MA ROQUINERIE

"laissez l'onde aller légère aux sources du souvenir...c'est là que se trouve le meilleur à venir" kb

dimanche, juillet 31, 2005

âme

J'ai longtemps marché sur le bord de mes rêves
Là ou l'horizon de la mémoire
Enchevêtre d'une brume diffuse
Raison et cœur
J'aurai tant voulu que le ciel
Dépourvu de nues
S'éternise à jamais dans les bras de la mer
Mais l'ombre qui fuse
Consumant le jour d'une incandescence étoilée
Arrive toujours
A me désarçonner
Et c'est la nuit
Lorsque toute chose s'endort
Que s'éveille mon âme
Assoiffée
elle s'en ira boire quelques gouttes de songe
qui aux rayons du jour
feront naître l'espoir

kb...au fil des jours

samedi, juillet 30, 2005

Solitude toulousaine




je dis: seul!... et enivré par l'évanescence du souvenir de ton visage une mer de solitude me submerge de ses vagues à l'âme languissante.
l'écume de ces jours où tu n'est pas, recouvre les murs de la ville rose altérant sa beauté de mes mille et une pensées moroses.
il fait trente huit degré pourtant...j'ai froid.


kb...un été à Toulouse

Absence


photo : José Antonio Alegria


La Blancheur du plafond reflète mon âme vide où quelques notes éparses faites de mots livides se désaccordent à l'unisson.
Je me contemple un moment sur cette toile jusqu'au fond du blanc des yeux sur lequel navigue le souvenir de ton visage. Le lit ,creusé de ton empreinte, m'invite narquois à m'enfoncer dans le désarroi de ton absence. Je ne me souviens plus du temps que tu as fermé en claquant la porte. La pendule s'est arrêtée de compter les battements des volets de mon cœur sous un vent qui fait briller les dernières braises d'un amour qui me consume. Le silence me raconte ta voix. La nuit me décrit ta lumière qui éclabousse mon regard. Mes larmes coulent dans le souvenir des eaux profondes de ton regard qui s'efface….qui m'efface d'une blancheur de ce plafond dans lequel petit à petit…je me fond.

kb....seul

Regards

photo - magnum


A tous ceux qui semblent penser que la "poésie" se limite à des rimes savamment agencées pour exprimer une vague émotionnelle, laissez moi leur raconter cette petite histoire qui m'a été inspirée suite à une discussion sur un des forums relatif à la poésie de notre charmant site (ecrits-vains.com) :





- Regarde grand père!
L'enfant pointait son doigt en direction de la petite colline sur leur droite tout en tiraillant la robe poussiéreuse du vieil homme. La caravane se traînait comme un serpent harassé par le soleil de plomb qui semblait prendre un malin plaisir à les suivre partout.
- Comment appelle-t-on cet arbre? je n'en ai jamais vu de plus beau!
- Quel arbre je ne vois rien du tout!
L'enfant éberlué regarda son grand père puis l'arbre...puis de nouveau son grand père
- Là grand père! ..cet arbre géant aux feuilles pourpres et luisantes comme les rubis sur l'épée du prince d'ashgar...l'histoire que tu me racontes tous les soirs pour m'endormir.
- Je ne vois rien petit! il baissa la tête et regarda l'enfant, fronçant les sourcils d'un air perplexe...non.. aucun signe du mal des sables n'était visible sur le visage étonné et serein de l'enfant qui, à son regard émerveillé, devait sûrement contempler quelque chose de fabuleux.
Il attrapa le bras d'Ali qui remontait à contre courant la caravane, une outre sur le dos, à la recherche d'une soif qu'il épanchait d'une eau parfumée au "qatran" [1]servie dans un petit bol en cuivre.
- Vois-tu quelque chose...là bas sur cette colline?
Ali jeta un bref regard dans la direction indiquée et s'éloigna en riant
- Il n'y a rien du tout à part ta mort certaine si tu reste planté là à regarder les mirages de ta cervelle ramollie!
Le vieil homme était fatigué d'avancer sans but. Toute sa vie il avait sillonné le désert pour satisfaire les autres. Il se tourna vers l'enfant
- Prêtes moi ton regard petit!
L'enfant lui tendit son regard innocent.
Et il le vit! dans toute sa splendeur, résumant de son ombre toute la poésie du monde. Il entendit les rimes profondes chantées par ses feuilles merveilleuses. Toute son existence il l'avait cherché en vain. Toutes ces nuits passées à chanter sous les étoiles ses refrains...sa faim.
Il était là! à la portée d'un regard enfantin. Il prit la main de l'enfant qui souriait et se dirigea vers la colline.
- Viens petit! rentrons chez nous……



La poésie à toujours été là. Nous ne la faisons pas; nous l'exprimons seulement. Chacun à sa manière, en fonction des capteurs sensoriels dont nous a doté la nature et que notre héritage culturel à aiguisé…peaufiné. J'aurais tant aimé chanter mes vagues émotionnelles à la manière d'un Rimbaud d'un Hugo, d'un Appolinaire, d'un N'Guyen, d'un Almoutanabi ..mais je ne saurais faire. En suis-je moins poète pour autant? Ce soir pourtant, à la veille d'une nouvelle guerre, il ne me vient qu'une seule envie; celle de pleurer. Sur mes yeux embués se dessine le regard désuet ,du reste d'enfant qui est en moi, sur ce qu'aurait pu être le monde.
Je sais que mes larmes couleront longtemps encore après que la dernière bombe se sera tue. Je me demanderais alors si les enfants, errant entre les décombres, jetterons encore ce même regard innocent, que j'arrive encore à leur emprunter par moments, sur ce qui sera leur nouveau monde.
Il me tarde tant de rentrer chez moi aussi……..

[1] qatran : Traduction littérale de l'huile de cade en arabe

kb...écrit juste la veille de l'invasion Irak (encore...) :)

Le chant du muezzin


une toile de Jean-Léon Gérôme
1865
















C’est la nuit que la lune s’abreuve d’une langue livide à fendre l’océan. La soif du loup n’est rien au désir qui hurle en silence, lorsque les portes du sommeil ouvrent l’infini du regard où s’échappent tous les secrets. Quelle ligne de rêve mène vers demain ? Un souvenir d’enfance ou une blessure d’Eve ? Purulente d’instants éphémères jetés en pitance à l’insaisissable du bonheur.

C’est la nuit que se parent les démons de toutes les peurs pour la danse effrénée des élans de nos cœurs, à vibrer la membrane fragile de l’espoir des hommes. Le soleil n’est qu’un leurre qui occupe le temps à décompter nos heures.

C’est la nuit que les âmes, libérées d’un corps en offrande à Morphée, s’éveillent à la mémoire qu’ils farfouillent de leurs doigts d’ivraie à la recherche des miettes de nos essences vraies. La vie n’est qu’un leurre. Au chevet du malade, la nuit au visage étoilé raconte la douleur.

