MA ROQUINERIE

"laissez l'onde aller légère aux sources du souvenir...c'est là que se trouve le meilleur à venir" kb

mercredi, octobre 26, 2005

Ayten Mutlu















le monde actuel, fondé de plus en plus sur l’immédiateté de l’action, ne laisse malheureusement pas beaucoup de place à la poésie qui, si encore présente dans les rares manifestations culturelles du pays, ne s'y retrouve en fait que pour satisfaire le plus souvent un désir mondain de faire "intello dans le vent".
Depuis un moment déja je tenais à vous présenter une poésie encore méconnue chez nous.
Une poésie portée par la voix chaude et le regard "cru" d'Ayten Mutlu, poétesse Turque, que l'écrivain Turque et aussi mon ami,Mustapha balel, m'a fait découvrir pour mon plus grand plaisir....je vous laisse en juger...



PARTIR
(ayten Mutlu)

-1-
l’homme peut comprendre un jour
qu’il est un arbre qui se vieillit tout seul
et peut écrire la tristesse donc
aux blessures causées par le vent dans son corps

à ta grande surprise en automne
tu apprends
ne pas croire aux couleurs des feuilles
est cet horrible mensonge du temps,
cet horrible mensonge de la passion,
de l’ambition,
des moments, des souvenirs,
de ceux que tu as vécu ou non
à une course aveugle comme un fleuve furibond

aux montagnes, aux chambres, aux consolations
dans les diminutions que tu crois augmenter
aux étoiles qui dévorent la lumière du cœur
aux cris sans échos sur le dernier rire
d’une feuille tombée
tu apprends en demeurant interdit
l’immense mystère du temps et de la vie

-II-
le ciel ne raconte l’infinité qu’à la pluie
or une fois atteinte à la terre la goutte oublie
que la pluie est un pays triste

comme s’il n’existe qu’un seul automne : oublier
et un mensonge plus vrai que la vie

que raconte-t-il à la terre le bruit de la pluie
une chanson, une poésie, une histoire d’automne
si tu étais un vieil arbre, un arbre tout nu
qu’est-ce que tu raconterais au vent
qui souffle sans cesse dans ton cœur ?

«laisse-moi tranquille, en moi
il n’existe plus aucun printemps
à part de l’automne »

c’est de partir peut-être, l’amour, partir simplement
enroulant une tristesse oisive à tes blessures
laissant doucement tes racines dans la terre
comme un arbre renversé par le vent

Traduit par : Mustafa BALEL










L’AMPHORE
(Ayten Mutlu)

tu as demandé le nom du temps
un cadavre d’océan gît dans ta voix
le temps et moi,
nous nous ressemblons tant que, ai-je dit
nous transportons des pierres froides sans cesse
à un fleuve qui traîne la vie

commence, ai-je dit à mes yeux
d’une voix d’un voyageur qui a oublié son nom,
commence, à l’alphabet de cet ancien voyage-là
car il faut un voyageur pour chaque récit
il y aurait quelqu’un qui lit aussi les larmes
dans le coeur brisé d’une amphore

Traduit par : Mustafa BALEL





Mustaphe Balel en dit:

Née à Bandirma (Turquie), en1952 ; diplômé de la Faculté de Management de l’Université d’Istanbul (1975), elle commence des études d’ingénieur en construction avant de les abandonner en troisième année. Tres jeune, elle a commencé à publier des poésies et des récits courts, d’abord dans les journaux locaux, ensuite dans les revues littéraires les plus prestigieuses du pays : Varlık, Hürriyet Gösteri etc. Des extraits de ses recueils ont été publiés dans les pays européens (France, Suède, Allemagne, Espagne, Russie etc.) dans les anthologies, ou des revues littéraires.

Dans la poésie d’ Ayten Mutlu, Lauréate de Prix Ibrahim Yildizoglu (1999) et prix de poésie de la Rencontre International des Poétes de Yalova (2001), maîtresse en poésie condensée en image, il se dégage une atmosphère lyrique qui reflète une lutte en soi-même, ainsi qu’il se dévoile un monde où l’horreur et la beauté s’entremellent presque de façon harmonieuse.


