant quoi. Cela peut etre difficile a imaginer par certains d'entre nous, mais si vous en avez l'occasion, essayer de vous faire une opinion basée sur des personnes reelles plutot que de repeter ce que vous entendez ou ce que le fkih du coin radote.

Dans cette discussion merci garder pour vous les arguments du style "c'est ecrit dans le Qur'an..." ou "Dieu le dit..." parce que ca coupe tout argumentation logique et scientifique. [ Barbus et obscurantistes s'abstenir ]" ]

Bon pour quelqu'un qui prêche la tolérance et une acceptation de l'autre dans toute son altérité je trouve son "barbus s'abstenir" tres exclusif ce qui le met finalement dans le même sac que ces obscurantistes. Comme quoi les exrtêmes se rejoignent toujours quelque part.

sinon question d'argumentation scientifique je dirais uniquement ceci :
"un trou de balle c'est fait pour chier et péter uniquement" maintenant que certains s'amusent à lui trouver une utilisation plus ludique en tentant par tout un artifice d'euphémismes de normaliser ce que scientifiquement (encore!!) on appelle une "déviation sexuelle" eh bien je trouve tout simplement qu'ils confondent péter et parler..sans doute à force d'un usage abusif du cunu-lingus !

kb....strato cumulus lingus (je sais ça n'existe pas encore mais j'innove)

mardi, août 09, 2005

Le mouton enragé - episode one



Vous avez sans doute pris pour habitude que l'on vous serve, comme entrée en matière d'une lecture, la traditionnelle phrase : "je suis né un jour de.....". Et bien pour une fois je chamboulerai cette coutume en commençant le récit de mon histoire par une autre tournure qui pourrait vous paraître pour le moins saugrenue.

Je suis mort un jour joyeux de la "grande fête", traduction littérale de "aïd el kébir", plus communément appelée "fête du mouton", suite à un malencontreux coup de bélier d'une pauvre bête qui ne semblait pas apprécier toute la gaieté morbide d'une journée où, les estomacs, stimulés par une année de pénurie "viandivore" , piaillaient de joie.

Les préparatifs allaient bon train. Depuis plus d'une semaine les aiguiseurs de lames en tout genres, allant du petit couteau à dépecer et son bout effilé, au grand couteau servant à égorger en passant par la paire de ciseaux à délainer, avaient envahi les rues de la ville. Le chant grinçant de leur meules rudimentaires accompagnait lugubrement les oraisons bêlantes des pauvres bêtes dont les regards affolés cherchaient à comprendre les raisons de cet exode forcé, les ayant conduit par milliers vers l'horizon funèbre d'une ville tant friande de viande.
Une semaine durant que les incessants convois de camions brinquebalants les déportaient inexorablement à destination des souks improvisés dans les espaces vides de la métropole, d'où ils transiteraient vers les terrasses, les patios, les salles de bains et les porches qui se transformeraient, l'instant d'une fête, en abattoirs domestiques...

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J'étais là, étendu sur les carreaux sanguines de la terrasse de mon immeuble, contemplant le ciel bleu, mon pantalon retroussé sur mes jambes, le couteau à saigner, ensanglanté, reposant encore sur ma main ouverte. C'était la première fois que j'appréciai à sa juste valeur la couleur azur de la voûte céleste, envahi par une sérénité jamais éprouvée auparavant. Un hurlement ,celui de ma femme...je crois, me parvenait, lointain, atténué par l'obnubilation de la beauté intense d'un ciel qui semblait m'appeler. Les cris de joie des enfants me parvenaient, déformés, de la rue, se mêlant à des pleurs, ceux de mes propres enfants...je présume...je ne sais pas, formant une douce mélopée, accompagnant merveilleusement cette sensation de transe dans laquelle je baignais. Je ne sentais plus mon corps, l'esprit totalement accaparé par une tâche dorée qui grossissait dans le firmament...Plus rien n'avait d'importance...juste la tâche...la tâche...