C’est la nuit qui détale au chant du muezzin, corne de brume éparpillant nos rêves au soupir de l’aube lorsque l’espoir revient. Le soleil est un leurre car la nuit n’est pas loin. Cachée sous les pierres, elle reviendra demain.

kb

jeudi, juillet 28, 2005

Je suis anti américain....mais on me soigne!



pour faire plaisir à Dima...un illustre analphabète

Passé l'orage, les gouttes d'eau agonisantes s'accrochent désespérément aux vitres poussiéreuses à travers lesquelles le ciel, écœuré, chaque matin me contemple. Elles me regardent un moment, formes spectrales suppliant mon aide de toute leur âmes transparentes, puis finissent inexorablement par glisser dans leur propre sang qui se mélange à la poussière, faisant briller lugubrement les carreaux sous les premiers rayons d'un soleil timide.

Aujourd'hui je ne vous parlerais pas de guerre, il pleut dehors et je n'en ai vraiment aucune envie. Non! Je n'ai pas envie de parler de ces regards suppliant en silence et pour qui l'orage tarde à passer. Je sais qu'ils glisseront inexorablement sur les écrans de nos télévisions à travers lesquels nous contemplons le monde en nous disant, calfeutrés dans nos divans," bon dieu! Qu'il fait bon vivre chez nous", mais pour combien de temps encore ? Ils glisseront encore et encore pour aller se mélanger à la poussière laissant d'invisibles traînées de sang sur notre fenêtre cathodique.

Non je n'ai aucune envie de parler de cette guerre qui à l'origine avait pour objectif de chasser par des " frappes chirurgicales " ces monstrueux tyrans menaçant le monde par leurs armes " massivement " destructives. Je ne parlerais pas de cette " sale " guerre où même la langue, utilisée dans sa manière la plus sournoise, devient complice. La force des mots y est autant explosive que la force de frappe. Une guerre ou les " Bombardements massifs" se voient leur impact psychologique sur l'opinion mondiale minimisé par l'euphémisme " frappe ". une guerre où la notion de chirurgie y est pratiquée à la manière d'un apprenti boucher. Une guerre où personne n'est dupe quant à l'objectif implicitement flagrant de préserver l'"american way of life " aux " élus " de la nouvelle conception du monde.

Je n'ai pas envie d'en parler parce que le prix du hot dog revient démesurément cher en vies humaines, le verre de coca exagérément cher en sang appauvri par l'uranium du même nom. Je ne veux plus en parler car dorénavant je sais que dans ce nouvel ordre mondial , où la sacro-sainte " démocratie " légitime toutes les exécrations perpétrées en son nom, chaque fois que nous actionnerons le bouton de notre mixer pour préparer notre petit " milk-shake " tout en lisant les exploits des légions " démocrates " contre les tyrans, ce geste anodin coûtera la vie à une poignée de progéniture humaine. Je ne pourrais m'empêcher de voir, à chaque fois qu'un " élu " du nouveau monde se brosserait les dents, les lambeaux de chair humaine coincés entre ses dents. Je ne pourrais m'empêcher de traduire en balles et en bombes des gestes anodins telles que tourner la clef d'un contact, mettre une pièce dans un juke-box. Je ne pourrais m'empêcher de remonter toute la chaîne conséquente à la scène d'un gros derrière " néo-démocrate " en train de se torcher . Je verrais, imprimé en filigrane sur le PQ, les kilowatts d'énergie dépensée pour la fabrication du papier et les milliers de vies " libérées" de leurs enveloppes charnelles pour se procurer cette même énergie. Non je ne veux plus en parler car dorénavant j'aurais peur à chaque fois en allumant la lumière de tuer quelqu'un. Je préfère rester là dans le noir à regarder la pluie tomber à travers les barreaux de la cellule crasseuse qui me sert de purgatoire depuis la dernière fois que j'en ai vivement parlé.

A vrai dire ce n'est pas l'envie d'en parler qui me manque mais c'est plutôt à cause de la douleur. Je sais! Beaucoup d'entre vous me dirons qu'ils ressentent la même chose mais je crois qu'il se trompent car ma douleur est bien réelle. C'est une bonne vieille douleur physique, celle de l'ecchymose et du beurre noir. D'ailleurs ça va bientôt être l'heure de ma dose quotidienne. Dans un petit quart d'heure le "brutus" de service viendra me tâter les côtes avec sa corde mouillée. Il paraît que ce traitement exorcise les démons de la haine envers son prochain "roumi".

Encore heureux que je ne portais pas de barbe au moment où je me suis fait embarqué par la police. J'aurais eu droit au même traitement que les gars en combinaison orange livrés pour sous-traitance de guantanaméra ou fort alamo…je ne sais plus… par l'oncle d'Amérique. Il faut croire que depuis le onze septembre le ministère de notre intérieur n'a plus honte de sa compétence en la matière de tirer les vers du nez. Il en est même devenu très fier. La dernière "manif" contre la guerre en Irak dans la ville où je réside était "vachement" réussie. Nous venions à peine, avec des copains rockers habillés de santiags et de T-shirts genre "métal hurlant", de flamber à l'essence, en hurlant des insanités indignes de l'éducation que nos parents s'étaient décarcassés à nous donner, un super drapeau de l'oncle Sam que j'avais mis quatre heures à confectionner la veille. Tout se serait passé sans problème si Maurice, qui arborait une longue barbe à la zee zee top, son groupe fétiche, ne s'était mis à scander ses "allah ou akbar" pour prouver son appartenance tribale. Maurice, qu'on appelait Max, était le dernier rejeton d'une famille juive originaire du sud du pays. Après un séjour de deux années en Israël ils s'étaient vite rendus compte que leur origine africaine les avait fait classer dans une sous caste ne leur permettant pas d'accéder aux mêmes droits que leurs frères "élus". Cela lui avait fait passer l'envie de réciter le "shaharit" et moi j'appréciai ce nouveau côté "goy" qu'il affichait sans hypocrisie aucune. Il y avait tellement longtemps qu'il ne s'était pas senti arabe m'avait-il dit le matin même et là, il se rattrapait de toute la force de son gosier.
Malheureusement, c'est le genre de cris qui excite drôlement les tuniques bleues en ce moment, quel que soit leur pays d'origine. C'est donc " manu policium " que l'on s'est retrouvé encagoulés, menottés et embastillés dans les soubassements d'une résidence secondaire avec ces malheureux sans culottes du nouveau monde. Comble de l'ironie mon copain juif et barbu était accusé de fanatisme religieux mettant en péril la longue amitié entre notre pays et celui de l'oncle Sam et moi, musulman et imberbe, accusé d'acte satanique portant atteinte à la sacralité du culte national. Je fus traité de sale juif…Max fut traité de taliban. Les deux chefs d'accusation menaient en tout cas aux mêmes mauvais traitements. Je savais que j'habitais le pays des milles et une contradictions mais jamais je n'avais imaginé que l'antinomie pouvait atteindre des proportions aussi grotesques. L'inquisition avait bien changé par les temps qui courent. Elle faisait confondre Irakiens et Iroquois, juifs et talibans, victoire et défaite, musiciens et diablotins.