Ses recueils de poésies :

« Dayan Ey Sevdam » (Résiste, Mon Amour), 1984
« Vaktolur » (Ce Jour Viendra), 1986
« Seni Özledim » (Tu me manques), 1990
« Kül İzi » (Trace de Cendre), 1993
« Denize Doğru » (Vers la Mer) 1994
« Çocuk ve Akşam » (l’Enfant et le Soir), 1999
« Taş Ayna » (Miroir en Pierre), 2002





kb...pour que vive le beau

9 commentaires:

  • À 4:33 AM , Anonymous Anonyme a dit...

    Bonjour Khalid,

    On ne peut rester insensible à ces poèsies oh combien émouvantes

     
  • À 5:31 AM , Anonymous Anonyme a dit...

    Bonjour KB,


    Merci de nous faire découvrir une telle poèsie. Tant d'émotions et de vérités se dégagent de ces deux poèmes où se cotoient deux mondes. L'homme est à l'image de cet arbre qui avec ses blessures connaît aussi l'automne.

    Lynn
    Ps:je reviens plus tard

     
  • À 2:36 PM , Anonymous Anonyme a dit...

    Cher ami

    "...l'immédiateté du moment..."? Tu ne croyais pas si bien dire. Au moment même où j'étais en train de me connecter sur ton blog, ma secretaire me rappela à l'ordre : Hind F. vous a appelé plusieurs fois, et elle vous demande de la rappeler. Hind F, n'est ni ma fille, ni, hélas, ma copine. C'est ma banquière qui s'inquiete pour ma trésorerie en voyant mon compte rougir comme une tomate m'ramdna. Deux minutes après, c'est mon comptable qui se pointe avec un tas de trucs que je signe sans même regarder. Et il y a 5 minutes, c'est douce mais, néanmoins si exigeante moitié qui téléphone pour me rappeler de ramener la chebakia,les dattes, le pain panini et le jben, et surtout que je ne devais pas oublier d'acheter le ( super) cadeau pour sa nièce qui doit accoucher d'une minute à l'autre... et la poésie dans tout ça ? Franchement, kb, est ce que c'est le moment de poétiser ?
    ML...pouet-pouet

     
  • À 4:00 PM , Anonymous Anonyme a dit...

    Je ne suis pas vieux

    Ayoub..

     
  • À 4:30 PM , Anonymous Anonyme a dit...

    سلام
    تركيا البعيدة
    والقريبة جدا
    الجمال يجب أن يدوم
    شكرا

     
  • À 8:48 PM , Anonymous Anonyme a dit...

    Pour que vive le beau comme tu dis, Kb, c'est pour cette raison que je relis ton meilleur cru :

    j'ai vu naitre le monde
    dans le regard d'un enfant
    sous un ciel étoilé
    en petites larmes de joie
    j'ai vu naitre la mer
    dans les yeux du soleil
    qui caressait les vagues
    de ses cils dorés
    j'ai vu naitre les hommes
    dans des cris de douleurs
    qui me font toujours peur
    comme la vie enjôlée
    mais je n'ai jamais vu Dieu
    je ne pourrai le faire
    qu'une fois dans les cieux
    quand je n'aurai plus d'yeux


    Choukran Jazilin...

     
  • À 11:15 PM , Blogger Loula la nomade a dit...

    KB,

    Ce poème m'a fait penser à Yasar Kemal (qui ressemblait à mon pater) cela m'a fait penser à Mehmet le mince. Merci.

    PS. Question pur question:-) What is it with the adds?

     
  • À 6:24 AM , Anonymous Anonyme a dit...

    wow Khalid, je viens de découvrir ces poèmes !
    je découvre....

     
  • À 9:03 PM , Anonymous Anonyme a dit...

    Cher KB,
    Tu es en train d'avoir un nouvel adepte:amateur de belle prose,j'apprends petit à petit à apprécier la poésie.Auparavant,je pensais qu'un certain artificialisme enrobait forcément tout poème...Je me rends compte que tes morceaux choisis transportent un goût et une odeur,et qu'un petit effort permet de les déguster et d'en inhaler les bonnes émanations.
    Artiste s'avère l'homme,créateur d'histoire et de beau,éternel angoissé qui plane ,plane pour oublier.
    Fadi,new student.

     

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