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C'est Miloud, fin connaisseur en matière ovine, qui m'accompagna le jour de l'incontournable rituel menant indubitablement au choix d'un futur sacrifié à la beauté en mesure de la bourse de son futur bourreau. Miloud, ce gentil garçon chômeur de son état ,fut amené à devenir mon voisin par la transhumance rurale conséquente à une longue période de sécheresse qui donnait cette couleur de sienne brûlée à notre campagne et d'ocre poussière à notre ville, desséchant le cœur des hommes au rythme de la calcination osseuse des bêtes crevées qu'on ne se donnait même plus la peine d'enterrer. Les charognards ailés se chargeaient de dépouiller les carcasses puantes de leurs derniers lambeaux de chair tandis que les charognards zélés du crédit agricole s'appliquaient à débarrasser les hommes de leurs derniers biens en lambeaux, faisant fuir bougres et bêtes vers des rivages plus cléments. Avec sa petite famille, constituée d'une femme rustique, quatre marmots crasseux, une chèvre teigneuse et trois poules béribériques, il avait débarqué un soir d'été en quête d'un vert pâturage en mesure d'assurer la pérennité d'une descendance vorace, chose qu'il semblait avoir trouvé sur la terrasse de notre immeuble jusque là qualifié de cossu. Il avait apporté une touche bucolique à notre bâtisse sobre et silencieuse, qui honorait fièrement les siècles d'une évolution architecturale la différenciant de ses congénères campagnardes. Nous n'étions d'ailleurs pas les seuls à subir les effets secondaires de cet inexorable exode qui vidait nos campagnes et "ruralisait" nos villes.

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La tâche qui grossissait doucement dans le bleu du ciel semblait maintenant onduler, ce qui me la fit d'abord prendre pour un oiseau. Ma tête roula involontairement sur le côté m'apportant la vision d'une autre tête, affalée museau contre terre dans un sourire figé. Elle me regardait de ses yeux bleuâtres, vides d'expression. Le hurlement qui résonnait depuis un moment déjà dans mes oreilles se fit plus fort.
- « il est en train de mouriiiiiiiir….il est en train de mouriiiir! »
Mais qui donc était en train de mourir? Qu'y avait-il de si extraordinaire dans tout cela? Un mouton était bien fait pour mourir en ce jour de fête, perpétuant ainsi le geste ancestral de la grâce divine qui sauva la vie d'Ismaël au grand dam de la race ovine ! Qu'étais-je en train de faire allongé par terre? Le mouton…..il fallait tuer le mouton ! Je tentais de me relever mais je n'avais plus de corps. Sous la tête biscornue qui me regardait placidement j'aperçus une tâche grandissante d'un rouge vif qui brunissait sur les bords. Le temps s'était arrêté. Un chien aboyait…la sirène d'un bateau meuglait au loin, signalant son départ...mon départ...et cette tâche qui grossissait....


kb....à suivre

lundi, août 08, 2005

La porte

une aquarelle de monique Thieblemont


Je ne savais plus depuis combien de temps j’étais assis là, sur cette chaise qui grinçait à chaque fois que je croisais ou décroisais mes jambes.
De temps à autre je tirais avec avidité sur ma cigarette en regardant, à loucher, l’incandescence qui s’intensifiait au bout de mes doigts. Un mélange d’odeur de girofle et de moisi flottait dans l’air. Les objets de la chambre, grande, se cachaient dans la douce pénombre qui m’entourait, fuyant le carré de lumière étalé à mes pieds, déversé par l’étroite fenêtre juste en face de moi.
Mon regard s’attarda un moment sur le bleu intense du ciel, m’obligeant à cligner des yeux, puis descendit doucement vers le bout du chemin qui, d’une pente légère, menait vers la maison. Un homme, tête baissée et mains dans les poches, s’approchait lentement. Son allure m’était familière. Je plissai des yeux pour essayer de distinguer son visage, sûr de le connaître. Il était tout proche maintenant. Ses cheveux, qu’un vent léger ramenait sur son visage, m’empêchèrent d’en voir le haut. Au moment où il atteignit la porte, je remis derrière l’oreille, d’un geste sec, mes cheveux qui pendaient sur le côté de mon visage, me levai prestement vers la porte et en saisis la poignée.
J’ouvris doucement la porte qui donnait directement sur une grande chambre plongée dans une douce pénombre. Je sortis de ma poche mon paquet de cigarettes et m’installai sur la chaise baignée par un carré de lumière que déversait l’unique fenêtre…