"Que de mauvaises pensées vous avez là mes enfant" coupa court à nos tergiversations silencieuses le commissaire traitant. Un homme poli et aimable, élégamment habillé, à qui nous refusâmes, fièrement, la cigarette américaine distraitement tendue. Nous venions par cet inconscient refus de rater le premier test qui aurait sûrement accéléré notre mise en liberté….provisoire il va de soi. Nous fûmes traités au Coca-Cola. Chaque matin que dieu faisait on nous déculottait dans une cellule vide de notre bastille, on nous faisait boire un coca au format standard, et deux sbires nous aidaient, de toute la force de leurs bras musclés, à nous asseoir sur la bouteille vide. Max était traité de l'autre côté du couloir mais je savais, à ses hurlements, qu'il suivait la même prescription.

Pour hurler, ça nous avons hurlé. Nous hurlâmes comme nous n'avions jamais hurlé dans toutes nos anales… fissurées. Nous avons hurlé toutes les atrocités commises au nom de la liberté, de la démocratie, du nationalisme aveugle, de la religion, de la bêtise humaine. Nous avons hurlé la victoire prochaine de la grande nation américaine qui contrasterait amèrement avec la grande défaite de l'humanité toute entière, désormais incapable d'empêcher la multiplication des génocides. Nous avons hurlé notre erreur de croire que le totalitarisme planétaire viendrait de l'est. J'ai hurlé ma terreur de devoir remédier à la pénurie en indiens pour des cow-boys à la gâchette facile pendant que Max hurlait de devoir sans arrêt symboliser les "sharoneries" des élus de son peuple. Nous avons hurlé des jours durant jusqu'à ne plus savoir la raison de nos hurlements, puis nous nous sommes mis à hurler de douleur tout simplement.

Une douleur purifiante qui efface tout, qui vous fait désirer d'être libérés par une petite "frappe chirurgicale" sur ce cachot tant rempli de hurlements. C'est à ce moment seulement que le monsieur aimable et élégant comme à l'accoutumée jugea que l'on était en bonne voie de guérison. Il nous offrit une cigarette de son paquet rouge et blanc que l'on s'empressa de prendre et de fumer goulûment! Sacré non d'un chien ce que c'était bon de fumer cette blonde juste après le coca!
"arrêtez leur le coca! Deux jours de corde mouillées et vous les relâchez! "
Il sortit sans un mot, sans un regard……dans deux jours nous serons libres. nous nous retrouverons dans ma piaule à regarder impassibles sur l'écran de ma vielle télé les derniers coups de feu tirés dans une Baghdad en ruine, symbolisant la déchéance de l'humanité…..mais nous au moins on aura une excuse….

Si vous passez dans le coin je vous invite à venir tailler un petit brin de causette, pas sur la guerre..non. Max vous parlera de musique et moi de littérature et autres foutaises et vous nous pardonnerez si nous ne vous offrons pas de coca mais c'est un élixir qui nous a laissé un genre de souvenirs que l'on ne trouve certainement pas du côté de chez Swan.

kb...au début de l'invasion Irak

P.S : Toute ressemblance avec des personnes ou des états existants ne serait que le pur produit de votre manque d'imagination :)

mardi, juillet 26, 2005

La grande trahison


La démocratie américaine constitue aujourd’hui le modèle avancé de ce que certains spécialistes ont tendance à appeler « la démocratie de basse intensité ». une démocratie dont le fonctionnement est fondé sur une séparation totale entre la gestion de la vie politique, assise sur la pratique de la démocratie électorale, et celle de la vie économique, commandée par les lois de l’accumulation du capital. Qui plus est cette séparation n’est pas l’objet d’un questionnement radical, mais fait plutôt partie de ce qu’on appelle le consensus général.

Or cette séparation annihile tout le potentiel créateur de la démocratie politique. Elle castre les institutions représentatives (parlements et autres), rendues impuissantes face au « marché » dont elles acceptent les diktats. Voter démocrate, voter républicain ; cela n’a aucune importance puisque votre avenir ne dépend pas de votre choix électoral mais des aléas du marché.

Si ce nouveau concept de la démocratie engendre quelque attitude réactionnaire dans les démocraties européennes, plus enclines à un regain d'humanisme dans l'exercice de la démocratie, il n'en est pas de même pour certains pays du tiers monde, le Maroc en tête, qui foncent tête baissée dans le panneau mirobolant de cet "ultra –libéralisme" générateur de tant de profits à court terme.

Le tragique dans tout cela, est que le rouleau compresseur de cette nouvelle gestion "par la rentabilité" est mené par un ministre ayant accédé au pouvoir décisionnel par un processus de gauche, pour finalement appliquer une politique de droite, de la manière la plus libérale qui soit.
Mais cela on pouvait le prédire. Mr le ministre des finances s'était déjà clairement exprimé sur la chose lors de la première séance de la commission du "progrès global" dans laquelle il jalonnait la "bifurcation" vers l'application de ce qu'il serait judicieux d'appeler le "néo-socialisme" qui vient en fait s'aligner sur la vision "ultra-libérale" en sacralisant le pouvoir de l'économie de "marché".

Pour Mr Oualalou l'avenir s'annonce donc serein puisque d'après ses propres dires "il y aura toujours quelque chose à vendre" ..mais jusqu'à quand et surtout à quelles conditions?
Si dans son allocution il a prôné les bienfaits d'une certaine application de la globalisation, néanmoins quelques réajustements pour en éviter les effets pervers, lors de l'application de cette nouvelle "idéologie" socialiste, nous avons beaucoup plus constaté que la politique corollaire se mesurait plus à l'aune des économies générées (et dont le redéploiement se fait toujours attendre)qu'à l'aune des protections sociales qui, au contraire de ce qui était prévu, sont en train de disparaître au profit des investisseurs.

Si les sociétés occidentales, mieux outillées en matière de protections sociales, sont plus en mesure de s'adapter au diktat économique de la nouvelle ère de gouvernance, il n'en va pas de même pour notre société marocaine qui ne possède ni n'œuvre efficacement pour l'édification de ces protections. C'est même le contraire qui est en train de se produire. Le code du travail à été remodelé en faveur du patronat et ce afin de rassurer les éventuels investisseurs plus que pour protéger les travailleurs qui, ô ironie du sort, constituent la masse électrice de cette élite "gauchiste" en passe de les trahir en exprimant à leur "insu" leur consensus à l'entreprise de mondialisation.

kb...d'une gauche que personne n'a tenté de rassurer

lundi, juillet 25, 2005

Méditerranée

le café de la "hafa"...en regardant vers l'autre rive.( photo de sandrine Zuger)


Lorsque s'étend le soir de toute sa langueur sur la mer apaisée, et que la terre se pare de sa plus belle ombre encensée par l'odeur encore chaude des pins, mon cœur s'ouvre à mon âme qui déverse le ciel. Le bleu m'envahit alors jusque dans le blanc des yeux où vient s'échouer le jour en petites vagues dorées. Un ultime vol d'oiseau zèbre le soleil qui rassemble ses derniers halos téméraires. La nuit, parfumée de jasmin, dévale les collines enivrant les grillons qui se taisent. C'est en ce moment précis que mes pensées s'enroulent, comme une cigarette allumée à la braise de la nostalgie, sur laquelle je tire goulûment une effluve de thé à la menthe. Sa douce odeur s'élève au son des dés jetés en l'air et qui tourbillonnent encore à nos instants d'insouciances, lorsque sous le pin une partie de " parchi " agrémentait nos soirées sans fin. Et la mer qui murmure, sous le ciel serein qui s'étire à l'infini... jusque dans le cœur des hommes par lequel elle respire...


kb

vendredi, juillet 22, 2005

Les non dits



à airelle......toujours elle........


