MA ROQUINERIE

"laissez l'onde aller légère aux sources du souvenir...c'est là que se trouve le meilleur à venir" kb

vendredi, septembre 22, 2006

L'émoi de lune



























La lune a fendu le bleu du ciel de son quartier sacré, ramenant la paix des méninges, qui par manque de sucre, s’en iront doucement glisser vers la léthargie soporifique de la résonance creuse du raisonnement à ventre vide.

La langue pâteuse, le regard hagard, l’haleine haineuse, le borborygme intestinal en fête…rien de mieux que des entrailles vides pour une descente rapide au plus profond du « moi », dans une introspection affamée de trouver la voie vers cette nébuleuse libidineuse où l’on croise beaucoup plus les coliques de la faim que les tribulations de la foi...bancale de surcroît.

Persévérez quand même, nous dit le sage, c’est toujours au fond que réside la vérité. Travaillez, prenez de la peine (chacun sa fontaine) c’est le fond qui manque le moins et c’est lorsque l’on croit le toucher, le corps cédant au manque, l’esprit vacillant ne sachant plus à quelle sainteté ou quelle satiété se vouer, que vient la délivrance au son libérateur par la voix d’un muezzin.

Le corps enfin reprend ses lois, la vie sans faim reprend ses droits, parfumée de harira, d’odeurs de miel, de feuilletons télés et parfums de rguilas, de soirées choumicha, de génuflexions confondant la posture à la position tant il est vrai que de la levrette au chanoine, dans la pénombre de la nuit…tous les poils sont gris.

Chacun son choix dans les voies qui mènent à la transcendance , pénétrables pour certains qui transcendent les lois , impénétrables pour d’autres qui transcendent le soi…mais tous pour trouver la voie, qui vers l’élévation paradisiaque, qui vers la descente aphrodisiaque.

La paix des ménages quant à elle est une toute autre paire de manches qu’il va falloir retrousser pour faire face à la dépense, les yeux plus grand que le ventre, la poche plus petite que le manque, les bras plus lourds que les casseroles qui ont tendance à la prolifération dans l’évier…

Mais qu’importe la faim, qu’importe la loi, qu’importe le bruit des casseroles plus gourmandes que les ventres, qu’importe les poches plus petites que le manque car l’espace de ce mois, nous vivrons au rythme divin du halo de lune et de son émoi de foi qui unit dans le gris le nanti et le démuni.

Kb…qui vous souhaite un bon mois de Ramadan

mercredi, septembre 20, 2006

Parole d'homme !...Parole Dogme !















Au tocsin du « changement » mettant le Maroc au pas de l’oie, qui avance pour certains et qui boite pour d’autres, la parole se fait rebelle et ne prend que rarement allure dans cette voix de la sincérité qui accroche le fond à la forme...

D’aucuns chevaucherons cette mouvance à grands « haros » sur le baudet où l’âne n’est point celui à qui on pense.
Suffit-il de prononcer « changement » pour que soit l’avance ?
Chacun y va de sa sauce où l’ingrédient salive accompagne à grand mots cette percée vers ce « meilleur » dont on entend plus la voix à défaut d'en voir la forme.

Dans cette cacophonie si l’engeance est « acte », le fruit est beaucoup plus «parole» et dans ce domaine, il y toujours matière à pinailler, ergoter, polémiquer, en dire et en redire sur la chose et son complément, le verbe du sujet n'étant que prétexte à redorer le plastron terni du discours aux feux rutilants de Byzance...la parole n'ayant pas de limite…la parole étant fasciste de nature .

L'acte, hélas, étant plus difficile à mettre en œuvre, d'un grand Alexandre aurait grand besoin, mais qui donc abandonnerait trône ou lauriers, à moindre mesure un siège de parlement puisque il ne s'agit là que de parole, pour partir en guerre contre la récession qui se nourrit de mots...de tous nos maux.