© Khalid Benslimane
Pleutil

vendredi, août 05, 2005

L'amour divan


la tricoteuse - toile de Bouguerau Willam Adolphe

Affalé sur son fauteuil une canette de bière à la main, il laissa tomber la télécommande de l'autre et entreprit à grands coups de "grunch…grunch" à se gratter, ostentatoire, l'entrejambe en se raclant la gorge. Elisa, qui tricotait sagement sur le divan une écharpe pour sa tante amandine, se crispa brusquement et tendit une oreille dressée par des années de soumission docile pour s'assurer du son signalant l'envie lubrique du tas immonde qui lui servait de mari. " grunch…grunch…hum…..hummmm..grunch…". l'estomac noué, elle jeta un bref coup d'œil en direction de l'amas de graisse nauséabonde. Elle croisa le regard de ses petits yeux qui la contemplaient, brillants d'une avidité égoïste. Cette façon qu'il avait de la fixer en ces moments là, lui procurait la sensation d'une caresse glacée parcourant ses entrailles révulsées pour empoigner finalement son estomac qu'elle ne lâcherait que plusieurs jours plus tard. Elle devinait beaucoup plus qu'elle ne pouvait l'expliquer que l'objet de ce regard n'était pas vraiment elle, mais son plaisir à lui revêtu de son corps à elle. Un fois, rien qu'une fois, elle aurait voulu qu'il la regarde autrement. Elle aurait voulu sentir une lueur de tendresse, un brin de complicité…de la compassion…un doute peut être ou ne serait ce qu'une interrogation. Elle aurait voulu pour une fois au moins exprimer sa réprobation donner son approbation, sentir qu'elle existait en dehors de son statut d'objet.
Il se leva en titubant, s'étira faisant sortir sa bedaine sous son débardeur tâché de moutarde, et s'approcha vers elle d'un pas lourd en se tapotant la panse de ses deux mains aux ongles crasseux. Ses doigts à elle s'étaient arrêtés de tricoter, crispés sur ses aiguilles, centre d'intérêt soudain de son esprit vidé……
Il la besognait à même le divan, la tête renversée en arrière, ponctuant ses coups de boutoir de râles et de ahans . il s'arrêtait de temps à autre pour avaler une gorgée de bière et reprenait son va et vient interminable…douloureux. La tête inclinée sur le coté elle regardait toujours de ses yeux vides les aiguilles à tricoter prisonnières dans sa main droite en pleurant doucement. Son pleur se transforma bientôt en un gémissement de douleur morale plus que physique. Excité par ces gémissements qu'il prenait pour une montée de plaisir, Dan accéléra son labourage. Il ahanait…elle gémissait……le divan grinçait. Dans la rue un chat miaulait….une sirène au loin hurlait la mort.
- "dis moi que tu m'aimes" sanglota Elisa
- han ! han!……souffla le phoque
- Je t'en supplies! Dis moi que tu m'aimes
- Han! Han! Han!……
C'était la seule expression d'amour qu'il savait témoigner, comme un train témoigne aux vaches par son mouvement régulier qu'elles étaient capables de percevoir autre chose que l'herbe grasse sous leur nez. La main d'Elisa se crispa un peu plus sur les aiguilles. Leur froideur métallique calma l'hystérie qui bouillait en elle. Elle s'était tellement tue, tellement écrasée….tellement un tas de choses. Elle était aussi froide que les aiguilles…
- "dis moi que tu m'aimes" le supplia-t-elle une dernière fois un sourire étrange sur les lèvres
- han! Han……..
Apaisée par le contact glacé des aiguilles, elle se mit pour la première fois de sa vie à éprouver du plaisir. Son mouvement des hanches, d'abord imperceptible, alla en s'accélérant rejoignant bientôt l'intensité de celui du pachyderme qui soufflait de plus en plus fort
- c'est bon…râla l'éléphant….
elle tourna brusquement la tête pour le regarder. Dan avait toujours la sienne rejetée en arrière. Seuls les deux grosses veines sur son cou, battantes comme des tambours, s'offraient à son regard. Sa main partit, en même temps que son premier orgasme, d'un violent mouvement charriant toutes ces années de retenue docile. Maintenant les aiguilles enfoncées dans le cou de dan qui la regardai vraiment pour la première fois, la bouche ouverte, elle ondulait comme une anguille soulevant la masse désormais immobile de son énorme compagnon. Elle était heureuse. Le sang coulait abondamment le long de son bras. C'était la première sensation vraiment chaleureuse qu'elle percevait chez ce mari si froid et surtout…..pour la première fois il la regardai vraiment autrement.