La peur enroulée aux mots
à trembler l'amour en fièvre
mon coeur...ébène
rêve
avouant ses non dits
au temps qui passe
en saisons de pluie
où jamais ne s'efface
ton visage qui me fuit
chaque nuit
chaque rêve
en murmure
sur tes lèvres
me maudit
que me vienne le vent
qui écoute aux coeurs
il te dira simplement
mon amour
mon malheur


kb

dimanche, juillet 17, 2005

Aube















Un battement d'aile
léger comme le vent
déroule le ciel
au soleil levant
Une ultime étoile
accrochée au temps
ramène ses voiles
au jour qui s'étend


khalid benslimane

Insouciance





















à demi mot
s'ouvre la lune dans tes yeux
au plaisir des étoiles

à demi mot
un battement de coeur s'accroche
à tes lèvres insouciantes


à demi mot
il s'essouffle en un murmure
reste l'amour de ton sourire

à demi mot...


khalid benslimane

vendredi, juillet 15, 2005

Réminiscences




Il est des souvenirs qui restent gravés dans nos mémoires, comme si celles-ci s'accrochaient à ces bribes de vies pour rassembler les morceaux épars de notre identité, reconstituant le puzzle de nos "moi" quelque part inachevés, y puisant à l'usure en fonction de l'instant, les images, les sons et les odeurs permettant de nous reconnaître dans les événements de nos existences.

Elle est loin l'époque où, justement par l'absence de ces réminiscences, l'enfant que nous étions, au souvenir encore rare, lorsqu'il se mirait dans un miroir, jubilant devant cette complétude enfin trouvée, se retournait instinctivement vers le regard de sa mère pour une confirmation de la certitude apaisante de son être. Elle est certainement loin cette douce époque où, la tendresse d'un regard maternel suffisait à remettre le puzzle désordonné par nos "et moi?" en place et en phase de nos émois.

Nous voilà adultes. Forts de nos certitudes ? pas toujours hélas ! Tant d'images se mélangent dans nos têtes qu'on s'y perd parfois à se demander de laquelle nous vêtir. Si mamans et enfances sont lointaines aujourd'hui, n'en demeure pas moins le désir intense de notre identification à l'architecture que l'on croit être capable, vaniteusement, d'envisager en toute objectivité sans plus attendre ni rechercher les approbations initiales et sentimentales qui nous avaient guidés et rassurés quand nous en étions encore aux fondations.

Nous voilà grands et prétentieux de notre savoir, nous complaisant dans un "moi" où le plus souvent l'autre, lorsqu'il nous reflète une image imparfaite, se trouve être l'exutoire de notre imperfection nous poussant à le maudire pour le bonheur qu'il ne nous donne pas. En fin de compte nos certitudes ne seraient-elles qu'un jeu de miroir ou l'image de soi se trouve sans cesse amarrée au discours de l'autre?

C'est en voulant approfondir cette question, qu'au fil d'une lecture, je découvris ce stupéfiant récit :Un chinois qui venait de mourir, fut tout d'abord envoyé en enfer afin de mieux goûter le paradis. Il y trouva des hommes tristes et faméliques, attablés pourtant devant des bols pleins de riz. S'approchant d'eux, il vit le handicap qui était à l'origine de toute leur souffrance: leurs baguettes mesuraient deux mètres de long ! arrivé au paradis, le spectacle fut des plus déroutants. Les individus étaient sereins et repus, pourtant les baguettes posées sur la table mesuraient aussi deux mètres de long! Lorsque le repas débuta dans la bonne humeur, notre homme put constater avec stupéfaction que chacun nourrissait celui qui était assis en face de lui…

Je compris alors, grâce à cette parabole chinoise, ce que pourrait être l'humilité de reconnaître nos failles, sans prétendre atteindre à la perfection, car elles témoignent de nous autant que nos acquis . Ces failles que l'on colmate par ce plat préféré de l'âme : la vanité. Je compris surtout, en laissant remonter cette réminiscence de la vision "saine" de l'enfant qui sommeille au fond d'une de ces failles que, justement, parce qu'il est l'écran de toutes mes projections et qu'il participe à la découverte de moi-même, l'autre n'est plus celui qui m'empêche d'exister mais celui qui me permet d'être.


Khalid Benslimane

jeudi, juillet 14, 2005

En attendant le Mahdi...












"Au maroc qui est aujourd'hui en mesure de proposer et d'initier un projet de société digne de ce nom ? "









Si le mythe du "mahdi al mountadar" reste aussi profondément ancré dans le subconscient collectif marocain eh bien il est fort à craindre, dans l'attitude attentiste corollaire prédominante dans notre société, qu'il n'y aura personne pour initier quoi que ce soit d'ici le dénouement de l'histoire de l'humanité.

Bon, maintenant on peut soit opter d'afficher un profil bas (majorité silencieuse) encapsulé dans un flou identitaire "musulmano-moderniste" et s'en remettre mi figue mi raisin à la "destinée" hypothétique d'un dieu "bon" en considérant la chose politique comme suspecte; soit, adopter une attitude progressiste par un activisme religieux n'étant d'une certaine façon qu'une variante de ce même attentisme en préparant le terrain à l'avènement du mahdi (islamistes et assimilés) soit, se prendre "consciemment" en charge et adopter une attitude responsable qui voudrait que pour tout intellectuel indépendant, élaborer des modèles de rechange aux dogmes étroits et simplificateurs fondés sur l’hostilité mutuelle qui prévalent dans la cité marocaine depuis trop longtemps constitue donc une nécessité vitale.

Sinon pour aborder le débat plus globalement je dirais que dans tout ce méli-mélo dans la recherche du "qui peut faire quoi" pour enfin arriver à une construction homogène et cohérente de la cité marocaine (cohérente en interne et en externe...universalisation oblige...je n'aime pas le mot mondialisation)nous avons perdu en chemin le sens de la densité et de l’interdépendance de la vie humaine, qui ne pourra jamais être ni réduit à une formule, ni écarté comme hors sujet.

Il faut s'opposer à ce que des franges de population se rassemblent sous des bannières faussement unificatrices comme « progressiste", «islamiste» ou « occident » et inventent des identités collectives pour des individus qui sont en fait très différents. Face à eux, nous disposons toujours de nos capacités interprétatives rationnelles, héritage de notre éducation humaniste. Il ne s’agit pas là d’une piété sentimentale nous enjoignant de revenir aux valeurs traditionnelles et aux classiques, mais bien de renouer avec la pratique d’un discours mondial laïque et rationnel.

L’esprit critique n’obéit pas à l’injonction de rentrer dans les rangs pour partir en guerre contre un ennemi officiel ou l’autre. Loin d’un choc de perceptions préfabriqué, nous devons nous concentrer sur un lent travail en commun de visions qui se chevauchent, empruntent les unes aux autres et cohabitent de manière bien plus profonde que ne le laissent penser des modes de compréhension réducteurs et inauthentiques. Mais cette forme de perception plus large exige du temps, des recherches patientes et toujours critiques, alimentées par la foi en une communauté intellectuelle difficile à conserver dans un monde fondé sur l’immédiateté de l’action et de la réaction.

