MA ROQUINERIE

"laissez l'onde aller légère aux sources du souvenir...c'est là que se trouve le meilleur à venir" kb

vendredi, juin 17, 2005

Souvenirs d'Asilah

Asilah, vue extérieure des remparts

Il est des instants magiques que notre esprit captive jalousement et pour toujours pour en faire un feu de bois qui illumine nos instants de tristesse.
Je me souviendrai toujours du regard de mon oncle, pêcheur de son métier, lorsque je l'accompagnais sur sa grande barque à moteur. Il devenait plein de vie…plein de tendresse, communiquant, comme une fièvre contagieuse, son amour de la mer.
Je me rappelle de ce jour d'été comme si c'était encore hier. On avait laissé filer les filins à moins d'un mile au large d'Asilah, juste au dessus du banc de corail. la pêche s'annonçait bonne et on avait déjà en une heure à peine remonté plusieurs gros pagres. Le soleil qui se couchait sur une mer d'huile était magnifique. La barque ne bougeait que par nos mouvements silencieux de va et vient d'un bord à l'autre pour remonter ou laisser glisser un filin. Mon oncle était myope et portait des lunettes à monture d'écaille avec de gros verres. Je regardais le disque flamboyant d'un rouge vif descendre majestueusement vers l'eau.


- "c'est merveilleux" dis-je.
Mon oncle suivi mon regard sans rien dire
-"tu le vois au moins" ajoutai-je bêtement pour m'assurer qu'il était en mesure de saisir la beauté de l'instant.
il se mit à rire. Je me souviendrai toujours de ce rire qui lui sortait du fond de l'âme parfumée de varech.
- je sais que je suis myope…mais pas aveugle au point de ne pas voir ce beau soleil!
Et il repartit à rire de plus belle
- sacré khalid répéta-t-il plusieurs fois…


je le regardais rire en riant moi même, et je ne sais pas pourquoi j'eus cette pensée ou amour et peur se mêlaient de manière étrange. Tu ne dois pas mourir me dis-je! Non pas encore nous avons encore tant besoin de toi…


il est mort cette même année à l'âge de soixante deux ans.


Khalid Benslimane

vue des remparts


Vue de l'intérieur des remparts

5 commentaires:

  • À 9:03 PM , Anonymous Anonyme a dit...

    bonjour Khalid, c'est l'abondance la plus magnifique ici
    écoute, tes récits proches de toi à l'intérieur et de ce que tu ressens touchent très fort, sont superbes, faibles mots pour dire
    on dirait du Le Clézio

     
  • À 6:26 AM , Blogger kb a dit...

    bonjour Leezie..content de ta visite et merci pour le lien sur l'insoluble

     
  • À 11:47 AM , Anonymous Anonyme a dit...

    Sous le charme irrésistible de l'inspiration, vous m'inclinez devant la grâce de la majestueuse antipode: l'antipode de l'Ecriture.
    Une antipode qui en ce jour m'accorde l'amnestie après trois années d'exil dans le noirâtre du pessimisme.
    je me sens nouvelle, et affranchie des carcans de la confusion, je me retrouve enfin.
    Vous m'enivrez.
    Un Grand Merci

    oumelghit

     
  • À 2:33 PM , Blogger kb a dit...

    tchin oumelghit! :)

     
  • À 8:18 PM , Blogger Houdac a dit...

    Un autre souvenirs que j'ajouterai aux miens...
    Avec l'élan de la jeunesse on célébre la joie, les amis, les fêtes... et il nous arrive souvent d'oublier la mort.
    Je penserai à un oncle affectueux, à tous les oncles affectueux qu'on perd chemin faisant, à chaque fois que j'assisterai à un coucher de soleil à Assilah...

     

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