kb...pour chambrer le copain Dan, poète jusque dans son caleçon :)

mercredi, août 03, 2005

Trouduc

J'enfilais des gants en latex, assis sur mon tabouret tournant, attendant que l’homme se mette à quatre pattes sur la table d’auscultation. Je pratiquais le métier de gastro-entérologue depuis plus de quinze ans maintenant et je m’étais accoutumé à la gêne éprouvée par les malades à se mettre dans cette position quelque peu incongrue. J’avais pris l’habitude de m’affairer faussement à renseigner un rapport ou à faire semblant de préparer les ustensiles déjà soigneusement disposés par mon assistante méticuleuse. Ce petit rituel rassurait et dissipait la gêne de mes patients. Cependant, cette fois ci je ressentais moi même une gêne inexplicabler. Au fil des ans je m’étais entraîné à ne pas regarder dans les yeux les malades qui fréquentaient mon cabinet , ayant constaté que cela les mettait mal à l’aise. Juste quelques brefs regards pour éviter qu’ils ne prennent mon attitude pour un désintéressement de leur tracas. En attendant que l’homme finisse de se mettre en place je renseignais les fiches des patients précédents. Celui ci était le dernier de la journée.

Nadia, mon assistante passa sa tête par l’embrasure de la porte

- je peux partir monsieur. Il est dix neuf heures trente et je dois...

Je l’interrompis d’un signe de la main en souriant, lui faisant savoir qu’elle pouvait disposer. L’homme n’était pas très bavard. Il avait juste marmonné qu’il se plaignait de douleurs en pointant sa main vers son postérieur. Je m’arrêtai d’écrire me rappelant un détail : en plus des lunettes noires qu’il avait gardé malgré la lumière calfeutrée, il portait également une paire de gants en cuir. Nous étions pourtant au mois d'août. De plus en plus perplexe je me rappelai le fait que ses jambes étaient plus longues que la normale, faisant paraître son buste plus court comme celui d’un bossu. De plus il se déplaçait d’une drôle de manière. J’avais d’abord pensé que c’était à cause de la douleur mais j’en doutais maintenant. Je me levai, mal à l’aise, et me dirigeai vers la table.