En résumé je parle tout simplement d'humanisme dans la constitution de la cité...en attendant que vienne le mahdi

Kb

Histoire d'âne




Bon comme vous avez été très sages et que vous vous êtes appliqués à répondre je vais vous raconter une petite histoire!
venez...! asseyez vous autour de moi...Ayoub tu retires ta main et tu laisses oumelghit tranquille...mounir on ne met pas le doigt dans le nez...crucivore..non ce n'est pas le moment de boire un coup...anouar...t'as de beaux yeux tu sais....bon silence...tendez moi vos grandes oreilles!

L'âne Malin

par un beau matin de printemps le roi lion grimpa allègrement sur le roc majestueux qui surplombait la savane. Apres s'être raclé son auguste gorge, il poussa un rugissement comme la savanne n'en avait plus entendu depuis fort longtemps.Les animaux surpris s'attroupèrent en cohortes sous le rocher. Le roi venait d'avoir un héritier. En hommage au bonheur de l'instant il partit de sa noble voix à remercier les dieux par une série de rugissements à faire trembler les cieux.
- "vous êtes tous invités ce soir!" leur cria-t-il en joie à fêter avec moi la naissance de votre futur roi.
tous l'en remercièrent à l'unisson et allèrent se préparer à la liesse qui se présageait. Seul l'âne, trop occupé à dégarnir un figuier de barbarie de ses plus beaux fruits,ne fit foin des augustes rugissements. il n'en revenait pas d'être tombé sur un figuier si frais et si généreux en tendres fruits. Trop occupé à savourer les épineuses engeances il n'eut point vent du fameux événement.
La soirée battait son plein. L'orchestre de guenons entamait un rythme endiablé et les invités ne cessaient de défiler devant le berceau, y déposant au passage quelque menu présent à la grande joie du roi et de son épouse qui rayonnaient de joie. bien tard dans la nuit attiré par l'agréable bruit l'âne décida enfin de se diriger vers cet inattendu festin. Mais voila que sur le chemin, les hyènes chargées de garder l'endroit lui refusèrent le droit d'accéder à la joyeuse scène.
- "on ne t'a point vu ce matin au rocher du roi rendre hommage au prince."
- "tu n'es point sur la liste des invités" lui rétorqua une autre hyène rieuse de surcroit. "Casse toi!"
Les oreilles basses notre pauvre âne s'écarta, pris un détour et d'une colline qui surplombait le lieu en fête, entre deux buissons, il pointat sa tête. Il n'en revenait pas! il y avait là de quoi régaler tout régime, de la bannane fraiche à la carne la plus faite. Coute que coute il fallait qu'il assiste à la fête. Se glissant de buis en buis il fini après moult détours à atteindre l'élu. En cet instant le roi contemplait avec admiration la belle girafe qui entamait une danse endiablée à quelque pas de l'auguste famille. Elle était belle avec ses longs cils et ses yeux graciles. Son long coup se balançait jusque sous la tête du roi qui s'en léchait les babines sous le regard désaprobateur de sa dame gourgandine. Profitant de l'instant, l'âne se glissa doucement jusqu'à l'oreille du roi dans laquelle il glissa de sa plus douce voix
- "c'est ma cousine monseigneur! n'est elle pas belle messire??"
- "Que si que si mon ami!" lui rétorqua le roi, prenez donc place à mes côtés et que l'on vous serve les plus beaux fruits.
Tout content se don stratagème voila notre futé âne en train de s'empiffrer sous la protection du monarque. Mais voila que la charmante girafe, emportée par les acclamations de la foule en délire fit un pas de travers s'emmela les pattes et fini par on ne sait quel maléfice par atterir sur le berceau qui de notre bon roi abritait le fils dont elle brisa les os par un mlencontreux coup de sabot.Se rendant compte de l'horreur de la tournure elle pris ses jambes à son coup, ce qui est peu dire, et s'enfuyat au delà des bois. Ameutés par les cris du roi les hyènes, baveuses, la talonnèrent en ricanant de toutes leurs horribles dents. L'infortunée était déja si loin qu'il ne purent en trouver le chemin. Le roi poussa un cri rappelant sa horde
- "N'allez donc pas chercher si loin ! nous avons là son cousin...."
je vous ferait fi des détails de ce qui arriva en fin à notre âne malin.....


tonton kb

mardi, juillet 12, 2005

blogohistoire

J'ai longtemps blogoréfléchi et je me suis blogodit:
"mon petit blogogol voila donc huit blogoposts que tu viens de blogopondre et aucun blogocommentaire n'est venu te blogorépondre!"
blogoforcément je me suis blogodit de blogorechef : "sans doute devrais-je prendre ma blogoretraite"

blogobises

kb...sans blogorancune

une journée comme les autres

8h03 : entrée brouhaheuse dans le bureau qui sent la paperasse rance et le cul mal lavé. Un bref coup d'oeil sur la table de réunion me met au parfum (relent serait plus approprié) de l'origine aromatique. Un volumineux "maintenance manual" placé à un bout de la table, d'ou s'écoule un morceau de moquette vers l'autre bout, indique que la noble pièce de bois qui en a entendu de toute les couleurs dans sa vie de table avait certainement du expérimenter les odeurs nébuleuses des rêves gazeux d'un veilleur de nuit.
J'ouvre la fenêtre, met à plein pot sur froid la manette de commande de la vanne du groupe de climatisation, et clique sur le bouton de la cafetière histoire d'en échauffer le tuyau.

8h10 : la cafetière ronronne en dégageant une agréable odeur. Mon pentium II , après un premier démarrage raté, émet un drôle de gargarisme avant de se décider en bougonnant à démarrer enfin.....


bon je suis déja fatigué...je vous raconte la suite plus tard...je suis en train de loucher sur le volumineux volume et le bout de moquette....la table ricane...elle ne perd rien pour attendre :) :)

kb...

lundi, juillet 11, 2005

Laissez moi rire !