Puisque l’acte est plus difficile à atteindre babillons à l’extrême prônent les hérauts du changement, radicalisant le verbe à défaut de l’action. Les discours prospèrent très bien sur les lacunes de l’acte dont ils savent perforer le ventre mou chacun avec son discours.
Ainsi un Nihiliste sera assimilé à un progressiste, qui aux yeux des marocains, s'active, au fond, avec les mêmes ambitions. L'imprudence serait de les relativiser trop et de sous-estimer les moyens qu'ils ont déjà mis en oeuvre pour les satisfaire, notamment, et parce que c'est le propre des fascistes, parce qu'ils sont bien peu scrupuleux sur les moyens pour parvenir à leurs fins. En face, ne raisonner qu'intellectuellement est gageure puisque la récurrente malhonnêteté intellectuelle et la démagogie sont, avec la violence et la terreur, parmi les moyens que nous affectionnons et utilisons particulièrement pour ériger notre argumentaire.
A toute action, politique ou sociale, sur le terrain, il ne peut y avoir qu'une réponse et une opposition politique ou sociale « sur le terrain ».

Restaurer l’acte est peut-être pour le Maroc une urgence politique, encore faudra-t-il le faire sans concession ni aménagement qui paraîtraient des brèches, mais il y aurait pour le Maroc d'autres urgences politiques encore plus urgentes, par exemple redéfinir les conditions de la démocratie, notamment l'intransigeance qui doit être de mise quand elle prétend s'appuyer sur le mot « citoyenneté » si, dans leur quotidien, le terme reste abscons pour la majorité des jeunes livrés à eux même sur le terrain, si la société ne leur propose rien de mieux, outre des mots, pour aujourd'hui, et surtout pour demain, qui leur ferait envisager et désirer un monde où l'on peut s'épanouir en virant, d'eux mêmes, aux orties le discours de la soumission à la parole, je ne vois pas comment on empêchera les creux discours des idéologues prosélytes (tout genre et toute pilosité confondue) de les tenir encore plus serrées sous la férule de leur dogme qui, dans leur vide et sans autre espérance, leur semblerait rutiler des milles feux de l’ancienne Byzance.


kb...ni Byzantin...ni Grec Posted by Picasa

jeudi, septembre 14, 2006

Lune















Avance petite lune et tend moi la main
Ce soir le ciel est brume je n’y vois presque rien
La mer a plié son regard au fond de mon cœur
Ecumant ses vagues de ta blanche couleur...

kb...lunatique Posted by Picasa

mardi, septembre 12, 2006

Du Yéti aux Argonautes...il n'y a qu'une toison






























Du yéti aux argonautes il y aurait comme dirait un angle au saxon, plus d'un "couple of days" aussi angulaire soit la pierre du temps...celle qui pulse sous l'effet d'une excitation.
Je sais...difficile pour vous de saisir ce que je suis en train de radoter là, faudrait avoir un Li sens pour cela car c’est elle qui m’inspira à coups de mollets superflyeur ce voyage chez les argonautes que vous pouvez suivre à l’argot net de chez Lambdaoui



Kb...et la toison d'or

dimanche, septembre 03, 2006

RAM : le nouveau réaménagement...selon St paul






Post transféré sur PEGASE.ma où il se trouve être plus à sa place





kb...Vulcanisé ailleurs

vendredi, septembre 01, 2006

La Gaule Ottomane

Sarrazin

mon tout premier texte...qui me valu aussi ma place de chroniqueur chez ecrits-vains


Jusqu'à atteindre l'âge pubère où l'innocence vacille sous les assauts des pulsions hormonales, je croyais dur comme fer, ainsi que la majorité de mes petits camarades qui usaient consciencieusement en ma compagnie les bancs de l'école Anatole France de Casablanca, que nos ancêtres étaient gaulois.