- " Nous allons voir tout ça, ça doit pas être bien grave " lui dis-je, essayant de détendre l’atmosphère. Il me semblait que l’air se solidifiait. Ahuri, je regardai passer une mouche devant moi. Ma stupeur n’était pas due au fait du spectacle banal d’un vol de mouche. Autant qu’incroyable que cela puisse vous paraître, je percevais le battement de ses petites ailes comme dans une séquence au ralenti. Je tendis un doigt et lui caressai du bout de l’ongle la tête. Je retirai vivement la main. Elle avait ronronné de plaisir....si ...si je vous assure. Elle me souriait de toutes ses mandibules. Une sueur froide suinta le long de mon échine. Je revins vers le bureau. L’homme sur la table poussa un petit ricanement. Que diable était-il en train de se passer ? j’avais sûrement du trop travailler ces derniers temps. C’est cela ! ça devait sûrement être le stress. Je me servis un grand verre d’eau ; ce qui me fit beaucoup de bien.
J’avais sûrement imaginé tout cela et je voyais déjà ma femme se moquer de moi lorsque je lui raconterai ces visions. J’allais reposer le verre sur le bureau quand celui-ci me glissa de la main. Je le regardai tournoyer lentement, flottant un moment dans l’air, avant d’entamer une lente descente vers le sol. Voilà que ça recommençait ! le verre cogna sans bruit contre le coin du bureau et se mit à tournoyer dans l’autre sens. De temps à autre j’entendais un petit bruit sec. Je mis un certain moment à réaliser que c’était le tic tac de la pendule. Il battait au ralenti faisant, comparativement, paraître les battements de mon cœur à un roulement de tambour. Mes mains étaient moites et de grosses gouttes de sueur perlaient sur mon front.

- " je suis prêt " dit l’homme, ponctuant sa phrase par un ricanement bizarre. Je me sentais mal. Je jetais un coup d’œil dans sa direction. Il était agenouillé et déculotté, le buste penché en avant, appuyé sur ses coudes. La toison brunâtre qui recouvrait ses jambes et ses fesses était tellement dense qu’on ne pouvait voir sa peau. Le verre chutait toujours en tournoyant. Sa tête, comparée à son postérieur, était toute petite. Le verre tournoyait toujours. Il me regardait à travers ses lunettes et je m’aperçus que derrière sa bouche sans lèvres, juste une fente bordée de plissures, il n’avait pas de dents. Le verre chutait... encore et encore. J’avais besoin de prendre l’air. Le verre tournoyait interminablement.

- " excusez moi une petite minute " arrivai-je à articuler. Je me dirigeai en titubant vers la porte donnant sur la réception et l’ouvrit sèchement. Nadia qui avait fini de mettre de l’ordre enfilait sa veste, s’apprêtant à partir. Elle s’interrompit en me voyant :

- " quelque chose ne va pas monsieur ? vous êtes tout pâle !"

Je pris un stylo de ma poche et le laissai tomber. Il alla s’écraser le plus normalement du monde par terre. Nadia me regardait médusée.

- " vous êtes sûr que ça va ? "

Tout paraissait normal dans la réception. La trotteuse de l’horloge murale sautillait de son petit mouvement marquant les secondes telles que les avaient toujours conçues mon esprit.

- " voulez vous que je reste ? "

- " non....non ! vous pouvez partir....ça n’est rien, juste une petite migraine. D’ailleurs je n’en n’ai plus que pour une dizaine de minutes " tout en disant cette phrase je la poussai gentiment vers la porte que je refermai après elle.

Je revins dans la chambre d’auscultation et m’adossai contre la porte, le temps de reprendre mes esprits. Je pris une grande bouffée d’air et me dirigeai vers le patient qui devait sûrement être en train de perdre patience.