Quand l'écrivain d'aujourd'hui se penche sur sa feuille (devenue écran par la magie de Microsoft) la dernière des choses qui lui viendrait à l'esprit est certainement de rire. Quand ce n'est pas à la perfection du texte où à l'étalage ostentatoire de ses "lettres", Il pense succès, chiffre de vente, critique, la dernière traite de la maison de campagne, la mamie à l'hospice et à qui il devra sacrifier deux dimanches par an, la voracité grandissante de son éditeur, les dernières vacances à Ibiza (là il sourit tout de même). Lorsque par aventure lui vient on ne sait par quel déclic, la mode sans doute, l'envie prétentieuse de nous agiter la gorge de ces milles breloques tintinnabulantes il le fait avec tellement d'application à codifier le rire qu'il en arriverai presque à nous coller, bêtes comme nous sommes, le sempiternel "méfiez-vous des imitations". Il roule des mécaniques, faisant encore plus fin dans la tortuosité de l'esprit que son confrère, traité en référence par les médias qui nous organisent du faux-rire à défaut de fou-rire. Sous l'emprise de gens sérieux le rire dans l'écriture, objet d'un mercantilisme évident, se sitcomise. Prenez n'importe quel grand magazine; au dessus de l'éditorial vous y verrez la photo en médaillon d'un rédacteur en chef à lunettes (ça donne l'air intelligent) un sourire en coin, intelligent, et la main intelligemment placée sous le menton qui rappelle le penseur de Rodin (ça donne l'air encore plus intelligent). Dans l'édito vous ne manquerez pas de trouver un brin d'humour très élaboré qui redonne toute sa dimension humaine à l'être très supérieur qui vous préambule le sérieux contenu de sa revue. L'être encore plus supérieur à qui s'adresse la dite revue, tout heureux d'avoir saisi la subtilité de la tournure se contentera d'une moue dubitative (vue par un compagnon d'heure de pointe dans le café matuvu) synonyme d'un éclat de rire. A croire qu'en ville les murs d'une salle de spectacle délimitent désormais l'aire d'hilarité autorisé.

khalid benslimane

dimanche, juillet 10, 2005

Que dire?

Je ne sais plus que dire quand les mots me manquent. En pléonasmes mes pensées naviguent s’écorchant sur le vif de tant de souvenirs qui tournent, qui tournent dans ma tête. J’entends le ressac de la mer mais aucun mot ne saurait le traduire…si peut être « tourment » où tes seins ballottent au gré de mon désir qui soupire au vent. J’écume de ne pouvoir déferler de tous ces mots qui un à un ne veulent rien dire, piètre tisseur de filets. Une pince à crabe m’aurait pourtant largement suffit...

kb...à la pêche aux mots :)

Aujourd'hui..c'était hier



Il est des heures et des heures où le bonheur s'échappe par la cécité de notre entêtement à le lier de force aux projections multiples de notre unicité. Gâchés par les CRAINTES de ne jamais les saisir, antonymes du désordre et en désordre de nos envies CRIANTES, ces instants s'écoulent comme l'eau d'un robinet que l'on a laissé ouvert et où personne ne s'abreuve. nous passons notre vie à descendre et remonter le temps en quête de cet attelage qui nous mettra en phase de son écoulement, épiant sa moindre fluctuation nous faisant lâcher prise, attendant un moment plus propice à son contentement. Maintes fois s'est arrêté le temps, au chant d'une grive, au pleur d'un enfant, projetant l'avenir au vécu d'un passé fait de tendres souvenirs et de sombres pressentiments. Pourtant tout au long de cette course, le soleil, la lune et le bleu du ciel, immuable témoignage de notre dérision a rechercher nos joies dans un décalage de l'heure, nous criaient sans arrêt que du temps nous étions le bonheur autant nous l'amusions. C'est seulement sur le tard que l'on se rendra compte, atterrés par l'éphémère de l'instant au fil de nos cheveux blancs, que nous n'avons jamais vécu le présent.

kb

samedi, juillet 09, 2005

Désert












Au vent qui souffle dans mon cœur
ondule mon âme en dunes,
rides mouvantes qui se reflètent
sur les faces pierreuses des ombres qui me parcourent

Au silence qui habite mes rêves
s'accrochent les étoiles
en souvenir des mots murmurés
au sable glissant sous les pas

Au soleil qui sue
par les pores de nos vies
se reflète l'ombre
à la mémoire de pluie

A la fusée qui s'éloigne
emportant nos espoirs,
scarabées dans la gueule
la gerboise s'en moque…
kb

Visions de bonheur

Un soir d'été où la chaleur faisait craquer les mémoires comme une terre desséchée, je me suis parcouru de l'intérieur à travers un dédale accidenté de souvenirs intemporels, recherchant ce bonheur fugitif, tel un héraut en quête du Graal. De Perceval j'en avais peut être l'armure mais de son cœur, le mien était loin d'être pur. Je baissais mon heaume devant l'assaut d'une horde de réminiscences tourmentées et amères. Elles m'assaillaient d'armes redoutables que je portais en moi sans m'en rendre compte. Désir, envie, passion et d'autres encore me blessaient jusqu'au fond de l'âme par leur épées de peines et de larmes. Mon armure forgée dans l'orgueil le plus pur semblait les attirer de la force d'un amant attirant l'adultère. Je devenais prisonnier de ma propre cuirasse qui amplifiait leurs taïauts comme une cloche d'airain. Comprenant soudain qu'elle ne me servirait à rien, je brandis haut mon alfange forgée dans l'espoir des hommes et aiguisée sur la pierre rêche de ma volonté et l'abattis dans un grand cri de douleur se mêlant aux râles de ces sombres créatures et de mon armure qui volait en éclats. L'explosion ouvrit une brèche dans un méandre de mes circonvolutions cérébrales. Les morceaux épars de toutes ces bribes de noirs souvenirs furent happés à travers l'ouverture, vers ce feu bleuâtre qui crépitait tranquillement de l'autre côté. A chaque fois qu'un éclat noir de ces démons venait se désagréger en une gerbe d'étincelles sur ses flammes, une brise légère s'en échappait m'amenant un parfum de café ou celui des cheveux de ma mère.......


© khalid benslimane

Automne

















A la feuille qui tombe frêle
soupirent les matins d'automne
neigeant nos rêves
aux fils des cheveux blancs
la vie si brève
s'annonçait longue pourtant
leurrée de sons de grève
d'amours chantés
au vol du goéland

© kb

jeudi, juillet 07, 2005

Sérénade


Acrylique sur toile de Faouzi Maaouia

Mes doigts allaient habiles sur les cordes sensibles de mon luth. Chaque note se détachait en suave babil de l’innocence puis grandissait en deux dièses et trois arpèges, jusqu’à raisonner et résonner, d’une harmonique sensuelle, les affres de mon amour en lierre qui assaillait les murs d’un silence cruel.
D’une octave bleue, j’avais repeint la lune pour tamiser mon amertume. La rose posée à mes côtés, sur le banc, me regardait amoureuse, une éternelle question sur ses lèvres pulpeuses: «Quand reviendra-t-elle?»
Ne sachant que répondre à la rose tant belle, je détournai mon regard d’une octave rebelle, je fuyai de deux bémols le doute qui m’empoignait au ventre et grattai de plus belle sur les boyaux de mon chantre. Les notes s’élevaient en l’air, rageuses, écumeuses de désir. Elles roulaient et s’enroulaient en notes brèves, puis s’en allaient doucement mourir, au bruit des vagues sur la grève. En crescendo de mon humeur mon luth pleurait en ré mineur, et, à chacun de ces bris de lames, je me penchais sur les eaux endormies de mon âme… Ne s’y reflétait toujours que la lune.
Je sus alors qu’elle ne reviendrait plus.