Cette croyance était certainement fondée pour la communauté allochtone d'origine française du respectable établissement qui guidait nos pas vers les arcanes du savoir. Pour le reste de notre puérile et hétéroclite communauté, cette croyance démontrait un degré de naïveté faisant certainement l'apanage de la marmaille universelle à travers les âges et surtout, témoignait de la laïcité, scrupuleusement respectée, de l'enseignement qui nous était dispensé. Il faut dire que notre institutrice de l'époque, dont l'origine gauloise ne faisait aucun doute, mettait tant de cœur à nous transmettre sa connaissance de "l'Histoire" sans faire de distinguo de race, de couleur, de sexe ou d'appartenance religieuse, nous logeant à la même enseigne; celle de l'âge tendre. Nous fûmes d'abord tous des Sinanthropes ensuite des Cro-Magnons émergeants de leurs villages lacustres pour se transformer en gaulois et, au fur et à mesure qu'évoluait l'espèce humaine sous la voix de fée (et par voie de fait) de notre charmante enseignante, notre progression dans le domaine de la connaissance devenait pour nous une source d'évolution et de prise sur le monde, prémices d'une conscience objectivante incarnant l'éveil de notre "moi" embryonnaire.

Quelques poils pubiens et quelques leçons d'histoires plus tard, le vase de Soissons qui symbolisait l'homogénéité innocente de notre communauté infantile vola doublement en éclats. D'abord sous le coup de hache de Clovis qui marquait ainsi l'avènement des Francs et la scission de notre entité culturelle, ensuite sous les coups de marteau de Charles Martel qui tout en repoussant l'invasion arabe à Poitiers ancrait en même temps notre future identité biculturelle. C'est ainsi que les petits gaulois que nous étions se scindèrent donc en Francs et Sarrasins.

Il faut dire que cette mutation ou plutôt ce réveil ne fut pas trop brutal. Le "choc culturel" n'en était pas vraiment un car chacun d'entre nous soupçonnait déjà, quoique de manière imprécise, les différences raciales mais non ethniques de l'autre. Nuance non négligeable qui évitait une exclusion réciproque en conservant intacte notre alter-égalité dans cette dimension universelle qu'est le monde de l'enfance. Rassurés par la certitude d'une origine qui expliquait les différences pressenties, chacun d'entre nous commençait à accepter sa "Marocanité" ou sa "Francité" non pas en tant que fatalité ni en tant que bénédiction, mais en tant qu'opportunité de pouvoir accéder à un répertoire culturel doublement enrichi et surtout préservé, le temps nécessaire à l'assimilation de cette "biculture", des préjugés viciés du monde adulte. De cette époque, qu'il nous plaisait à appeler tendrement la "Gaule Ottomane", nous avons gardé une lueur dans le regard, une attitude dans le comportement et une ouverture dans l'esprit, stigmates d'une ubiquité à percevoir doublement les choses, résumant ainsi une dualité assimilée dans laquelle on évoluait avec aisance et qui, tantôt attirait tantôt rendait mal à l'aise les "unicultivés".

Ce n'est que beaucoup de poils pubiens et de leçons de vie plus tard que je mesurais toute la portée dramatique de l'expression "choc culturel" lorsque assis sur un rocher du détroit je contemplais les côtes espagnoles en même temps qu'un jeune homme assis à quelques mètres de moi, et dont le regard scrutateur d'un "harrag" (1) potentiel me rappelait celui des gerfauts chantés par José Maria De Hérédia dans son ode aux conquérants. Il émanait de ses pensées perdues une aura de désespoir obnubilant sa vision uniculturellement restreinte au point de faire miroiter les sombres reliefs ibériques, contreforts de ses "châteaux en Espagne", comme une destination salutaire, rêve chimérique d'un Eldorado retrouvé. Il était loin de se douter qu'il rêvait d'une Gaule, certainement pas Ottomane, cloîtrée dans une "uniculture" parallèle et qui par peur de se voir ottomanisée avait troqué le marteau de Charles Martel contre les patrouilleurs de la guardia civil qui sillonnaient les eaux froides du détroit, funeste destination de ces conquistadores des temps modernes.

(1) "harrag" Nom populaire donné à un candidat à l'émigration clandestine. Traduit littéralement ce mot signifie "brûleur"


© Khalid Benslimane