- "je suis à vous " lui dis-je, saisissant au passage l'endoscope. Il maugréa je ne sais plus quelle réponse. Sa voix semblait provenir de loin. J’enduisis le bout de l’appareil de vaseline et m’apprêtait à le sonder lorsque je remarquai un repli de peau émergeant des poils juste au dessus de son anus. J’approchai mon visage pour mieux voir l'excroissance et... vous ne devinerez jamais... ce que je prenais pour un repli de peau était en fait une paupière. Elle s'ouvrit brusquement sur un œil vert à la pupille en fente, comme celle d'un chat. Suffoquant de surprise je tombai à la renverse entraînant dans ma chute la table aux ustensiles. Au moment ou je touchai le sol j'entendis un " crash " provenant de sous le bureau... c'était le verre... mon dieu ! Il venait à peine d'atteindre le sol. Les éclats de verres remontaient telle une gerbe d'eau, tournoyants et projetant des reflets de lumière colorés. Le tube souple de l'endoscope qui m'avait échappé de la main dansait tel un serpent au dessus de ma tête, à côté des ustensiles tombés de la table et qui maintenant tournoyaient sinistrement en l'air.
Je me redressai sur les coudes... la tête me tournait. L'homme... la chose me regardait de son œil unique. Ce que j'avais pris pour son postérieur était en fait sa tête, velue comme celle d'une araignée. Il... elle... je ne sais plus... avait quitté ses chaussures et ce que je pensais être des pieds déformés étaient en réalités des mains aux doigts étonnement longs et pourvues de griffes noirâtres. Il était assis, à la manière d'un chien, un bras au dessus de l'autre tapotant des doigts sur la table... mon cœur battait la chamade...
- "bonjour trouduc"

il avait parlé d'une voix rauque. On ne m'avait plus appelé trouduc depuis le lycée. Un hurlement me montai à la gorge. Il ouvrit son an...sa bouche sur des crocs jaunes et tranchants. Sa langue se détendit, comme celle d'un crapaud, et vint s'enrouler autour de mon cou... je me mis à hurler.

Je hurlais comme un damné les mains accrochées au col de mon pyjama. Ma femme me secouait pour me réveiller. Je continuais à hurler un bon moment encore avant de réaliser que j'étais assis dans mon lit, trempé de sueur. Mon épouse était terrorisée. Je la rassurai en lui disant que j'avais fait un cauchemar et me levai lentement pour me diriger vers la salle de bains. Ce rêve me paraissait tellement réel... je devais prendre quelques vacances. J'appellerai Nadia pour lui dire d'annuler tous mes rendez-vous pour la semaine prochaine. Je m'aspergeai le visage et me rempli un grand verre d'eau pour me rafraîchir. Je ressentais une petite douleur... au niveau de mon anus. Non ! Manquerait plus que j'aie les hémorroïdes ! Ça serait le comble pour un gastro-entéro. Je me mis à rire, tout seul comme un fou.

- " tu devrais consulter un psy ! " cria ma femme qui m'avait entendu rire " à force de tripoter les trous de balles t'as du certainement pété un plomb "

- " t'en fais pas ma grande " lui répondis-je en riant.

La douleur se faisait plus forte dans mon bas du dos.

- " de toute façon dès demain je me paye une semaine de congé ".
J'avais de plus en plus mal. Je baissai mon pantalon de pyjama et saisi une petite glace pour voir l'origine du mal. Bon dieu !... le miroir me glissa des mains et resta suspendu en l'air en train de tournoyer... un œil... j'avais un œil... vert... juste au dessus de l'anus...


kb...les effets secondaires d'un excès de chorfitude :) :)

mardi, août 02, 2005

Ducon

chose promise chose due...