khalid benslimane
© pleutil

mercredi, juillet 06, 2005

La catin



Elle n'était pas plus haute que sa vertu
à peine trois pommes
qu'un Adam de passage s'empressait de croquer
à grand coups de reins
et lorsqu'au moment d'en payer le prix
à hauteur des râles et des cris
un des fruits lui restait en travers de la gorge
il la rouait de coups et d'injures
plus sonnantes que trébuchantes
la traitant d'impure
pour cacher le mâle défaillant
se recroquevillant en lui
en tout petit pénis
il s'en allait enfin
la laissant meurtrie
au cœur et au corps
pathétique décor d'une chambre vide
elle se lovait dans son lit
et dans sa tête
il y avait un coin de ciel bleu
où elle s'enfonçait
chaque jour un peu plus
il y avait son père
berger des étoiles
un ballon rouge
des tresses d'enfant
un regard de maman
chaque jour un peu plus
des princes charmants
chaque jour un peu plus
elle s'y enfonçait
chaque jour un peu plus
vers eux elle courrait
chaque jour un peu plus
toujours plus loin
chaque jour un peu plus
jusqu'à ce plus beau jour
d'où
elle ne revint jamais plus...

la fillette en socquettes blanches regardai la scène sans comprendre. Deux hommes en blanc embarquèrent une fille à peine plus haute qu'elle, comme trois pommes, dans une camionnette blanche...la pauvre entendit-elle dire....elle à perdu la raison.. pourtant son sourire évoquait le paradis....



© khalid benslimane

mardi, juillet 05, 2005

Le temps qui passe

une toile d'Yllen
(au temps qui passe)



les heures s'écoulent
langoureuses
au gré de la pendule

le temps se suspend à tes caresses
amoureuses
au gémissement de ma peau

l'instant tourne en ronds
jaloux
au gré de l'éphémère

et l'on s'aimait..
et l'on s'aimait..



© kb...passe temps

lundi, juillet 04, 2005

Flux et reflux...




de ce qui m'a amené à écrire...

……..en hommage à Véronique




"je dirais en souriant que le MOT-QUÊTE ne rend pas le chemin PLUS DOUX SOUS LE PIED "

Véronique Blondeau-Gourdon





Issus du milieu aquatique qu’est le liquide amniotique, il est tout à fait naturel que nous entretenions, dès notre plus jeune âge, une étroite relation avec l’élément liquide. Cela commence par la tétée qui calme nos premières sensations d’un être aveugle et impotent. Ce flux liquide, de l’extérieur vers l’intérieur, tout en nous procurant ce bien-être provoqué par la sensation d’un ventre ballottant, nous rappelle la quiétude ressentie dans cet abdomen bedonnant dans lequel nous menions une gentille vie de poisson, jusqu’au moment de l’ostracisme douloureux qui, telle une chasse d’eaux, nous expulse sèchement vers un monde certainement pas meilleur.

Sous l’emprise d’une terreur séculaire que seul l’enfantement sait engendrer, nous expérimentons un autre flux liquide, cette fois-ci de l’intérieur vers l’extérieur, à l’aide d’un organe qui, nous le saurons beaucoup plus tard, est à l’origine de tous ces malheurs reproductifs.

C'est donc suite à l'abrasion répétée de l'ustensile cité précédemment, épicentre d'ébats parentaux qui à défauts d'êtres lubriques furent certainement ludiques, que je vis le jour ou plutôt la nuit car l'heureux événement de mon arrivée tardive sur terre (je suis né un 12 décembre à 00h30mn) coïncidât étrangement avec le fâcheux événement d'une coupure de courant dans l'hôpital qui abritât mes tribulations originelles. Lorsque la lumière revint, j'étais suspendu par mes pieds à une poigne poilue au bout de laquelle un visage retourné (moustache sur le front et yeux aux menton) me fixai d'un regard ne pouvant être qualifié que d'indescriptible étant donné l'absence d'un référentiel dans ma vierge mémoire. Je suppose, rétrospectivement, que ce pêcheur de têtards aux mains gantées de latex dut mal interpréter mon désir communicationnel, manifesté par un abondant jet d'urine en plein visage, auquel il réagit en administrant une claque magistrale sur mes petites fesses bleues qui exprimèrent leur désapprobation en virant au rouge.

Je venais d'expérimenter par ce rituel "hôspitalier" ma première "cause à effet". Drôle de manière tout de même de souhaiter la bienvenue à un nouveau né. En tout cas, cette vigoureuse forme de communication, en provoquant un flux d'influx nerveux se bousculant à travers ma moelle épinière pour débarquer sauvagement dans mon cortex cérébral, eût pour effet de déclencher une autre forme de communication qui allait au fil des ans prendre le dessus sur toutes les autres pour en devenir leur fédératrice. En attendant d'acquérir les mécanismes de la formulation phonétique de mes états d'âme, j'expérimentais sans retenue aucune la portée sonique de mes cordes vocales. Je braillais comme une sirène hystérique arrachée à son élément naturel ( à supposer bien sûr que cet animal fabuleux aie eu un quelconque lien de parenté avec l'âne), brassant désespérément l'air de mes petites menottes à la recherche de cette "eau" protectrice qui me berça tendrement tout au long de mes neuf mois de gestation.

- "Ah le crapaud !" ne trouva rien de mieux à dire mon simiesque passeur d'hommes qu'on appelait "docteur", mettant ainsi fin à mes tergiversations animales. Rassurez vous, je n'étais pas doté de facultés extrasensorielles hyper-développées me permettant de saisir la péjoration descriptive de cette formulation, mais je trouvai à posteriori que cet épiphonème accompagnait pertinemment la transition de mon statut de poisson vers celui éphémère d'amphibie qui ne dura que l'instant d'atteindre l'évier de la nurserie. Là, une plantureuse infirmière (d'après les dires de mon paternel) s'évertua à m'écailler consciencieusement pour me débarrasser des derniers résidus de la vie aquatique.

C'est donc avec allégresse, dans la propreté d'une grenouillère jaune, que j'entamais cette seconde phase, très volatile , de mon existence. Telle une grenouille je sautais de bras en bras pour finalement atterrir sur les nénuphars généreux du sein de ma mère, où enfin je pus expérimenter le flux, ô combien réconfortant, de la tétée. Au fur et à mesure que le liquide nourricier étrennait mes neuves entrailles, le ressac de ma conscience refluait au rythme du ballottement de ma petite panse. Je m'endormit la tête vide et le ventre bien plein.

Je ne me réveillai que quarante ans plus tard, avec la tête pleine et le ventre bien vide, juste après la délicieuse lecture des "éclats de voie"[1] de Véronique Blondeau - gourdon, affamé par l'horrible constatation que tout le déroulement de ma vie, entassé en souvenirs dans une vétuste remise de mon arrière "moi" et en train de refluer à la surface, n'avait jamais atteint mes tripes. Sans doute le flux de sincérité émanant des éclats de voix de Véronique a-t-il su franchir ma léthargie protectrice inconsciemment érigée par une hypersensibilité maladive. Je n'avais jamais parlé de mes CRAINTES d'enfant, ni de mes envies CRIANTES d'adolescent. Je ne m'étais pour ainsi dire jamais vraiment "exprimé"…jamais "raconté". Certes, des millions de mots avaient franchi les lèvres gardiennes de mes pensées secrètes, mais tous étaient filtrés, aseptisés et bridés, inconsciemment, par le poids d'un héritage culturel arabo-mauresque empreint d'un fatalisme stoïque, mettant un point d'honneur à cacher toute faiblesse et surtout transmis oralement à travers les siècles. L'authenticité communicative flagrante de sincérité de véronique ne pouvait laisser indifférent un lecteur en mal d'expression. Je ne savais pas qu'il était possible de dompter les mots avec autant de douceur, de suavité, heureusement et douloureusement à la fois. Tantôt elle riait les mots de son bonheur. Tantôt elle pleurait les maux d'amour d'un fils qu'elle aime tant. Je réalisai, interloqué, que la seule fois où je m'étais vraiment exprimé des bas-fonds de mes tripes c'était lorsque j'ai crié ma naissance suspendu par mes pieds.