Ducon se réveilla ce matin là pas plus con que la veille ni moins con qu'il ne le serait le lendemain. Il regarda un long moment d'un œil éteint sa paire de pantoufles rangée soigneusement au bas du lit, essayant de se rappeler à qui elle pouvait bien appartenir. Elles lui plaisaient énormément ces charentaises. C'était d'ailleurs la raison qui l'avait poussé à les acheter mais ce genre de détail ne pesait pas lourd dans la balance de sa mémoire éthérée.
Il regarda à gauche puis à droite et, rassuré que personne ne le regardait, se mit à sourire à l'avance du plaisir certain qu'il allait ressentir en enfonçant ses gros pieds dans la tiédeur de ces attirantes chaussures. Il ronronna de plaisir en y introduisant délicatement ses gros petons puis se mit à rire comme un enfant.
Ducon était grand, très grand même et d'une force dont il ne mesurait pas toujours l'intensité. dans sa tête il y avait des champs de fleurs parsemés de cris d'enfants qui jamais ne pleurent. Il était beaucoup plus vivant du dedans qu'il ne le paraissait du dehors. Lorsque il souriait il avait l'air d'un enfant, certes un peu démesuré par la taille mais plus enfant dans l'apparence qu'un vrai petit mioche. On apercevait à travers ses dents éparses la noirceur de ses angoisses. La peur continuelle qui lui tenaillait les entrailles avait déteint sur le bleu de ses yeux le rendant d'une intensité déferlante de vagues chargées d'embruns.
Il se leva lentement, s'étira et sourit longuement à ses pantoufles avant de se diriger d'un pas rapide vers le placard. C'était ce moment là qu'il appréciait le plus dans la journée, lorsque en ouvrant la porte du débarras le visage de sa mère remplissait sa vue de son sourire figé dans un profond moment de tendresse.
- bonjour mam……il poussa un hurlement ! un gros rat était en train de manger l'œil droit de sa pauvre maman. Il broya le rat dans sa main en rageant et en pleurant.
- pardon maman ….pardon maman …il recommencera plus….je te promets!
Il n'avait jamais compris pourquoi sa mère s'était arrêtée un matin de bouger…de respirer, mais ça n'était pas un genre de détail à retenir son attention assez longtemps. Il l'avait laissée dans son fauteuil roulant et l'avait habillée de cette robe qu'elle aimait tant. Elle l'avait portée pendant ce bal ou elle rencontra son père pour la première fois…et pour la dernière fois aussi. Aussi brève que fut la rencontre le fruit n'en fut pas moins énorme…………



kb...votre lecture d'été...apres Laroussi bien entendu :)

lundi, août 01, 2005

la saison des foins

c'est juste une info

nous informons donc notre aimable clientèle que le mois d'aôut sera dédié aux nouvelles.... des grosses des petites des vertes et des pas mûres...
septembre, comme il fera certainement gris, on parlera politique et de votre budget qui en prendra pour son matricule
en attendant bonnes vacances à ceux qui partent

kb..version 1.2

Il y a de l'eau de là dans mon benzine

intermède...pour ne pas vous assommer de lyrisme :)

[Le Coran : un acte de communication

Le Coran, pour le croyant, est un message du Ciel vers la terre. C’est-à-dire qu’il constitue un acte de communication. Le processus de révélation qu’il représente permet de distinguer :

1) - un « émetteur » : le Seigneur qui parle ;
2) - un « récepteur » : en l’occurrence le Prophète Muhammad (la Paix et la Bénédiction soient sur lui) ;
3) - un code de communication : la langue arabe ; et
4) - un « canal » : la Révélation. Six éléments apparaissent, conformément à ce que permettent d’observer les théories de la communication : le Message (1), son « Expéditeur » divin (2), le destinataire (3), le « contact » que représente la Révélation (4), le code qui est constitué par la langue (5), et le contexte (6). Car le Coran se présente bien comme un Message envoyé par Dieu à Muhammad et, par lui, à toute l’humanité, à travers une Révélation qui s’est étendue sur vingt-deux ans, dans un contexte bien déterminé qui est celui de l’Arabie du VIIè siècle, dont la langue était l’arabe.]

Rachid Benzine


Ça me rappelle étrangement un fil que j'avais ouvert sur un forum du journal hebdomadaire et malheureusement tombé à l'eau par l'activisme incongru de certains "pignoufs" mais bon passons...