Les mots se bousculaient dans ma tête, se piétinant les uns les autres essayant de trouver un "éclat de voix" vers l'extérieur. ils remontaient vers ma gorge en passant par mon cœur. Finalement ils réalisèrent que s'ils étaient, avec le geste, le prolongement de la pensée, l'écriture quant à elle était l'agglomération du geste et de la parole, syncrétisme qui cristallise cette pensée lui permettant ainsi de franchir l'espace et le temps. Je sus à ce moment que Les reflux "réprimés" de ma voix alimenteraient désormais les flux "imprimés" de mon encre, m'ouvrant une nouvelle "voie " de communication, prometteuse d'un plaisir certain qui me ferait retrouver ce bien être ressenti dans ma vie de poisson.







Quand le "d" du hasard de la rencontre transforme l'envie d' ECRIRE en envie de DECRIRE



Khalid Benslimane

[1] Eclats de voie - de Véronique Blondeau-Gourdon

éditions de la voûte - 1996

Les grandes vacances



Il r IL regarda s'éloigner la voiture en remuant la queue. Il croyait vraiment que c'était un nouveau jeu. Jappant de plaisir, il poursuivit un court instant une grosse mouche puis revint s'allonger sur le bitume à l'ombre d'un mimosa. Un bruit de moteur lui fit lever la tête. Non! leur voiture était plutôt bleue comme la peur qui commençait à s'installer dans son petit ventre de chien. C'était pas marrant comme jeu, il commençait à avoir faim. une voiture bleue venait au loin. il se dressa tout content et se mit à courir vers elle. Elle ne s'arrêta pas. C'est drôle! il ne sentait plus ses pattes arrières. Sa vue se brouilla. Il regarda le ciel rougissant et compris seulement qu'il ne reviendraient pas...

khalid benslimane

vendredi, juillet 01, 2005

L'ésotérisme du féminisme au masculin

Combien de femmes au Maroc savent-elles lire et écrire ? Comme ça ! au pifomètre ! j’avancerai le nombre de 50%. Maintenant combien de ces femmes savent-elles lire le français ? je dirais encore, fort de ma pifométrie et sans forfanterie aucune, 50% ! ce qui nous mène à une population féminine restante de 25%. Elémentaire mon cher watson me direz vous mais je continuerai usant de mon tarin, inflexible dans son analyse pifométrique, pour surenchérir avec la question suivante : combien de cet amenuisé et non point épuisé chiffre représentent les femmes citadines ? pour rester fidèle à ma théorie des 50/50 et ayant une prédilection gustative pour les poires, étant moi même une aux yeux du marchand de légumes de mon quartier qui ne se gêne pas pour me gruger, je couperai donc ce fruit en deux pour en arriver au chiffre de 12,5%.

Bon ! pour ne pas vous faire hurler au pléonasme je résumerai ma pensée cartésienne en vous offrant le résultat de mon analyse nasalement causale. La femme marocaine capable d’interpréter adéquatement les subtilités de la langue française, résidant en métropole, occupant un emploi, en mesure d’économiser un peu d’argent à la fin du mois pour acheter au moins une revue et que la revue achetée est " FEMMES DU MAROC ", représente moins de 0,001% de la population féminine marocaine.

Alors ne hurlez surtout pas au misogyne si je dit que le titre de cette revue est usurpé aux 99,999% des femmes auxquelles ne s’adresseront peut être jamais ces lignes, non pas par élitisme ou ségrégationnisme bourgeois mais pour ou plutôt par des raisons purement techniques. Mais que tout cela ne vous chagrine car je suis quasiment sûr et certain que si j’applique mon théorème à la Cyrano de Bergerac aux mâles des femmes du Maroc, et que pour un moment, juste dans ma tête, je crée un magazine qui s’intitule " HOMMES DU MAROC "les statistiques seraient les mêmes sinon pire.

Nous voilà donc, pour une fois, vraiment sur un pied d’égalité. L’égalité dans l’ésotérisme ! qui s’en soucie me direz vous. Les 99,999% d’hommes et de femmes marocains qui ne s’identifient ni à vous ni à moi ? sûrement pas. Ma fille, âgée de six ans, m’a pourtant intrigué et profondément remué dans mon moi abyssal, tacitement misogyne par le poids d’un héritage culturel qui exclut toute notion d’égalité entre l’homme et la femme, par une simple et anodine question d’enfant naïf. Papa ! pourquoi écrit-on "femme" et pas "famme" ? ne m’appelant assurément pas watson je fut tenté de répondre par pur réflexe de l’archétype marocain fortement imbu de sa condition masculine : " c’est parce que ça vient de femelle….. ". je me ravisai au dernier moment devant l’air sérieux de ce petit bout de femme , me rappelant, par un vague résidu mémoriel de lecture de chevet, que la question d’un enfant est plus une tentative de se dire que l’attente d’une réponse.

Catalysée par l’interrogation aux répercutions profondes formulée par un être doublement lésé dans notre société par sa condition de femme et d’enfant, la partie de ma matière grise, non atteinte par le réflexe culturel du mâle marocain, se trouva emportée dans une effervescence phosphorique et euphorique. Au fur et à mesure que défilaient les images féminines associées aux instants de bonheur de mon enfance, je percevais en parallèle et pour la première fois le combat des premières femmes pour l’égalité relative au droit à la libre disposition de leur corps. Je percevais également les regards péjoratifs et sournois de mes congénères masculins les qualifiant d’hystériques acariâtres auxquelles rapidement aucune femme ne voudrait s’identifier. Comprenez qu’il était difficile pour moi, dans ce processus de pensée, de garder l’objectivité nécessaire pour combattre les préjugés culturels inculqués en grande partie, ô ironie du sort, par la femme elle même (pardon maman). Mais de souvenir en désir, de refoulement en tourment, d’inhibition en résolution…bref de fil en aiguille je réussis à trouver ce bout de fil conducteur, fait de battements de coeur, plus ressenti que compris, me guidant vers une vision " saine " du féminin. Ce fil n’était aucunement cérébral mais transcendalement viscéral, ondulant au rythme pulsatif de cette pompe à émotions qu’on appelle le cœur. Je réalisai à quel point j’aimais ma fille ! non pas de cet amour possessif convergeant inéluctablement à positionner la future femme qu’elle allait devenir dans un statut d’objet, mais d’un amour d’une certaine qualité où elle ne sentirait pas que le " e " de femme est synonyme d’Exclusion et d’Eviction.

khalid benslimane