R.B tente de cerner, dans sa démarche académique cartésienne, la problématique du processus de perception, de la transmission à l'interprétation, du message divin.
Mais voilà que d'emblée, par une approche sémantique cartésienne visant à désacraliser le texte, il pêche par ce dont il reproche à un grand nombre dans leur manière d'aborder le Coran : une utilisation en découpage hors contexte !
J'en arrive presque à me demander quel rôle à joué notre prophète (que le salut l'accompagne) qui se voit relégué dans cette analyse à un simple poste à transistor. Je suis certain que si Dieu avait voulu d'un simple récepteur/émetteur il aurait pu, dans sa grande magnificence, transformer les totems de l'époque en radios transistors qui nous auraient débités de la manière la plus appropriée qui soit sa divine parole.
Si la classification de R.B s'appuie sur une démarche cartésienne elle n'en n'omet pas moins quelques points clé qui faussent toute sa démarche analytique
(1) "un émetteur", Dieu (soubhânah) en l'occurrence...là il n'y a rien à redire
(2) "un récepteur" le prophète ('alayhi assalam) en l'occurence...là il y a à dire...j'y reviens plus bas
(3) (4) et (5) ça peut aller
(6) le contexte...il y a dire aussi...beaucoup même

Pour le (2), personnellement j'aurai rajouté (bon je sais ...je ne suis pas chercheur au CNRS) à l'étiquette de "récepteur" une fonction toute aussi importante sinon la plus importante : "décodeur", car si Muhammad (saw) fut le "réceptacle" sacré du message divin il n'en demeure pas moins le premier interprète et certainement le plus en mesure, les prophètes n'étant certainement pas choisis au hasard, de transmettre, au delà des simples mots, le plus fidèlement ce message contenant une forte charge émotionnelle.
Il serait tout aussi prétentieux qu'inconcevable de banaliser, comme le fait R.B, cette communication, qui fut d'abord communion, établie lors d'une rencontre que l'on peut certainement qualifier de "troisième type". Comme il serait absurde de se référer à un moyen de communication primaire, comme le langage parlé tel que nous le concevons dans notre dimension humaine. L'islam avant d'être parole est d'abord "émotion" dans son sens le plus absolu. Une émotion transmise de dieu vers une entité plus en mesure (par rapport à l'homme bien sûr) de la concevoir dans son intégralité, à savoir l'ange, et finalement de l'ange vers l'homme le plus en mesure de ressentir cette charge émotionnelle(prophète) et certainement choisi comme tel car jugé capable de la retransmettre en dehors de tout contexte autre que celui de "l'homme partie intégrante de l'univers".
Et si R.B met souvent en cause le "hors-contexte" il n'en commet pas moins le même impair en abordant la lecture du Coran en dehors de l'interprétation mahométane.
Celui qui ne ressent pas cette émotion, malgré tout son savoir faire "céénériste", n'aura fait durant toute son analyse que rester sur le bas côté de la "pensée" islamique.
C'est ce qui différencie les penseurs d'antan qui ont su "partager", car il s'agit bien de partage, cette émotion, de ces nouveaux penseurs de l'islam plus soucieux de donner le "LA" en accordant le diapason de cette pensée à on ne sait quel contexte sécuritairement "matérialiste" de la vie contemporaine.

Kb...le contexte c'est l'homme

Les chiens de faïence



Ballottées par les vagues souvenirs de nos lointaines étreintes, mes pensées naviguent à travers la mer de l’indifférence qui nous sépare. Combien de fois sont elles venues à l’abordage de ta passion, ombre éteinte qui fendait les eaux noires de ma crainte. Quels mauvais vents ont-ils soufflé sur les voiles de notre amour ? dragons rageurs, déchaînés par les battements des tambours de nos cœurs. Nous voilà par leur malheur échoués sur le rebord de cette cheminée si froide qui se réchauffe, morbide, des cendres agonisantes de nos amours. On se regarde du coin de l’œil, pétrifiés par l’incertitude de notre lendemain, guettant l’espoir d’une lueur sur nos yeux de porcelaines…..

kb...bibelot